Libye
Sans la Révolution d’El Fateh,
pas d’État des masses !
Révolution du 1er Septembre 1969 : les membres du CCR
(Conseil du Commandement de la Révolution)
Il y a 48 ans, le peuple libyen était, non pas sous le choc d’un Coup d’État militaire réactionnaire mais dans l’allégresse d’une Révolution qui venait d’avoir lieu. C’étaient des fils du pays, dont aucun n’avait dépassé l’âge de 30 ans, qui l’avait effectuée sans bruit et sans effusion de sang.
Même si, pendant des années, les jeunes lycéens qu’ils avaient été, avant d’être des révolutionnaires accomplis, avaient développé leur pensée politique à partir de lectures interdites au lycée de Sebha, de débats entre camarades, d’écoutes de la radio du Caire “La Voix des Arabes” qui leur parvenait, comme un vent de liberté, de l’Égypte voisine où avait eu lieu une Révolution ayant mis fin à la monarchie égyptienne et conduit à la promulgation de la République dont Gamal Abdel Nasser était devenu le Président, il n’y avait pas plus pour eux, que pour qui que ce soit, de mode d’emploi, ni pour préparer une Révolution et la mener à bien sans faire couler le sang, ni pour faire une contre-révolution. (Les contre-révolutionnaires de 2011 l’ont appris à leurs dépens et surtout aux dépens de toute la population, en 2011, eux qui ont dorénavant des torrents de sang sur les mains et qui ne sont déjà plus considérés, dans l’histoire de la Libye, que comme des marionnettes, victimes de leur affairisme de petits-moyens bourgeois, et manipulées par de piètres tireurs de ficelle qui n’ont fait, à la tête des anciens États colonisateurs de la Libye – France, Grande-Bretagne, États-Unis – que trois petits tours et puis s’en sont allés piteusement, chassés par les peuples ; seul celui des États-Unis a pris soin de ne surtout pas se représenter)…
Pour la plupart d’entre eux, enfants nés de parents pauvres, les révolutionnaires d’El Fateh n’avaient pas bénéficié du B A BA de l’éducation politique que tout jeune homme, issu de l’aristocratie ou de la bourgeoisie, peut recevoir dans sa famille et dans le cercle des connaissances plus étendues. Il leur a fallu, à Muammar Gaddhafi comme à la plupart des autres membres du CCR (Conseil du Commandement de la Révolution) et de la centaine de civils et de militaires qui avaient participé au renversement de la monarchie du roi fantoche Idriss 1er et qui s’apprêtaient à travailler au développement politique, économique et social du pays, tout découvrir de la politique et de l’économie sur le terrain.
La Révolution du 1er Septembre 1969 n’est pas que la date d’un événement particulier sur le calendrier musulman : c’est le début d’une Révolution en marche… Et si, 42 ans plus tard, il y a eu contre-révolution – déclenchée par des combattants d’Al-Qaïda revenus de guerres menées dans des pays musulmans : mercenaires se vendant au plus offrant parmi les États capitalistes-impérialistes-colonialistes, auxquels se sont joints des nostalgiques d’une monarchie que la plupart d’entre eux n’avait pas connue, et des petits et moyens bourgeois en mal d’affairisme – contre-révolution doublée d’une guerre coloniale lancée par le criminel Sarkozy, président de la monarchie élective française, par le criminel et sioniste Cameron, Premier ministre de la monarchie constitutionnelle britannique, et par le criminel Obama, président états-unien, métis trahissant sans vergogne le pays de certains de ses ancêtres, il faut espérer que les années sanglantes pour le peuple libyen cesseront avec un retour de la démocratie directe telle que Muammar Gaddhafi et ses amis de 1969 l’avaient initiée… dès le premier jour de la Révolution.
Sans la Révolution du 1er Septembre 1969, il n’y aurait pas eu d’État des masses le 2 mars 1977.
Le 1er Septembre fut l’aboutissement d’un long travail de lecture, de réflexion, d’échanges, d’analyse de l’évolution et de la situation du pays, et le début de quelque chose d’autre puisque la Révolution faisait passer le pays d’une monarchie, avec un roi fantoche téléguidé notamment par la monarchie britannique, à une République libre.
D’ailleurs, la Proclamation constitutionnelle du 2 Shawwal 1389 H (11 décembre 1969 G), rédigée par le CCR (Conseil du Commandement de la Révolution), publiée le 14 décembre, le précisait dès son Préambule :
« Le Conseil de Commandement de la Révolution,
Au nom du peuple arabe en Libye, qui est déterminé à retrouver la liberté, à jouir des bienfaits de son sol, à vivre dans une société au sein de laquelle la prospérité et le bien-être sont les droits inaliénables de chaque citoyen loyal ; […] ;
Au nom du peuple libyen, qui croit fermement que la paix ne peut exister que conçue dans la justice ; qui est pleinement conscient de l’importance du renforcement des liens avec tous les peuples du monde engagés dans la lutte contre l’impérialisme ; […] ;
Au nom de la volonté populaire exprimée le 1er septembre 1969 par les Forces armées qui ont renversé le régime monarchique et proclamé la République Arabe Libyenne ;
Et en vue de protéger et de soutenir la révolution dans son effort déterminé pour réaliser ses objectifs de liberté, de socialisme et d’unité ;
Promulgue la présente Proclamation constitutionnelle pour servir de base de gouvernement durant la phase d’achèvement de la révolution nationale et démocratique, jusqu’à ce qu’une Constitution permanente incorporant les réalisations et définissant le cours futur de la Révolution soit rédigée. »
[Cité par Françoise Petitdemange, dans La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), Éditions Paroles Vives 2014, pages 40-41. Note de l’Auteuse : Les phrases en caractères gras et les points de suspension entre crochets sont de mon fait.]
