Esclavage en Libye : Macron annonce des évacuations d’urgence
30 novembre 2017
>|| 30 novembre 2017, 0h04 |12
La décision a été prise en marge du sommet Europe-Afrique d’Abidjan.
Des «opérations d’évacuation d’urgence » de migrants victimes des trafiquants d’êtres humains en Libye auront lieu «dans les prochains jours ou semaines », a annoncé mercredi soir le président français Emmanuel Macron d’Abidjan (Côte-d’Ivoire).
Deux semaines après la diffusion d’un reportage glaçant sur CNN sur des migrants vendus comme esclaves dans ce pays d’Afrique du Nord, la décision a été prise lors d’ «une réunion d’urgence avec l’UE, l’UA, l’ONU, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Tchad, le Niger, la Libye, le Maroc et le Congo »
«Il faut une action de protection immédiate et massive pour les populations en danger » en Libye, a plaidé le président français devant les quelque 80 chefs d’Etat et de gouvernement réunis au sommet Europe-Afrique d’Abidjan.
Cette réunion, en marge du sommet, portera sur « l’initiative » contre les passeurs proposée par le président français mardi à Ouagadougou. La chancelière Angela Merkel est présente.
« C’est une initiative pour lancer des actions militaires et policières sur le terrain pour démanteler ces réseaux », a-t-il expliqué dans une interview à France 24 et Radio France Internationale, ajoutant qu’« il ne s’agit pas de déclarer la guerre »
Le président français souhaite aussi, « dans le cadre de l’ONU, procéder à des sanctions individuelles, financières et de contrainte physique » contre les passeurs « et les juger », car ils sont aussi « liés à réseaux terroristes ».
« Nous avons dès fin août lancé une action en lien avec le Haut-commissariat (des Nations unies) aux réfugiés pour protéger et apporter l’asile à ces femmes et ces hommes qui y ont droit, en partenariat avec le Niger et le Tchad. Nous devons aller plus loin et accélérer le programme de rapatriement volontaire vers leur pays d’origine » pour ceux qui n’ont pas droit à l’asile, avec l’OIM (Office international des migrations), a ajouté le président Macron.
« J’entends ceux qui disent que l’Europe est responsable de cette situation. Mais en Libye, la traite d’êtres humains est faite contre des Africains par des Africains », a-t-il lancé devant ses homologues, les exhortant à agir plutôt que de se « renvoyer les responsabilités ».
De nombreux chefs d’Etat présents au sommet ont également appelé mercredi à intervenir pour mettre fin à cette situation, qui renforce leur volonté d’empêcher l’exode des jeunes Africains en aidant à créer des opportunités économiques pour la jeunesse.
La pauvreté et le chômage les « jettent par dizaine de milliers sur les routes qui les mènent vers la mort et l’esclavage. Je m’adresse à vous horrifié et hanté par les images des migrants africains vendus aux enchères sur le territoire libyen », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.
La Libye va accueillir un centre de transfert de réfugiés vers des pays tiers Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a, de son côté, annoncé mercredi la mise en place prochaine par les autorités libyenne à Tripoli d’un « centre de transit et de départ » des réfugiés les plus vulnérables vers des pays tiers. Cette initiative, soutenue par le gouvernement italien, facilitera le transfert de milliers de réfugiés vulnérables vers des pays tiers, affirme le HCR.Le principal objectif de ce centre est « d’accélérer le processus permettant d’obtenir des solutions dans des pays tiers, en particulier pour les enfants non accompagnés et les femmes vulnérables », a déclaré Roberto Mignone, représentant du HCR en Libye.