2017 AG Socfin-Bollore

Le 1er juin 2017, les actionnaires invité.e.s à l’Assemblée générale du groupe Bolloré ont été confronté·e·s aux conséquences sociales et environnementales des investissements du groupe. Notre comité d’accueil les attendait en effet avec des poissons pourris et d’autres symboles des rivières polluées, des terres accaparées et des violations des droits humains auxquelles font face les populations de plusieurs pays africains. Des militant·e·s détenteurs.rices d’actions du groupe ont également pu intervenir durant l’Assemblée générale pour interpeller Vincent Bolloré, qui a fait de nouvelles promesses.

Sans dialogue, pas de paix

Dès 8h du matin, notre comité d’accueil est en place devant la tour Bolloré. Les militant.e.s brandissent des cannes à pêche où pendent des poissons pourris, symboles des rivières polluées par les activités des multinationales. Les banderoles interpellent les actionnaires : « Vous pouvez exiger du groupe le respect des droits des communautés / Sans dialogue, pas de paix  / Le groupe Socfin piétine les droits  » peut-on lire parmi les messages.

« Vincent Bolloré ne respecte pas les promesses qu’il a faites, il investit tous azimuts puis réfute sa responsabilité vis-à-vis des populations impactées par ses investissements. Nous craignons que sa prise de contrôle de Canal+ et de différents médias en France ne contribue encore à étouffer les voix comme les nôtres qui contestent ses pratiques » explique Emmanuel Elong, leader du Syndicat des paysans riverains au Cameroun (Synaparcam), l’une des organisations qui organise l’événement(1).

Quelques heures plus tard, et cette fois-ci à l’intérieur de l’Assemblée générale, des actionnaires militant.e.s ont pu poser deux questions concernant les conflits fonciers avec la Socfin et la rupture du dialogue avec les communautés riveraines. Il a été demandé à Vincent Bolloré de s’expliquer sur le non-respect des engagements qu’il avait pris en 2013 et en 2014 (Voir notre Appel Urgent : Cameroun : Bolloré, sponsor de la COP 21 et d’atteintes aux droits humains).

Le nouvel engagement doit être tenu

Le patron du groupe s’est personnellement engagé auprès d’une représentante de la coalition d’organisations à œuvrer pour le rétablissement de ce dialogue entre la Socfin et les représentant·e·s des riverain·e·s des plantations.

Le groupe Bolloré est en effet actionnaire à 38,75% de la Socfin, une holding luxembourgeoise spécialisée dans les plantations de palmiers à huile et d’hévéas dont les surfaces ne cessent de s’étendre en Afrique(2), souvent au détriment des populations locales. Rivières polluées au Cameroun mettant en danger la santé des populations, enfants privé·e·s d’école au Liberia, défenseurs·ses des droits emprisonné·e·s en Sierra Leone… les griefs des populations, relayés par les ONG, sont nombreux.

Confrontées aux directions locales de la Socfin qui refusent la plupart du temps de reconnaître leurs associations, les populations ont fondé une « Alliance internationale des riverain·e·s des plantations Socfin/Bolloré » avec l’appui de l’ONG ReAct. Leur revendication : que Bolloré assume ses responsabilités et amène la Socfin à accepter le dialogue en vue de :

  • rétrocéder aux villageois·es les terres qu’ils.elles considèrent comme leur espace vital,
  • respecter leur droit à des compensations en matière d’accès à la santé, à l’eau ou à l’électricité.

En 2013-2014, Vincent Bolloré avait ouvert la porte du dialogue, avant de la refermer brutalement en se justifiant par son statut « d’actionnaire minoritaire non gestionnaire » de la Socfin. Dans une lettre envoyée à l’Alliance des riverains, Vincent Bolloré explique que la Socfin « est une société responsable », que ses dirigeant·e·s « ont toute sa confiance ». Réponse des riverain·e·s : « vous arguez d’une totale confiance en la Socfin sur la seule base des informations qu’elle vous transmet. Mais vous ne pouvez pas encaisser les dividendes de la Socfin et nier votre propre responsabilité dans la souffrance endurée aujourd’hui par des milliers de personnes impactées par les plantations industrielles ».

En savoir plus :

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(1) L’événement a été organisé par des associations de ressortissant·e·s du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Libéria et du Congo et une coalition d’organisations françaises et internationales parmi lesquelles ActionAid France, ATTAC, le ReAct, GRAIN, la Confédération Paysanne, Survie.

(2) Entre 2009 et 2015, le surface plantées des sociétés africaines de la Socfin en RDC, au Liberia, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sierra Leone et au Nigeria sont passées de 129 658 ha à 185 324 ha, soit plus de 40% d’augmentation.