Gilets Jaunes, acte 18 : Fouquet’s brûlé, Macron grillé
21 mars 2019
Samedi 16 mars, pour leur défilé national à Paris, les Gilets Jaunes sont venus nombreux et ont résisté dignement à un gouvernement qui joue le pourrissement et laisse les mains libres aux casseurs. Nous y étions.
Suite à une erreur sur demoshere, nous arrivons place de l’Opéra, dans la manifestation pour le climat, où se trouvent néanmoins quelques Gilets Jaunes. Le cortège est massif et nous nous en réjouissons. Nous rallions la place de la République avec l’espoir, déçu, d’y retrouver les Gilets Jaunes. La rumeur court alors d’une convergence au Trocadéro. Nous nous y rendons mais n’y trouvons qu’un seul et unique Gilet Jaune. Prenant alors le chemin de l’Étoile, nous rencontrons différents groupes et apprenons progressivement comment s’est déroulé la journée.
Une forte participation
Le Grand Monologue n’y aura rien fait : des milliers de Gilets Jaunes ont rempli la place de l’Étoile, les Champs-Élysées et plusieurs avenues alentour, affichant leur détermination. Nous échangeons avec eux. Loin de l’image d’individus intellectuellement limités délivrée par une éditocratie peut-être malveillante ?, nous rencontrons au contraire des citoyens bien informés sur les réalités sociales et économiques de leur pays.
Liquide nauséabond et gaz lacrymogène pour la nasse
Du côté des forces de l’ordre, la stratégie du jour était la souricière. La police laisse tout le monde entrer, puis ferme la nasse.
Les forces de l’ordre ont ouvert les hostilités avec un canon à « liquide », qui n’envoie pas d’eau mais un liquide nauséabond. Les Gilets Jaunes s’équipant, ou achetant sur place, des masques de plongée et respiratoires, les forces de l’ordre recourent par ailleurs à un gaz lacrymogène plus puissant, qui imprègne les vêtements.
Où le pouvoir apparaît comme le premier casseur
L’image que les médias retiendront sera certainement celles des Champs-Élysées dévastés. Des éléments radicaux s’attaquent en effet aux commerces. À TOUS les commerces. Si des panneaux en bois protègent une vitrine, ils sont démontés et les vitrines, cassées. Des pavés atteignent les parties les plus hautes. Le célèbre restaurant Fouquet’s, et un kiosque à journaux, sont incendiés. Le fait le plus remarquable de la journée est que, pendant tout le temps qu’aura duré le saccage des commerces, les forces du désordre sont restées… les bras croisés. Oui, oui, vous avez bien lu. Pas une arrestation. Pas une tentative de protéger les commerces. Le témoignage des street medics rencontrés en chemin était difficile à croire, mais en avons eu la preuve en atteignant les lieux : pas un commerce, pas une vitrine n’a échappé aux casseurs. TOUS les commerces ont été saccagés, systématiquement et sans interruption, du 39 au 133 de la célèbre avenue. Rien n’a été oublié. Si les casseurs avaient été coursés, ou acculés, par les forces du désordre, ils n’auraient pas agi de façon aussi totale. Les dommages auraient été ponctuels. Les dégâts matériels prouvent ici de façon claire et définitive que les forces du désordre et, donc, la Préfecture qui les pilote, ont laissé faire les casseurs, au lieu de faire ce qu’ils sont censés faire, c’est-à-dire bien sûr les arrêter.
Sur un ton plus léger, de nombreux slogans ont fleuri sur les murs. « Jaunes et jolies » trouve naturellement sa place sur la vitrine d’un magasin de mode féminine. Les slogans sont drôles et inventifs ; le parallèle avec Mai 68 est évident. Une autre inscription lâche sobrement : « Rendez-vous la semaine prochaine »
Des street medics pris pour cible
Mais ce n’est pas tout. Les street medics que nous avons croisés alors que nous nous approchions des Champs, ont témoigné avoir été éjectés de la nasse par les forces du désordre, sans y voir d’explication. Par ailleurs des street medics ont vu le contenu de leurs sac être confisqué à leur arrivée – nous parlons donc de matériel médical.
Alors qu’ils soignaient un homme à terre dont la tête avait une entaille de plusieurs centimètres, assez profonde, et réfugiés dans une entrée de parking, les street medics ont été pris pour cible, délibérément, par les forces du désordre. Ils ont été forcés de s’enfuir.
Rappelons que les street medics soignent tout le monde, manifestants, policiers et même passants.
Conclusion : un pouvoir en proie à la panique
Les règles volent en éclats. Serait-ce le far west ? Non seulement les forces du désordre ciblent les manifestants calmes et pacifiques (ce qui est scandaleux) et les journalistes (ce qui est scandaleux), mais voilà qu’ils ciblent maintenant les street medics. Les premiers de cordée semblent touchés par la panique. Le peuple se redresse et ce n’était pas au programme !
Pour terminer, nous adressons nos plus respectueuses salutations à Sa Luminescence Radieuse, qui skiait au même moment dans les Pyrénées. Gageons qu’à sont retour il réprimandera sévèrement les forces du désordre qui n’ont rien compris à ses ordres.
Yves D., le 17 mars 2019
Crédit image : AFP