INTERNATIONAL

12/07/2019 02:00 CEST

La Libye demande des explications « urgentes » à la France après la découverte de missiles français

La France a reconnu mercredi que des missiles Javelin trouvés sur une base pro-Haftar lui appartenaient.

– via Getty Images
Des combattants du GNA montrent des missiles Javelin américains à Tripoli, le 29 juin.

INTERNATIONAL – Le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, a demandé ce jeudi 11 juillet des explications “urgentes” à Paris, après que la France a reconnu que des missiles découverts dans un QG du maréchal Khalifa Haftar près de Tripoli lui appartenaient.

Dans une lettre, le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, a demandé à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, “d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan sont parvenues aux forces de Haftar, quand ont-elles été livrées et comment?”, selon un communiqué du ministère.

Mohamad Tahar Siala a également souhaité connaître “les quantités d’armes” qu’aurait fournies la France au maréchal Haftar, et “dont l’existence (en Libye) contredit les déclarations du gouvernement français (…) de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement”.

Des armes “endommagées et hors d’usage”

La France a admis mercredi que des missiles découverts dans une base des forces du maréchal Haftar près de Tripoli lui appartenaient, tout en réfutant les lui avoir fournis. “Les missiles Javelin trouvés à Gharyan appartiennent effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux États-Unis”, a déclaré mercredi le ministère français des Armées, confirmant d’embarrassantes révélations du New York Times.

Le quotidien américain avait attribué mardi à la France la propriété de quatre de ces missiles américains antichar, découverts par les forces loyales au GNA à Gharyan, ville reprise fin juin au maréchal Haftar à 100 km de Tripoli. L’homme fort de l’Est libyen a lancé le 4 avril une offensive sur la capitale.

“Ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contreterrorisme”, a détaillé le ministère des Armées, ainsi forcé de confirmer la présence de forces françaises sur le territoire libyen.

Ces munitions, “endommagées et hors d’usage”, étaient “temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction” et “n’ont pas été transférées à des forces locales”, assure Paris qui se défend de les avoir fournies aux troupes de Haftar, sans pour autant expliquer comment elles ont fini sur cette base.

Paris réfute tout soutien militaire à Haftar

La France reconnaît avoir apporté du renseignement au maréchal Haftar dans l’Est et le Sud mais réfute tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli.

En 2016, trois militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est.

En dépit d’un embargo de l’ONU, des livraisons d’armement continuent d’affluer des deux côtés, faisant peser la menace d’une guerre par procuration entre puissances régionales.

Depuis le début de l’offensive de Haftar le 4 avril, les combats aux portes de la capitale libyenne ont fait 1048 morts, dont 106 civils, et 5558 blessés, dont 289 civils, selon un dernier bilan mardi de l’Organisation mondiale de santé (OMS).

 

À voir également sur Le HuffPost :