Voilà qui pourrait mettre fin aux ignorances, clamées, durant toute l’année 2011 et au-delà, par tous les intervenants dans les médias mainstream, des journaleux aux universitaires, perroquets répétant à satiété le discours officiel de leurs pays aux abois : “La Libye n’a pas de Constitution” !… sans s’être penchés le moins du monde sur les textes libyens. Donc, sans doute, puisque la Libye n’avait pas de Constitution, cela donnait le droit de massacrer son peuple et d’assassiner le Guide révolutionnaire Muammar Gaddhafi et tant d’autres qui avaient œuvré au développement du pays…
Bâtiment de l’Assemblée du Peuple, Syrte,
construit sur le modèle des tentes bédouines blanches
Le 2 mars 1977 fut l’aboutissement de la RAL (République Arabe Libyenne) (septembre 1969-novembre 1976) et de la RALPS (République Arabe Libyenne Populaire Socialiste) (novembre 1976-mars 1977). La mise en place progressive de superstructures, avec des institutions politiques en phase avec l’alphabétisation du peuple libyen, conduisait au début de quelque chose qui prenait pour nom, dans la Constitution du 2 mars 1977, la JALPS (Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste). Ainsi, le 2 mars, il revenait à Abdessalam Djalloud, secrétaire général du CGP (Congrès Général du Peuple) depuis janvier 1976, de lire la “Proclamation du Pouvoir du Peuple”, publiée ce jour :
« Au nom de Dieu,
Le peuple arabe libyen,
Réuni au sein du Congrès général regroupant les congrès populaires, les comités populaires, les syndicats, les unions et organisations professionnelles,
Le Congrès général du peuple,
[…]
Après avoir pris connaissance des recommandations des congrès populaires, de la proclamation constitutionnelle promulguée le 2 Chawal 1389 H (11 décembre 1969 C), des décisions et recommandations prises par le Congrès général du peuple lors de sa première session (du 4 au 17 Muharram 1396 H (du 5 au 18 janvier 1976 C), et de sa deuxième session du 21 Dhu l-Kaada au 2 Dhu l-Hijja H (du 13 au 24 novembre 1976 C), »
« Proclame son attachement à la liberté et sa détermination à la défendre, sur sa propre terre et partout dans le monde, en protégeant tous ceux qui, dans leur combat pour la liberté, se trouvent victimes de l’oppression,
Proclame son attachement au socialisme qui permet de réaliser la propriété du peuple,
Proclame son engagement à réaliser l’unité arabe intégrale, »
Création de la République Arabe Unie
« Confirme la marche inexorable de la Révolution (sous la direction du penseur révolutionnaire, guide et maître, le colonel Moammar Qaddhafi), vers l’instauration du pouvoir populaire et la réalisation d’une société dans laquelle le peuple, guide et souverain, sera seul détenteur du pouvoir, des ressources et des armes. Cette société de liberté doit éliminer définitivement tous les intermédiaires traditionnels du pouvoir, qu’il s’agisse d’un individu, d’une famille, d’une tribu, d’une secte, d’une classe, d’un élu, d’un parti ou d’un groupe de partis,
Proclame sa détermination à écraser énergiquement toute tentative faisant obstacle au pouvoir du peuple. »
« Article premier.
Le nom officiel de la Libye est : « Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste. »
« Art. 3.
« 2. Le pouvoir du peuple est exercé par les organes suivants : – les Congrès populaires ; – les Comités populaires ; – les syndicats professionnels [Professional Unions] ; – le Congrès général du peuple. ». »
« Article 10.
Les expressions « Conseil des ministres », « premier ministre » et « ministre » sont remplacées par « secrétariat général du Congrès général du peuple », « secrétaire général » et « secrétaire ».
[Idem, pages 106 à 110.]
À noter que la JALPS est devenue la GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste) après les bombardements de Benghazi, de Tripoli et de la caserne de Bab Al Azizia, par les Anglo-Saxons, dans la nuit du 14 au 15 avril 1986.
Sans la Révolution du 1er Septembre 1969 et l’État des masses du 2 mars 1977 en Libye, il n’y aurait pas eu la moindre ombre de création des États-Unis d’Afrique.
9 Septembre 1999 : « Déclaration de Syrte »
faire revivre l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine)
par la création de l’UA (Union Africaine)
La Jamahiriya, c’est l’État des masses ou gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple qui prend son destin en mains.
Que veulent imposer tous ceux qui manœuvrent contre le peuple de Libye, depuis 2011, dans et hors du pays ? Une Jumhuriya, c’est-à-dire une prétendue république appuyée sur un système parlementaire, dit représentatif, avec des partis. C’est-à-dire un système prétendument représentatif qui ne représente que les fortunes colossales de la grande bourgeoisie d’affaires et des multinationales, laquelle est sous la coupe de la finance internationale : ce que vomit l’élite populaire avisée des populations occidentales.
Suite : Quand les impérialismes se rebiffent…
Françoise Petitdemange
Vendredi 1er Septembre 1969