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28 mars 2024

Qui est Moushira Khattab, la candidate de l’Afrique à l’Unesco?


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Qui est Moushira Khattab, la candidate de l’Afrique à l’Unesco?

Par Falila Gbadamassi@GeopolisAfrique |

Publié le 09/10/2017

L'Egytienne Moushira Khattab candidate l'Afrique à l'Unesco
L’Egytienne Moushira Khattab, candidate de l’Afrique à l’Unesco, lors de son audition le 26 avril 2017, à Paris, au siège de l’organisation.  © UNESCO/Christelle ALIX

La procédure de vote pour désigner le nouveau directeur général de l’Unesco débute ce 9 octobre 2017. L’Egyptienne Moushira Khattab, adoubée par l’Union africaine, est l’un des sept candidats à la succession de la Bulgare Irina Bukova. Représentante à la fois du monde arabe, qui attend depuis longtemps son tour, et du continent africain, l’ancienne ministre et diplomate est bien positionnée.

«Mon travail sur le terrain m’a permis de savoir ce que les gens veulent, ce qu’ils attendent des Nations Unies», confiait l’Egyptienne Moushira Mahmoud Khattab, candidate au poste de directrice générale de l’Unesco, lors d’un entretien au Pakistan en février 2017.

A la tête de cette organisation qu’elle considère être la plus importante du système onusien, compte tenu des crises que traverse le monde actuellement, la candidante du continent africain pense pouvoir mettre en œuvre «aujourd’hui quelques idées sur la manière de combler l’écart entre ce qui est débattu à l’intérieur des Natons Unise et les résultats constatés sur le terrain».

La candidature de cette militante des droits de l’Homme, qui se définit comme une «femme de terrain et leader du développement», a été approuvée par l’Union africaine lors de son sommet à Kigali (Rwanda), le 16 juillet 2016, et confortée en juillet 2017 à Addis Abeba (Ethiopie).

Entretien de Moushira Khattab avec Omar Khalid Butt. Viidéo ajoutée le 13 février 2017. Ses ambitions pour l’Unesco sont explicitées à partir de 20′.

Candidate de l’Afrique… et du monde arabe
L’Egyptienne, née le 16 juillet 1944 au Caire, représente aussi le monde arabe. L’une des six régions électorales définies par l’Unesco n’a jamais vu aucun de ses représentants être porté à la tête de l’organisation. Les Etats arabes estiment par conséquent que leur heure est arrivée, d’autant qu’ils ont reçu des assurances dans ce sens.

Mais du côté des pays arabes, la concurrence est plus rude pour Moushira Khattab. C’est d’ailleurs la première fois qu’il y a un nombre aussi important de candidatures arabes. L’Egyptienne est l’une des trois prétendants, avec la diplomate Libanaise Vera El Khoury Lacœuilhe et l’ancien ministre qatari de la Culture Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari, issus de cette zone culturelle.

Les quatre autres personnalités en lice – ils ne sont plus que sept désormais après deux retraits, dont celui de l’Irakien Saleh al-Hasnawi qui s’est désisté en faveur de l’Egypte – sont l’ancienne ministre française de la Culture Audrey Azoulay, l’artiste et homme politique azerbaïdjanais Polad Bülbüloglu, le diplomate et enseignant vietnamien Pham Sanh Chau, et le Chinois Qian Tang, sous-directeur général pour l’éducation à l’Unesco depuis 2010. C’est l’un des candidats les plus sérieux face à Moushira Khattab.

Mais pas assez pour décourager son compatriote, l’ancien ministre des Antiquités égyptiennes Zahi Hawass, auteur d’une tribune, intitulée Pourquoi l’Egypte devrait diriger l’Unesco publiée le 6 octobre 2017 sur Ahram online. Moushira Khattab est «exceptionnelle et extrêmement qualifiée pour ce poste», écrit-il.

