Un défenseur des droits de l’homme libyen, qui a perdu 13 membres de sa famille dont sa femme enceinte et deux fils, a intenté un procès contre l’Otan.
29 octobre 2017
«Mon père a dit à Sarkozy: je ne serai pas un traître» et sa maison en Libye a été rasée
Un défenseur des droits de l’homme libyen, qui a perdu 13 membres de sa famille dont sa femme enceinte et deux fils, a intenté un procès contre l’Otan. La nouvelle audition du procès sur les crimes commis par l’Otan contre le peuple libyen aura lieu le 30 novembre prochain.
L’Otan a plongé la Libye dans le chaos par ses bombardements et doit en répondre en justice, a déclaré à Sputnik Khaled El-Khweldi El-Hamedi, 43 ans, chef de l’Organisation internationale pour la paix, les soins et le secours (IOPCR), qui a perdu 13 membres de sa famille dont sa femme enceinte et ses deux fils, dans un bombardement de l’Otan.
«Nous comptons obtenir une assistance internationale dans notre procès. L’Otan a détruit notre pays», a indiqué M.El-Hamedi, fils d’un général proche de Mouammar Kadhafi.
Selon lui, un missile a frappé la maison où il vivait avec sa famille et ses parents deux semaines après un entretien entre son père Khweldi El-Hamedi et le Président français Nicolas Sarkozy.
«En mai 2011, mon père s’est entretenu par téléphone avec le bureau de M.Sarkozy. Il s’est vu proposer de fuir la Libye. On lui a dit qu’un avion était prêt à l’évacuer avec sa famille de Tunisie à Paris. Mon père a répondu à M.Sarkozy: « je n’ai pas été mercenaire, mais participant à la révolution [de 1969 qui a porté au pouvoir Mouammar Kadhafi, ndlr]. J’ai défendu mon pays contre les colonisateurs et je ne serai pas un traître ». On a d’abord bombardé le bureau de mon père à Tripoli et puis sa maison», raconte M.El-Hamedi.
D’après le défenseur des droits de l’homme, son père avait une grande influence dans la société libyenne et «pouvait réunir les tribus libyennes».
«Je suis persuadé que les agents de l’Otan opérant en Libye ont parlé de lui à Nicolas Sarkozy et à l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani et son sort a été scellé. La chaîne de télévision Al Jazeera a joué un grand rôle dans la campagne visant mon père en diffusant de fausses informations et des rumeurs», a déclaré M.El-Hamedi.
Malgré cette campagne, personne de la famille d’El-Hamedi n’a quitté le pays puisqu’on n’aurait jamais cru que la coalition dirigée par l’Otan pouvait bombarder des maisons pleines de femmes et d’enfants, d’après lui.
«Par l’attaque contre notre maison, la coalition a rapproché l’effondrement du pays et l’a plongé dans le chaos», a noté M.El-Hamedi.
Il a expliqué l’implication de la France dans l’opération militaire contre Mouammar Kadhafi par des intérêts économiques.
«La Libye a créé l’Union africaine qui a menacé les intérêts français en Afrique. En plus, M.Sarkozy devait éliminer les preuves attestant que sa campagne présidentielle avait été entièrement financée par la Libye. La France et le Qatar ont agi en collusion contre notre pays pour atteindre leurs objectifs», a affirmé le dirigeant de l’ONG.
M.El-Hamedi a qualifié l’opération libyenne d’illégitime et de contraire à la Charte des Nations unies, rappelant que la France avait attaqué la Libye sans attendre l’adoption par le Conseil de sécurité de l’Onu d’un plan d’action spécial et la mise en place d’une commission d’enquête consacrée à la Libye.
«Les hommes politiques ont pris leurs décisions sur la base de mensonges et de rumeurs diffusés par Al Jazeera», a-t-il estimé.
Khaled El-Khweldi El-Hamedi a déposé une plainte contre l’Otan en juillet 2011 en Belgique. Selon lui, la première audition s’est tenue en septembre 2012. Le tribunal a examiné la demande de lever l’immunité de l’Otan. La demande a été rejetée puisque le plaignant n’est pas un citoyen européen et ne peut donc pas intenter un procès en Belgique. La décision du tribunal a fait l’objet d’un appel en janvier 2013. Initialement prévue pour le 12 octobre 2017, l’audience d’un tribunal de cassation a été reportée au 30 novembre.