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10 octobre 2024

L’ancien président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, vient d’être tué


Yemen's former President Ali Abdullah Saleh pauses during an interview with Reuters in SanaaPar Adam Garrie, le 4 décembre 2017La nouvelle est tombée qu’au cours des intenses combats qui ont vu les combattants houthis reprendre certaines parties de la capitale yéménite Sana’a, l’ancien président Ali Abdullah Saleh a été tué.

Il y a quelques jours, Saleh avait rompu son alliance avec les combattants houthis, aussi connus sous le nom d’Ansar Allah, dans un accord apparemment négocié par les Émirats Arabes Unis (UAE, United Arab Emirates) et l’Arabie Saoudite.

En dépit de lourdes frappes aériennes menées par l’Arabie Saoudite et des affrontements entre partisans de Saleh et combattants houthis, ceux-ci ont soit pris le contrôle soit détruit la plupart des propriétés dans Sana’a appartenant à Saleh, à sa famille et à ses proches.

Des rapports indiquent que Saleh est mort lorsque l’une de ses résidences a été attaquée, tandis que d’autres sources soutiennent qu’il est mort alors qu’il tentait de prendre la fuite.

Les images ci-après semblent montrer Saleh étendu mort, peu de temps après avoir été tué.

pic.twitter.com/2RSbWuWhvK

— Ali Mourad (@alihmourad) December 4, 2017

pic.twitter.com/xK7NaGKtYH

— قناة الجزيرة (@AJArabic) December 4, 2017

L’Arabie Saoudite se préparerait à son plus grand bombardement de Sana’a pour venger la mort de son allié de quelques jours.

Ce qui suit est un extrait de l’article de TheDuran sur la défection de Saleh vers le camp saoudien pendant ce conflit yéménite:

1990 vit les états voisins de la République Arabe du Yémen (Nord-Yémen) et la République Démocratique Populaire du Yémen (Sud-Yémen) s’unifier pour devenir la République du Yémen, sous la Présidence du Nord-Yéménite Ali Abdullah Saleh.

L’état unifié, qui était instable dès le départ, fut déchiré en 1994 par le premier des nombreux conflits civils du Yémen post-1990. Au cours de cette guerre, le natif du Sud, Abdrabbuh Mansur Hadi, a pris parti non pour les rebelles du Sud mais pour le gouvernement de Saleh à Sana’a. L’Arabie Saoudite s’opposa notablement aux États-Unis en choisissant de soutenir les rebelles gauchistes du Sud.

En fin de compte, les forces du Sud furent défaites et le Yémen retrouva son intégrité. Hadi, qui s’était élevé au poste de Ministre de la Défense pendant le conflit, fur récompensé de sa loyauté par sa nomination comme Vice-Président du Yémen.

Toutefois, la stabilité au Yémen était encore hasardeuse à cause des intérêts conflictuels des diverses factions et individus. En 1994 naquit un nouveau groupe d’opposition, qui se ralliait derrière son chef Hussein Badreddin al-Houthi. Après la mort de Hussein en 2004, la direction du groupe échut à Abdul-Malik Badreddin al-Houthi. Le mouvement houthi, officiellement connu sous le nom d’Ansar Allah (les Partisans de Dieu), a continué à formuler des exigences au gouvernement central pour une redistribution plus équitable des richesses, moins de corruption et une représentation plus démocratique pour les adeptes du Zaïdisme, courant chiite de l’Islam. Les Chiites zaïdistes composent à peu près 40% de la population du Yémen, la majorité du reste des Yéménites étant sunnites. La population chrétienne du pays est comparativement négligeable.

Dans le même temps, après 2007, un groupe s’est formé au Sud-Yémen dénommé « Mouvement du Sud ». Ce groupe milite pour la refondation du Sud-Yémen et se compose d’un mélange de socialistes pan-arabistes, de marxistes-léninistes purs et durs désireux de restaurer le modèle soviétique de leur ancien état, ainsi que de quelques éléments takfiris/salafistes. Le mouvement, bien que disposant d’une certaine influence, est en ce sens loin d’être un ensemble politique/idéologique cohérent.