«Elle assumera ses fonctions de façon honnête et professionnelle et elle est la personne adéquate pour mener l’organisation en ces temps difficiles», poursuit-il, avant de faire valoir, lui aussi, l’argument massue: «Mais Khattab n’est pas juste une candidat arabe. Elle représente l’Afrique aussi.» Si ce n’est pas la première fois que l’Egypte tente l’aventure de l’Unesco, c’est bien la première fois qu’elle a autant de chance de transformer l’essai.

Des militants des droits de l’Homme, comme l’avocat Gamal Eid, estiment que sa candidature est un moyen pour l’Egypte de réhabiliter «sa sombre image». Pour l’activiste à la tête de l’Arabic Network for Human Rights Information, qui s’est confié à Associated Press, l’Egypte n’est rien d’autre qu’un «Etat policier» dont Moushira Khattab est «parfois complice» de la politique de répression.

Moushira Khattab 19 juillet 2016 au Caire Egypte
Moushira Khattab le 19 juillet 2016, au Caire (Egypte) © MOUSTAFA ELSHEMY / ANADOLU AGENCY

«Une Unesco au contact»
«En tant que fille de l’antique civilisation égyptienne et candidate de l’Afrique, peut-on lire dans sa courte biographie, Moushira Khattab croit fermement que la priorité donnée aux femmes, aux jeunes et aux enfants comme moteurs du changement est la clé d’une mise en œuvre réussie du mandat de l’Unesco

A la tête d’«une Unesco au contact, les pieds solidement enracinés dans le sol», elle compte également faire du continent une priorité. «J’honorerai pleinement le mandat intégrant l’Afrique et l’égalité des genres, en plus de l’autonomisation des jeunes, dans tous les programmes, tout en privilégiant les interventions les plus efficaces dans tous les secteurs, indique-t-elle dans sa profession de foi. L’Afrique est une priorité globale qui demande davantage d’attention. La coopération et la coordination avec l’Union africaine dans le cadre de l’Agenda 2063 jouent à cet égard un rôle déterminant».

Moushira Khattab lors son audition à l'Unesco à Paris 26 avril 2017
Moushira Khattab lors de son audition à l’Unesco, à Paris, le 26 avril 2017 © UNESCO/Christelle ALIX

Activiste, diplomate et femme politique
En 1966, Moushira Khattab entre au ministère égyptien des Affaires étrangères où elle mène une longue carrière diplomatique. Laquelle s’achève en 1999 quand elle devient secrétaire générale du Conseil national pour l’enfance et la maternité. Elle occupera ce poste pendant dix ans, avant de devenir ministre d’Etat en charge de la famille et de la population (2009-2011).

Après son expérience gouvernementale, l’ancienne ministre met son expertise en matière de diplomatie et des questions liées à la famille, à l’enfant et à la femme au service de plusieurs organisations, notamment de la société civile.

Durant toutes ces années, Moushira Khattab se familiarise également avec le système des Nations Unies, où elle est notamment expert, rapporteur et vice-présidente du Comité des droits de l’enfant de 2002 à 2010.

En 2013, elle est classée 3e dans le top 5 des femmes activistes les plus influentes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Moushira Mahmoud Khattab est mariée et mère de deux enfants.

Moushira Khattab est, entre autres, titulaire d’un doctorat en droit international des droits de l’Homme obtenu à l’université du Caire et d’un master en science politique décroché aux Etats-Unis.

Celui ou celle qui succèdera à Irina Bukova à la tête de l’Unesco est désigné par le Conseil exécutif de l’roganisation par un vote à bulletin secret qui prévoit quatre tours si aucun candidat n’atteint la majorité absolue. Le cinquième et ultime tour intervient pour départager les deux candidats arrivés en tête au précédent vote. Le premier est prévu le 9 octobre 2017.

Le Conseil est composé de 58 pays membres où Moushira Khattab s’est rendue pour faire campagne. Outre le Qatar et l’Egypte, cinq autres pays arabes sont représentés dans cet organe (Soudan, Maroc, Algérie, Liban et Oman) et plus d’une dizaine de pays africains. Leurs votes, qui lui sont acquis, seront décisifs pour Moushira Khattab.

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