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24 avril 2024

Paix ou vente d’armes Macron doit choisir


Par la rédaction de Mediapart
À quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, alors que partout dans le monde les marches citoyennes pour le climat mobilisent les foules (retrouver notre dossier), Emmanuel Macron fait la couverture de l’édition européenne du Time. Le titre est flatteur : « Le moment Macron ». Et la photo aussi : on le voit se retroussant les manches, prenant à peine appui sur le dossier d’un canapé.

Prêt à l’action, voici le message de l’entretien qu’il donne au magazine américain : après avoir été rudement contesté par le mouvement des gilets jaunes, le président français repart au combat. Hors des frontières nationales cette fois. Il se présente en sauveur de la planète, cherchant à dénouer les tensions, tel un sage médiateur visant l’intérêt général au milieu d’inquiétants leaders populistes – une posture déjà expérimentée au G7 à Biarritz.

De la catastrophe climatique aux conflits les plus inextricables, de l’Amazonie à l’Iran, rien ne semble devoir résister à ses soins réparateurs et pacificateurs. À une exception près : le Yémen. Ah, sur ce pays en guerre (lire nos articles), où sévit l’une des crises humanitaires les plus meurtrières, où les civils, femmes et enfants compris, sont écrasés sous les bombes, pas un mot.

Pourtant, plusieurs médias, dont Mediapart, viennent d’apporter la preuve que des navires vendus par la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis participaient au blocus maritime du Yémen. Des vidéos, pour la première fois, témoignent de l’utilisation de frégates saoudiennes et de corvettes émiraties de fabrication française dans l’arraisonnement de navires commerciaux. Des bateaux qui, bien que vendus avant la guerre, font toujours l’objet de contrats de maintenance soumis à des licences délivrées par le gouvernement.

Comment Emmanuel Macron ose-t-il poser en faiseur de paix alors que Paris reste l’un des plus gros vendeurs d’armes dans le monde ? Notre enquête, en effet, révèle également les dommages collatéraux de cet activisme économique soutenu au sommet de l’État non seulement au Sahara occidental, au Cameroun, en Papouasie, mais aussi en Libye et en Égypte. A-t-on demandé aux Français s’ils acceptaient que leur pays prenne le risque d’être complice de crimes de guerre ? Non, évidemment. Face à ce cynisme, il est temps qu’en France et ailleurs, des mobilisations citoyennes s’organisent, à l’image de celles pour le climat, pour empêcher les États d’impliquer leurs populations dans des guerres qui ne sont pas les leurs.

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