En 2011, d’énormes manifestations eurent lieu contre le Président Saleh. Comme le Yémen est le pays le plus pauvre du monde arabe, un éventail diversifié de forces s’est mobilisé contre Saleh l’accusant d’avoir étouffé l’économie du pays, ainsi que d’être corrompu et incompétent. Parmi les groupes participant à ces manifestations se trouvaient le mouvement des Houthis et le Mouvement du Sud. Parmi les autres groupes présents figuraient des terroristes d’al-Qaeda. L’EI a formé des cellules au Yémen au cours des années qui ont suivi. En définitive, les Houthis ne prirent pas part à l’accord final négocié par le Conseil de Coopération du Golfe (GCC, Gulf Cooperation Council).

En 2012, Saleh quitta le pouvoir et fut remplacé par le Vice-Président Hadi, dont le mandat fut ultérieurement prolongé par un accord négocié par le GCC.

Bien que les Houthis aient tièdement soutenu les changements survenus en 2011, les réformes qui suivirent ne furent pas à la hauteur de leurs attentes. Les Houthis  rejetaient tout particulièrement une tentative de création de nouvelles unités fédérales à l’intérieur du pays.

Par conséquent en 2015, les Houthis prirent d’assaut le palais présidentiel, contraignant Hadi à la fuite. Depuis lors Saleh, contre qui les Houthis avaient naguère manifesté, est devenu un partisan de la rébellion houthie. Saleh, initialement, était d’une très grande importance pour les Houthis. En tant que Président de la République du Yémen (réunifiée) ayant occupé ce poste le plus longtemps, il apportait instantanément de la crédibilité à un mouvement autrement très localisé. En tant que Président longtemps en exercice ayant eu des conversations avec des dirigeants tels que Bill Clinton ou Vladimir Poutine, Saleh était en somme nécessaire aux Houthis pour qu’ils soient pris au sérieux au niveau international, et pas seulement parce que le Yémen est souvent le « pays ignoré » d’un monde arabe attentivement observé depuis des décennies par les grandes puissances internationales.

Ainsi, Hadi s’échappa vers l’ancienne capitale du Sud à Aden, où il fit alliance avec une combinaison de gauchistes du Mouvement du Sud, de groupes takfiris et, surtout, avec la coalition du GCC emmenée par l’Arabie Saoudite et par les UAE (le Qatar quitta la coalition en 2017, et fait depuis la critique de l’Arabie Saoudite par l’intermédiaire de médias détenus par l’état).

Ces derniers mois et suivant une tendance vieille d’à peu près un an, Saleh est devenu de moins en moins indispensable aux Houthis. En tant que dirigeant politique Abdul-Malik Badreddin al-Houthi s’est révélé être non seulement capable mais charismatique, tandis que Saleh a été dévoilé comme étant une espèce d’opportuniste cherchant simplement à s’aligner aux côtés du vainqueur afin de pouvoir continuer à être le Président du pays qu’officiellement, il a dirigé entre 1990 et 2012.

Cependant, Saleh semble avoir désormais retourné sa veste par la conclusion d’un accord avec les Saoudiens. Alors que les détails ou même l’existence de cet accord ne peuvent être confirmés, Saleh était récemment apparu à la télévision plaidant pour un cessez-le-feu avec ceux qu’il appelait « nos frères saoudiens ».

L’essor du Prince Héritier Mohammed ben Salmane (MBS) en Arabie saoudite l’a conduit à fortement vouloir mettre un terme à la guerre au Yémen, qu’il avait pourtant attisée en tant que Ministre de la Défense d’Arabie Saoudite. La guerre a été, à tous points de vue, calamiteuse. Les bombardements aveugles de l’Arabie Saoudite ont provoqué une crise humanitaire d’une gravité jusqu’alors inédite au vingt-et-unième siècle. Le blocus emmené par les Saoudiens du Yémen sous contrôle houthi a suscité une épidémie de choléra, une famine endémique et des morts sans nombre, tout particulièrement chez les enfants.

Du point de vue saoudien Riyadh, et MBS en particulier, sont confrontés à une situation embarrassante puisqu’ils ont été incapables de soumettre une force combattante houthie dont les armes ne font pas le poids, techniquement parlant, face aux avions et aux missiles ultra-modernes « made in USA » de l’Arabie Saoudite.

