Libye: à Tripoli, sept ans après la chute de Kadhafi, une bien triste Tabaski
23 août 2018
AFRIQUE
Une vue de Tripoli (Place verte), capitale de la Libye.
© Jaw101ie/wikimedia.org
Dans la capitale Tripoli, la fête musulmane du sacrifice, connue en Afrique de l’Ouest sous le nom de Tabaski, représentait un jour bien triste en Libye cette année. Cette fête qui correspond aussi à la fin en 2011 du régime du colonel Mouammar Kadhafi, avait généré l’espoir d’une Libye libre et prospère, qui s’est évaporé avec la crise en cours. Sept ans après la chute du régime, l’espoir vécue par une majeure partie des Libyens a laissé la place à une grosse amertume : une mauvaise situation politique et économique sans précédent s’est installée.
Ni le gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli soutenu par la communauté internationale, ni le gouvernement parallèle à l’est du pays, ni toutes les autres institutions qui s’avèrent fortement divisés et peu efficaces ne semblent pouvoir faire grand-chose pour sauver le citoyen libyen de sa souffrance quotidienne. Avec leur mission spéciale pour la Libye, les Nations unies n’arrivent pas non plus à avancer sur ce dossier.
Pendant ce temps, le citoyen libyen continue à vivre dans un pays dirigé par des milices qui pratiquent toutes sortes d’actes criminels, défendent leurs intérêts et imposent leur influence par la force des armes. Au lieu d’être intégrées par le gouvernement, ces milices, dont certaines sont composées d’extrémistes, imposent leur loi au GNA.
En plus de l’insécurité, les habitants souffrent profondément de la division politique mais aussi de l’ingérence étrangère qui participe aux divisons entre Libyens. A Tripoli, quatre grandes milices se partagent la ville et se livrent périodiquement à des combats pour marquer leur territoire.
Nostalgie de Kadhafi
Dans cette situation chaotique, la souffrance économique semble avoir le plus d’impact sur les Libyens, qui ne comptent plus le nombre d’heures passées devant les banques pour obtenir une part minime de leur salaire. Dans les filles d’attente, ils sont humiliés et malmenés par les milices qui contrôlent les banques. Les banquiers avancent toujours comme excuse un manque de liquidités qui les empêche de donner leur argent à leurs clients. Et la situation s’est aggravée les jours précédents la fête de la Tabaski.
Des protestations ont eu lieu et des campagnes ont été lancées pour attaquer les banques en justice. Les Libyens essaient de trouver des solutions par eux-mêmes. Autre exemple révélateur de l’incapacité de GNA à subvenir aux besoins des Libyens au quotidien : certains commerçants font payer leurs clients avec des chèques certifiés.
Les Libyens appauvris sont plus que jamais nostalgiques de l’époque de Mouammar Kadhafi. Les Tripolitains ont ainsi découvert ce 21 août dans les rues de leur capitale des affiches défendant le fils de l’ancien leader, Saïf al-Islam al Kadhafi, qui n’est pas apparu depuis des années, et le qualifant de « Mandela de la Libye ».