Par Blake Alcott (revue de presse : Chronique de Palestine – extrait – 23/1/19)*
Dans ce qui est écrit et dit sur Israël et la Palestine le terme « occupation » est omniprésent. Mais quel territoire l’état ethnocentrique occupe-t-il exactement? Est-ce seulement la Bande de Gaza et la Cisjordanie, ou bien la Palestine dans sa totalité ?
Tout le monde s’accorde à dire que les territoires conquis par Israël en 1967 sont occupés. Cependant, tant les pro-Palestiniens, que les sionistes libéraux ne font référence qu’à ces territoires dans leurs écrits réguliers sur « l’occupation » ou « la Palestine occupée ». L’acronyme dévalorisant TPO ne couvre que la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Mais si ces territoires sont occupés, alors il en va de même des 80% de la Palestine historique appelés Israël. Toute la Palestine a été conquise.
Lorsque nous réclamons la liberté « entre le fleuve et la mer » que réclamons-nous d’autre que la fin du contrôle, de la domination, et de l’occupation par une puissance non-indigène ? Lorsque les Palestiniens utilisent le terme ihtilal, ils font toujours la distinction entre « l’occupation de 1948 » et « l’occupation de 1967 ». Alors, pourquoi le discours international en langues occidentales ignore-t-il l’occupation de 1948, et persiste dans le déni qu’Israël en 1948 n’a fait que prendre la succession de l’occupant britannique, puissance mandataire de 1917 à 1948 ?
La Palestine était une colonie britannique, et par définition toutes les colonies sont occupées par la puissance coloniale. Et en effet, quand habituellement nous qualifions à juste titre le successeur du Royaume Uni, Israël, de colonie de peuplement nous ne parlons pas seulement de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. D’autant qu’il jouit d’un soutien total des forces pro-sionistes en dehors de la Palestine historique, toute la Palestine est maintenant une colonie de peuplement et donc occupée du fleuve à la mer. Il s’ensuit que si le concept de colonialisme de peuplement est correct, tous les Israéliens non-indigènes sont des « colons », et pas seulement ceux de Cisjordanie. Si nous parlons de boycott des « produits des colonies », cela devrait s’appliquer à tous les produits israéliens.
Cela importe-t-il ? Bien-sûr : si seules la Cisjordanie et la Bande de Gaza sont occupées, alors le reste de la Palestine « à l’intérieur de la ligne verte », n’est pas occupé, et s’il n’est pas occupé, qu’est-il alors ? Il ne peut qu’être légalement sous contrôle d’Israël, car si vous « n’occupez » pas un territoire, il vous appartient forcément. N’utiliser le terme que pour l’occupation de 1967 implique alors que les Européens qui ont colonisé la Palestine sous protection britannique pendant trente ans sont les propriétaires légitimes de la terre de Palestine. Le postulat de base du sionisme est admis.
En d’autres termes, refuser d’attribuer le qualificatif « occupation » à ce qui est aujourd’hui Israël normalise la présence de l’entité sioniste; c’est couper l’herbe sous le pied des Palestiniens dans leur revendication à des droits politiques en Palestine…(…)…
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Blake Alcott est un économiste de l’environnement et le directeur de One Democratic State in Palestine (Angleterre). Toute information concernant une activité relative à ODS ou au bi nationalisme est la bienvenue et à envoyer à blakeley@bluewin.ch.