Guerre par procuration en Libye
26 avril 2019
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les 7 du quebec
Guerre par procuration en Libye
par Oeil de faucon
Voici un article, qui explique à sa manière la situation en Libye, les camps se forment dans un contexte de guerre, d’ un coté les pro- américains de l’ autre des pro-ONU. La Russie dans l’ affaire apporte son soutien pour l’ instant à Haftar un mercenaire qui bouffe à toutes les gamelles.Alors que l’Italie ( ENI) soutient le Gouvernement de l’accord national (GAN) de Fayez al-Sarraj à Tripoli, également soutenu par l’Allemagne et l’ONU, la France ( TOTAL) a pris le parti de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui dirige un gouvernement concurrent à Tobrouk. L’Égypte et la Russie soutiennent également Haftar. Une situation explosive ou TOTAL et ENI se combattent par procuration. Les libyens de tripoli ayant mis un gilet jaune en signe de protestation contre la France de Macron soutenant le mercenaire Khalifa Haftar.
Libye: «Nous sommes surpris que la France soutienne un dictateur»
Par Mathieu Galtier, Envoyé spécial à Tripoli — 23 avril 2019 à 20:36
Manifestation contre l’offensive de Khalifa Haftar vendredi à Tripoli, place des Martyrs. Photo Ahmed Jadallah. Reuters
Le Premier ministre Fayez al-Sarraj cherche désespérément le soutien de la communauté internationale depuis le début de l’offensive du maréchal Haftar sur la capitale, Tripoli, il y a trois semaines. La position de Paris reste ambiguë.
Libye : «Nous sommes surpris que la France soutienne un dictateur»
Depuis le 4 avril, le Premier ministre libyen, Fayez al-Serraj, et son gouvernement d’union nationale, installés à Tripoli, sont assiégés par les troupes du maréchal Khalifa Haftar. Son vieux rival espérait conquérir rapidement la capitale, aboutissement de l’opération «Dignité» lancée en 2014 pour nettoyer le pays des «terroristes» – ainsi qu’il désigne tous ses adversaires. Après trois ans de guerre contre une coalition de révolutionnaires et de groupes jihadistes (comme Ansar al-Charia, proche d’Al-Qaeda), le militaire a conquis la Cyrénaïque, région orientale du pays dont la capitale, Benghazi, est la seconde ville libyenne. En 2016, grâce à des alliances avec les tribus locales, il mettait la main sur le croissant pétrolier, au centre de la côte, qui concentre la majorité des infrastructures d’or noir.
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Début 2019, cet ancien lieutenant de Kadhafi se positionne au sud du pays. Ne restait donc plus qu’à s’emparer de la capitale où se trouve le siège du gouvernement d’union nationale, seul pouvoir exécutif reconnu par l’ONU. Cette fois, c’est la solution des armes qui est choisie. Mais son autoproclamée Armée nationale arabe libyenne (ANL), combinaison d’une partie de l’ancienne armée régulière et de milices locales, reste cantonnée dans les faubourgs de Tripoli après trois semaines de combats, malgré des soutiens internationaux de poids. Le bilan s’élevait lundi à 254 morts, 1 228 blessés et environ 32 000 déplacés, selon l’ONU. Entretien avec le chef du Gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj
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Donald Trump a annoncé son soutien à Khalifa Haftar. La France n’a pas formellement dénoncé l’offensive de votre ennemi. Comment ressentez-vous ces revers diplomatiques ?
Pour nous, c’est la position du secrétaire d’Etat américain qui importe et il a nommément demandé à Khalifa Haftar d’arrêter les combats. Pour la France, c’est vrai que nous sommes étonnés. En mars 2011, votre pays a, au nom de ses valeurs de liberté et de démocratie, empêché la destruction de Benghazi par Kadhafi. Pourquoi, cette fois-ci, la France n’a-t-elle pas la même position ? Nous sommes surpris que la France ne soutienne pas notre gouvernement qui est démocratique, mais soutienne un dictateur. Les Libyens ne comprennent pas. Quand Emmanuel Macron m’a appelé [le 8 avril, ndlr], je l’ai prévenu qu’à Tripoli l’opinion générale était contre la France. Nous ne voulons pas que les Libyens haïssent la France, la France a encore un rôle positif et important à jouer en Libye.
Cette attaque signe-t-elle la fin de toute solution diplomatique et politique ?
Il y a eu de nombreuses discussions politiques en France, en Italie et dans le Golfe. La dernière réunion à Abou Dhabi, le 28 février, était une vraie opportunité de trouver une solution politique, mais la décision de Haftar d’attaquer Tripoli a détruit ces efforts. C’est comme si Khalifa Haftar avait planté un couteau dans le dos du pays et de la communauté internationale. C’est un criminel de guerre. Actuellement, il bombarde des écoles, des hôpitaux, des ambulances et même un entrepôt de livres scolaires. Nous ne comprenons vraiment pas le silence de la communauté internationale alors que ces actes sont documentés. Nous avons dû fermer les écoles pour protéger nos enfants des bombardements. Haftar devra être poursuivi pénalement pour ces crimes. Notre situation ne concerne pas que la Libye mais aussi l’Europe, car ici il y a des centaines de milliers de migrants subsahariens. Avec les combats, ils chercheront à trouver refuge en Europe.
Votre gouvernement n’a jamais eu le contrôle de la région tripolitaine à cause de la présence de milices. Aujourd’hui, elles sont encore plus nombreuses à Tripoli pour combattre Khalifa Haftar. Craignez-vous que des éléments extrémistes s’installent dans la capitale ?
D’abord, il ne faut pas oublier que le principal responsable de cette situation chaotique est Khalifa Haftar. Certes, nous avons constaté des incidents avec des milices, mais cela reste isolé. Il y a entre 15 et 20 millions d’armes dans le pays, la plupart à l’ouest car c’est là que la résistance à Mouammar al-Kadhafi a été la plus forte. Mais depuis trois ans, nous faisons des efforts considérables avec l’aide des Nations unies pour collecter les armes et intégrer ces milices dans une armée et une police nationales. Aujourd’hui, c’est vrai, il y a dans Tripoli des groupes armés venus de Misrata [dont les brigades sont les plus puissantes de la région] et d’ailleurs. Mais ce sont ces jeunes qui ont défait l’Etat islamique à Syrte en 2016. Ce sont des héros, pas des «terroristes» comme l’affirme Khalifa Haftar. Il ne faut pas se tromper : ce n’est pas une guerre contre le terrorisme, ce n’est pas non plus une guerre entre l’ouest et l’est de la Libye. C’est une guerre de valeurs : défendre la démocratie contre l’instauration d’un régime militaire.
Mathieu Galtier Envoyé spécial à Tripoli
Oeil de faucon | 26 avril 2019 à 8 08 06 04064 | URL : http://www.les7duquebec.com/?p=238552