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29 mars 2024

« N’allez pas en Algérie… » ???


VIDÉO. Le réalisateur Benjamin Martinie a passé deux semaines en Algérie. Il en revient avec une vidéo-choc qui s’attaque aux nombreux clichés véhiculés sur ce pays.

Par | rejoignez-moi sur
Publié le | Le Point Afrique

Tolt est de retour ! Un an après l’énorme succès de sa vidéo Don’t Go to Iran (« N’allez pas en Iran »), qui démontait avec malice les préjugés véhiculés sur la République islamique, Benjamin Martinie, alias « Tolt », s’attaque à l’Algérie. « J’ai toujours été attiré par les destinations préservées [des touristes] où les gens sont spontanés », explique le jeune homme de 26 ans. Le principe est toujours le même. Le réalisateur français s’est rendu deux semaines dans le pays, à la rencontre de sa population et de ses sites les plus mémorables. Il en revient avec un clip pétri d’idées reçues : « L’Algérie n’a pas d’histoire », « Les Algériens n’aiment pas les Occidentaux » ou encore « L’Algérie est dangereuse ». Tous ces clichés sont alors soigneusement battus en brèche à l’aide d’images saisissantes.

Frappée de plein fouet par la décennie noire du terrorisme au cours des années 1990, l’Algérie peine toujours à attirer les touristes étrangers, qui plus est après la sanglante prise d’otages du site gazier d’In Amenas en 2013 ou l’assassinat du guide français Hervé Gourdel par un groupe se revendiquant de Daech, l’année suivante. « Forcément, je ressentais une certaine appréhension », confie Benjamin Martinie. « J’avais quelques a priori sur l’aspect sécuritaire ainsi que sur l’accueil réservé aux touristes étrangers. »

« On se croirait à Marseille »

Pourtant, ses craintes vont rapidement s’estomper. Après deux semaines d’attente et 90 euros versés au consulat pour obtenir le précieux visa, voilà le jeune Français débarquant dans les rues d’« Alger la blanche ». « La capitale est très occidentalisée, si ce n’est francisée, tant au niveau de l’architecture que de son vieux port », souligne Benjamin Martinie. « On pourrait presque se croire à Marseille ! » Mais le réalisateur est avant tout frappé par l’accueil que lui réservent les Algérois. « Les gens viennent spontanément vers toi, sans arrière-pensée ou autre amertume postcoloniale », pointe le Français. « On est loin de l’image du touriste – “billet sur pattes” – que tu peux ressentir dans d’autres pays du Maghreb. »

« Tolt » a d’ailleurs trouvé un nouveau slogan pour le pays : « Soyez le bienvenu en Algérie », qu’on lui répète à tous les coins de rue et qui pourrait, d’après lui, bientôt supplanter le traditionnel « One, two, three, viva l’Algérie », entonné par les Algériens lorsqu’évolue l’équipe nationale de football. D’Alger « la bien gardée », Benjamin Martinie gagne bientôt Oran « la radieuse », capitale mondiale du raï. « L’ambiance est totalement différente d’Alger », raconte le voyageur. « Tu vois des jeunes sur la corniche, posés dans l’herbe. ». La nuit tombée, le jeune Français n’échappe pas aux soirées oranaises. « C’est la fête ! J’y ai trouvé de l’alcool et tout ce que tu n’imagines pas dans un pays supposé conservateur. »

Image extraite du documentaire « N’allez pas en Algérie. » © DR

Malaise de la jeunesse

La gaieté et l’humour permanent des Algériens peinent pourtant à cacher une immense amertume, notamment chez la jeunesse, qui forme les deux tiers du pays. Riche en hydrocarbures, l’Algérie reste dirigée par une caste vieillissante issue de la guerre d’indépendance qui campe sur ses privilèges, et offre peu de débouchés, si ce n’est la débrouille, à ses jeunes désabusés. En l’interminable règne du président Abdelaziz Bouteflika, toujours au pouvoir malgré ses 80 ans et sa maladie. « Beaucoup de jeunes se plaignent de la situation, de l’absence d’emploi, et rêvent d’un avenir à l’étranger », confie Benjamin Martinie.

En conclusion de sa vidéo, le réalisateur français invite – ironiquement – à ne pas se rendre en Algérie, de peur d’« avoir envie d’y rester ». Un clip efficace qui pousse l’observateur occidental à « oser » s’aventurer dans ce merveilleux pays. Il n’a pourtant bénéficié d’aucune subvention de la part des autorités. « J’ai contacté l’office du tourisme algérien, qui m’a directement renvoyé vers une agence », explique le Français. « J’ai donc assez vite compris que je ne pourrais pas compter sur eux. Et pendant tout mon séjour, je n’ai perçu aucune volonté publique de développer le tourisme dans le pays. »

Après avoir passé quatre jours dans le Sahara algérien – et ses paysages grandioses – en compagnie de Touaregs, « Tolt » a visité les ruines romaines de la ville côtière de Tipaza. « On pouvait marcher sur des pierres datant de plusieurs milliers d’années », s’indigne le réalisateur. « Il était vraiment dommage de voir à quel point le site n’était pas protégé. L’Algérie possède un énorme potentiel touristique, mais il n’est pas du tout exploité. » Ayant financé lui-même ses deux voyages, Benjamin Martinie vient de créer son site Don’t Go to, et a déjà la tête tournée vers d’autres destinations surprenantes…

 

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