Afin de camoufler cet embarras, les médias saoudiens proclament régulièrement que les Houthis sont armés par l’Iran, ou ce qui est encore plus absurde, par le Hezbollah du Liban. Toutefois, ceci est impossible en termes de logistique puisque l’Iran devrait alors faire parvenir ces armements au Yémen par le biais d’un pont aérien sinon briser le blocus naval saoudien, ce qui ne s’est tout simplement pas produit. Bien entendu, le Hezbollah ne possède ni force aérienne ni force navale. D’autres ont prétendu que les Houthis reçoivent des armes par le truchement de marchands d’armes opérant au Sultanat d’Oman. Cette allégation est démentie avec véhémence par les autorités omanaises et comme il n’y aucune preuve crédible appuyant l’idée que les Houthis s’arment à travers Oman il semble bien que ce soit, encore une fois, un mensonge saoudien conçu pour cacher leur incompétence militaire.

La rupture inévitable, entre les Houthis et Saleh, arrive à un moment où les Houthis se sont mis à davantage exploiter l’instabilité politique en Arabie Saoudite par des lancements de missiles plus fréquents. Les missiles utilisés sont de courte à moyenne portée balistique, et ont été saisis par les Houthis dans des bases militaires yéménites. Ils sont beaucoup moins avancés que les armes employées par les Iraniens de nos jours mais parviennent parfois néanmoins à frapper le territoire saoudien, en dépit des systèmes de défense anti-missile de pointe des Saoudiens. La précision de tels missiles n’est pas tout à fait claire, les Houthis affirmant avoir atteint des cibles saoudiennes pendant que les Saoudiens déclarent habituellement qu’ils les ont interceptés. À l’intérieur du brouillard de guerre auquel peu de journalistes ont accès cela devient une gageure de décider lequel des deux est plus honnête à cet égard, bien qu’à de nombreuses reprises les Houthis ont publié des vidéos semblant confirmer leurs récits de succès contre le plus riche pays du monde arabe.

La défection de Saleh vers le camp saoudien semble avoir été ingéniée par Riyadh et acceptée par Saleh, à qui il a sans nul doute été offert un bakchich plus que conséquent pour trahir les Houthis. Alors qu’en public, l’Arabie Saoudite affirme maintenant accueillir le cessez-le-feu proposé par Saleh, en réalité un accord personnel entre Saleh et Riyadh est la plus sûre explication de l’offre de Saleh.

Suite à cette évolution de la situation, les présences houthies sur les réseaux sociaux ont été promptes à discréditer Saleh. Déclarant avoir investi la résidence de Saleh à Sana’a, ils ont publié une photographie montrant une table couverte de bouteilles d’alcool de luxe, une chose propre à rendre furieux les pieux partisans d’Abdul-Malik Badreddin al-Houthi.

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Tout ceci mène à la conclusion qu’alors que le conflit yéménite concernait naguère des factions fidèles à l’un des deux présidents du Yémen (Saleh et Hadi), il se développe maintenant en conflit où les Houthis combattent tous les autres, y compris les forces de Hadi, les forces de Saleh qui se sont retournées contre eux et, ce qui est plus important, contre les forces armées saoudiennes.

L’étoile des Houthis au sein de la Résistance Islamique au sens large à crû du fait de leur habileté à repousser un assaut saoudien immensément plus puissant depuis 2015.

Si les Houthis sont capables de continuer à tenir en respect l’Arabie Saoudite, même sans Saleh à leurs côtés, la gêne deviendra encore plus visible pour l’Arabie Saoudite. Les Houthis n’ont pas besoin d’une « victoire », ils ont juste besoin que les Saoudiens perdent de manière à proclamer une victoire signifiante. Par contre les Saoudiens ont besoin de prendre Sana’a afin de justifier leur guerre d’agression chez eux, où commencent à se ressentir les prémices de la « fatigue de guerre ».

Source: http://theduran.com/graphic-images-emerge-yemen-former-pro-saudi-president-body/

Traduit par Lawrence Desforges

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