Quarante migrants ont été tués et au moins 80 blessés, dans la soirée de mardi 2 juillet à Tadjourah, banlieue située à l’est de Tripoli, lors d’un raid aérien lancé contre un centre de détention de migrants, selon différentes sources officielles. Le gouvernement d’« accord national » (GAN) de Faïez Sarraj – soutenu par la communauté internationale – a aussitôt dénoncé un « crime odieux » et un « meurtre de masse » imputable, selon lui, aux forces du maréchal Khalifa Haftar.
Ce raid survient alors que l’Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar, qui mène depuis début avril une offensive contre le GAN de Tripoli, avait annoncé l’imminence de nouvelles attaques aériennes sur des cibles militaires dans la capitale libyenne. En trois mois, la « bataille de Tripoli » opposant les deux camps qui se disputent le pouvoir en Libye, a fait environ 700 morts et 4 000 blessés ainsi que près de 100 000 déplacés.
Le raid de Tadjourah illustre la situation dramatique des ressortissants étrangers à Tripoli, pour l’essentiel des migrants et des réfugiés originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie, pris au piège des combats. Les centres de détention officiels, rattachés au département de lutte contre la migration illégale (le DCIM, son acronyme anglais), comprennent environ 3 400 migrants dans la région de Tripoli. Le nombre réel de migrants détenus est toutefois probablement plus élevé si l’on prend en compte les « prisons sauvages » gérées par des milices.
Péril humanitaire croissant
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, environ 660 000 migrants résident en Libye. Certains sont venus y travailler – l’économie libyenne continue de fournir des opportunités de travail en dépit du chaos ambiant –, tandis que d’autres ne souhaitent qu’y transiter sur la route de l’Europe.
Les premières images diffusées mardi soir du centre de détention de Tadjourah montraient des corps ensevelis sous des gravats ensanglantés. Elles témoignaient également de l’acheminement dans un hôpital local de dizaines de blessés. Les scènes illustrent le péril humanitaire croissant qui menace Tripoli et ses environs alors que la guerre entre le GAN de Sarraj et l’ANL de Haftar entre dans une nouvelle phase.
La perte, fin juin, par Haftar de la localité de Gharian, cité située à 80 km au sud-ouest de Tripoli où il avait installé son centre de commandement régional, annonce une nouvelle escalade des combats. Les raids aériens lancés mardi soir étaient censés préluder à une contre-offensive de l’ANL de Haftar sur Tripoli.