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25 avril 2024

« Les colons » de ARTE : des “braves gens”, vraiment… ?


« Les colons » de ARTE : des “braves gens”, vraiment… ?

colons_armeARTE a présenté hier mardi un documentaire en deux volet intitulé « Les colons« .

On peut les voir pendant quelques jours (voir ci-dessous) sur le web :

ICI pour le premier volet intitulé « La prophétie »

et

LÀ pour le second, intitulé « La rédemption »

Il est par ailleurs plus qu’utile de se reporter au commentaire de ce documentaire, signé par Françoise Feugas, que propose le magazine en ligne “Orient XXI”, dont l’excellent Alain Gresh dirige la rédaction :

— Êtes-vous un colon  ?
— Colon  ? Habitant…
— Quelle est la différence  ?
— C’est une question de sémantique, uniquement.
— Quelle est la différence sémantique entre les deux  ?
— Un colon, c’est quelqu’un qui s’installe sur une terre qui ne lui appartient pas. Un habitant, lui, revient s’installer sur la terre de ses ancêtres.
— Alors, comment vous considérez-vous  ?
— Vous avez raison… Un instant… On peut recommencer  ?

 

On ne recommencera pas, cette fois-ci, toutefois une chose est sûre : la petite « différence sémantique » a de grandes conséquences sur la vie des Palestiniens et la possibilité d’un État palestinien. Car la condition de sa continuité territoriale est rendue totalement irréalisable, tant le territoire occupé de la Cisjordanie (et de Jérusalem-Est) est noyauté par les « implantations », lacéré en tous sens par les murs et les itinéraires de contournement, spolié de ses terres les plus fertiles et de son eau.

Mais Shimon Dotan n’a pas choisi cet angle. Il a privilégié l’exploration en profondeur des motivations des individus : « radicaux, idéalistes, fanatiques messianiques, vrais croyants et opportunistes, tous vivant sur les lignes de faille d’un conflit ancestral », précise la présentation de la chaîne franco-allemande Arte.

L’ensemble de ces portraits, souvent en plans fixes, permettent en effet d’apprécier le discours de leur détermination irrationnelle — la prophétie biblique, la vision messianique, le « grand Israël » du Nil jusqu’à l’Euphrate* — et/ou résolument conquérante et raciste. Ils alternent avec le récit de l’établissement des colonies par les « pionniers » depuis 1967, illustré par des documents d’archives et commenté par différents témoins et chercheurs.

Si la politique d’apartheid est clairement exposée, avec ses routes réservées aux colons, le(s) mur(s) et la spoliation des terres palestiniennes, il n’en reste pas moins que le spectateur peu au fait risque d’en retirer l’impression que l’État d’Israël, impuissant, n’en finit pas de devoir gérer à son corps défendant une politique agressive du fait accompli. Comme si s’interroger sur les profils, les motivations, l’argumentaire et la vie des colons faisait disparaître la question centrale du fait colonial israélien, qui est à la fois une politique assumée et la première des violences. Celle qui tout à la fois légitime, autorise, finance (très généreusement) et justifie chacun des actes de ces « fous de Dieu », dont Shimon Dotan dit pourtant que « ce sont de braves gens qui font de mauvaises choses », dans un entretien au journal Haaretz. Néanmoins ne grinçons pas des dents, ne crachons pas dans la soupe : le récit historique comme les portraits de ces femmes et de ces hommes aux sourires angéliques valent tout de même bien deux fois 52 minutes de notre attention.


Selon le Bureau central des statistiques israélien, il y avait environ 400 000 colons en Cisjordanie en 2014. Pour l’ONG israélienne B’Tselem, ce chiffre est sous-estimé  ; il monterait à 531 000 personnes pour la même année. Par ailleurs, on compte quelque 200 000 colons à Jérusalem-Est.
Entre 1967 et 2012, 125 colonies ont été établies en Cisjordanie occupée. Et il existe une centaine d’«  avant-postes  » illégaux même pour Israël mais — là encore — soutenus par l’administration.

Le documentaire ne restera accessible sur le site de ARTE que pendant quelques jours.
Au-delà de ce délai, si vous désirez le visionner en vue de l’utiliser, par exemple, à des fins pédagogiques, nous pouvons vous aider. Prenez contact…

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