L’ancien président français a mauvaise presse en Afrique ces derniers jours. Alors que la poussière est loin de retomber après les fracassantes révélations de Mediapart, «les preuves d’un montage» de la détention de Laurent Gbagbo, une sombre affaire sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la société civile africaine est vent debout contre ce dernier.
«Le Balai Citoyen» du Burkina Faso, «Y’en a marre» du Sénégal et «Le Peuple n’en veut plus» de la Guinée… Une quinzaine de mouvements d’activistes et d’associations de la société civile africaine ont déposé, samedi 7 octobre, une plainte à la Cour pénale internationale contre l’ancien président de la République française (2007- 2012).
Le regroupement d’associations accuse le candidat malheureux de la toute dernière primaire à droite d’avoir provoqué l’intervention en Libye qui a débouché sur la mort du colonel Mouammar Kadhafi en 2011. Les activistes africains qui se sont réunis à Bamako ce weekend ont par ailleurs formé un Front panafricain de la société civile (Fispa) pour «défendre l’Afrique, la démocratie, la dignité et les droits de l’homme».
Et si la CPI ne réagit pas…
Cette plainte contre l’ancien Chef de l’Etat français constitue la première action concrète du Fispa dont le parrain n’est autre que l’auteur-compositeur-interprète ivoirien, Tiken Jah Fakoly.
«Nous portons cette plainte contre Nicolas Sarkozy pour l’assassinat de Kadhafi parce que cela a des conséquences dramatiques et néfastes sur le continent africain, et sur les populations africaines. Voilà pourquoi nous adhérons à ce combat», explique auprès de RFI l’activiste guinéen Elie Kamano, membre du Fispa
Si pour le parrain de ce mouvement panafricain la plainte contre Sarkozy devait être déposée plus tôt, rien n’est encore tard pour que ce dernier soit jugé par la CPI. Et le chanteur de reggae ivoirien de prévenir : «Si la CPI ne réagit pas, cela voudrait dire que la CPI choisit ses clients».
Il faut dire que la mort de Khadafi continue toujours de susciter une vive indignation chez de nombreux Africains qui s’offusquent également de la situation qui prévaut en Libye, six ans après l’assassinat du «guide libyen». Alors que la crise politique est loin de connaître une issue, le secteur pétrolier, colonne vertébrale de l’économie libyenne, vit une situation difficile. A côté de la chute des cours du baril de l’or noir sur le marché mondial, les attaques des miliciens contre les unités de production du pétrole se multiplient dans le pays. Résultat : les caisses de l’Etat se vident et le déficit budgétaire a atteint 4 milliards de dollars à l’issue des neuf premiers mois de l’année en cours.