Aller à…
RSS Feed

19 avril 2024

Libye : l’Union africaine prépare un plan de rapatriement d’urgence


Par Aboubacar Yacouba Barma  | 
L'Organisation mondiale des migrations (OIM) a enregistré plus de 400 000 migrants à ce jour en Libye, alors le nombre total de ces derniers est estimé à presque un million de personnes.
L’Organisation mondiale des migrations (OIM) a enregistré plus de 400 000 migrants à ce jour en Libye, alors le nombre total de ces derniers est estimé à presque un million de personnes. (Crédits : Hani Amara)
A l’initiative de l’UA, une réunion préparatoire s’est tenue ce lundi 4 décembre à Addis Abeba afin d’élaborer un plan d’urgence pour évacuer les migrants en situation de détresse en Libye. A court terme, entre 4 000 et 15 000 migrants seront concernés d’ici à la fin d’année, mais les défis s’annoncent difficiles, notamment en matière de logistique. Certains pays comme le Maroc ou le Rwanda ont fait part de leur contribution et plusieurs pays s’activent à rapatrier leurs citoyens par leurs propres moyens. A terme, il va falloir évacuer entre 400 000 et 700 000 personnes, selon les prévisions de l’organisation continentale.

Après la vague d’indignations officielles et populaires qui a suivi la publication par la chaîne américaine CNN des marchés d’esclaves où les migrants sont vendus en Libye, l’heure est aux actes. Comme annoncé à l’issue du Sommet UA-UE d’Abidjan de la semaine dernière où le sujet a cristallisé les débats, l’Union africaine a organisé ce lundi 4 décembre à son siège d’Addis Abeba une rencontre préparatoire avec plusieurs de ses partenaires notamment l’OIM, le HCR et l’UE. Au menu, l’élaboration d’un plan d’action pour le rapatriement d’urgence des migrants en situation de détresse.

Selon une première estimation faite par l’organisation continentale, près de 3 800 migrants africains devront être évacués rapidement. C’est ce qu’a annoncé la Commissaire aux Affaires sociales de l’organisation continentale, Amira El Fadil, qui revient d’une mission en Libye où elle a été dépêchée par le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat aux fins de «mener des consultations sur les conditions des migrants africains bloqués dans ce pays».

Au cours de son séjour et en plus des rencontres avec les autorités libyennes et les diplomates des pays africains, l’envoyée spéciale de l’UA s’est également rendue dans l’un des centres de détention des migrants contrôlés par le gouvernement de Tripoli, celui de Tariq Al Matar qui accueille environ 3 820 migrants. Sur place, Amira El Fadil a fait cas d’une situation critique, notamment le «surpeuplement et les conditions d’assainissement du centre», ainsi que «l’existence d’un risque sérieux d’épidémie, d’autant que des cas de gale ont déjà été observés chez des nourrissons».

Sur la base de ce qu’elle a vu, l’envoyée spéciale a fait observer, selon une note de la commission, «que la crise actuelle des migrants et sa résolution échappent au contrôle des autorités libyennes et que ces dernières ne peuvent, par elles-mêmes, en assurer la gestion». Il est donc nécessaire que l’organisation continentale et la communauté internationale dans son ensemble soutiennent davantage leurs efforts en vue notamment de mener à bien le processus de rapatriement des migrants et trouver une solution à la crise.

C’est dans ce cadre qu’intervient la réunion d’Addis Abeba de ce 4 décembre afin de définir les modalités nécessaires pour la mise en place immédiate «d’un plan d’évacuation humanitaire volontaire des migrants».

Le Maroc envoie ses avions, le Rwanda prêt à accueillir les migrants

Il y a donc urgence à agir, car l’évacuation des 3 800 migrants déjà identifiés ainsi que la majorité de personnes bloquées en Libye pose d’énormes défis notamment logistiques. Des moyens donc que l’UA entend solliciter auprès de ses partenaires internationaux, mais aussi des pays africains. Pour l’heure en effet, seuls quelques pays du Continent se sont manifestés.

Le Maroc a ainsi annoncé qu’il va mettre à disposition plusieurs avions pour effectuer des rotations en direction de divers pays et le Rwanda s’est dit prêt à accueillir jusqu’à 30 000 migrants sur son sol. Ce qui est loin de répondre aux attentes même si de son côté, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a annoncé vouloir rapatrier près de 15 000 migrants d’ici à la fin de l’année. Près de 14 000 migrants ont été déjà ramenés dans leur pays depuis le début de l’année et avant même l’affaire des «marchés d’esclaves», selon l’Organisation qui a actuellement déployé un véritable pont aérien dans le cadre de son «programme de retour volontaire».

À ce jour, plus de 400 000 migrants ont été enregistrés par l’OIM en Libye où le nombre total de migrants est estimé entre 700 000 et 1 million.

Les grandes lignes de l’opération de rapatriement d’urgence

Le plan d’action qu’entend mettre en œuvre l’UA reste donc conditionné par la mobilisation des moyens logistiques et surtout financiers. Après cette première rencontre, une autre réunion de haut niveau est prévue la semaine prochaine pour permettre aux Etats membres de valider la feuille de route. Selon l’UA, cette dernière va s’articuler autour de plusieurs objectifs. Il s’agit notamment de conduire un processus d’évacuation accéléré qui permettra de rapatrier, avant la fin de l’année, 15 000 migrants supplémentaires se trouvant dans des centres de détention contrôlés par le gouvernement.

L’UA se propose également d’interagir, à travers son initiative, avec les Etats membres dont les ressortissants se trouvant en Libye doivent être évacués afin d’identifier leurs ressortissants, d’émettre d’urgence des documents de voyage en leur faveur, de leur d’accorder des autorisations de survol et d’atterrissage et enfin de faciliter la réintégration durable des personnes concernées dans leurs pays d’origine.

La Commission travaillera également avec les autorités libyennes pour la clôture de tous les centres de détention et la de-criminalisation du traitement des migrants illégaux, a annoncé la présidence de la Commission.

En attendant que le processus se mette en place, plusieurs pays continuent à rapatrier leurs citoyens avec leurs propres moyens. Selon l’OIM, la majorité des migrants qui ont demandé à bénéficier de son «programme de retour volontaire» proviennent d’Afrique subsaharienne. Ainsi, 4 316 d’entre eux sont originaires du Nigéria, 1 588 de Guinée, 1. 351 de Gambie, 1 305 du Mali et 973 du Sénégal.

Partager

Plus d’histoires deAFRIQUE