Revue de presse : Algérie Part (7/10/19)*
Lechkham, Ghriss, Chengriha ou Benbicha ?
L’armée algérienne subit en ce moment des déchirements internes qui risquent de lui provoquer une inquiétante crise de dysfonctionnement. Ces déchirements internes tournent autour de la délicate question de la succession de Gaid Salah. Selon nos informations confirmées auprès de plusieurs sources très bien introduites au sein de l’institution militaire algérienne, la course à cette succession a été bel et bien lancée car l’âge avancé de Gaid Salah et l’épuisement qu’il commence à ressentir, les attaques et critiques sévères dont il fait l’objet de la part d’une rue bouillonnante de colère et l’importance de la réussite des futures échéances électorales ne lui permettent plus de conserver encore longtemps son poste à la tête de l’Armée Nationale et Populaire (ANP), aujourd’hui le véritable et seul centre détenteur du pouvoir en Algérie.
Nos sources ont été, d’abord, claires : aucun agenda précis n’a été encore fixé pour annoncer le départ de Gaid Salah. Il paraît donc improbable qu’il parte avant le 12 décembre prochain. Ce scénario ne peut se concrétiser que dans un seul contexte : si la réussite de l’élection présidentielle est totalement compromise en raison des positions brutales de Gaid Salah, l’armée peut, dés lors, envisager un mouvement interne pour procéder à son remplacement, attestent nos sources.
Mais qui peut remplacer Gaid Salah ? Aujourd’hui, de nombreux clans se composent et se recomposent au sein de l’armée autour des généraux les plus influents ou les plus expérimentés. Et chaque clan tente de défendre son poulain dans l’espoir d’accéder à la fonction suprême, celle du Chef d’Etat-Major de l’ANP, le poste le plus stratégique en Algérie puisque cette fonction donne naissance au véritable décideur du pays.
Si l’on tient compte des traditions historiques de l’armée algérienne, c’est toujours le commandant des forces terrestres qui prend le relai et assure la succession. Dans ces conditions, c’est Said Chengriha, l’actuel chef des forces terrestres, qui devra succéder à Gaid Salah. Ce général-Major est puissant depuis de nombreuses années et il reste respecté pour son parcours académique et ses compétences universitaires. Il avait, lui-même, succédé en août 2018 ainsi au vétéran Lahcen Tafer, en poste à la tête du commandement des Forces Terrestres depuis 2004. Il dirigeait, auparavant, la 3e région militaire.
Sa nomination avait été qualifiée d’une promotion majeure pour ce haut gradé. Il était jusqu’au déclenchement du Hirak le 22 février, le troisième personnage de l’armée après le chef suprême des forces armées (président de la République) et le chef d’état-major. Un poste hautement stratégique dans la chaîne du commandement militaire.
Mais Chengriha est un officier âgé et ne pourra pas refléter le rajeunissement nécessaire du commandement militaire de l’ANP. L’armée algérienne veut offrir aux algériens une nouvelle image pour rompre avec celle du passé : une armée dirigée par des jeunes aux compétences avérées. En plus, Chengriha compte de nombreux adversaires notamment dans le clan de Gaid Salah. Chengriha est le seul officier qui ose adopter un langage sincère, franc et vrai à l’égard de Gaid Salah sans faire preuve d’un excès de zèle à l’égard de Gaid Salah. Nous reviendrons sur ce personnage important de l’armée dans nos prochaines publications.
A côté de Chengriha, d’autres généraux-majors sont présentés comme les futurs successeurs de Gaid Salah. Et chaque candidat compte des adversaires et des partisans. Nous avons, ainsi, le Directeur du service national au ministère de la Défense nationale, le général-major Mohamed-Salah Benbicha, qui est beaucoup moins âgé que les autres actuels puissants généraux de l’ANP. Mais Benbicha est en concurrence avec d’autres généraux comme le général-major Abdelhamid Ghriss, l’actuel secrétaire général du ministère de la Défense Nationale, qui est très apprécié par de nombreux officiers supérieurs de l’ANP.
Le SG du ministère de la Défense Nationale est le seul interlocuteur de l’ANP avec les personnalités politiques et l’appareil judiciaire. C’est lui qui transmis les instructions du haut commandement de l’ANP et c’est lui qui coordonnait les enquêtes et mesures décidées dans les plus gros dossiers de corruption.
Le général-major Abdelkader Lechkham, patron du service des transmissions et d’une direction chargée des questions numériques, pourrait incarner la surprise et se positionner très rapidement dans cette course à la succession de Gaid Salah. Ce général méconnu, secret et discret, est présenté comme un officier très influent qui est très écouté par Gaid Salah. C’est lui qui s’est chargé des “offensives cybernétiques” de l’ANP contre ses adversaires politiques et pour blanchir l’image d’Ahmed Gaid Salah contre ses principaux détracteurs. Cependant, comme tous les autres prétendants, rien ne peut empêcher sa disqualification à la dernière minute car la lutte sera acharnée et seul le plus soutenu des généraux pourra succéder à Gaid Salah. Quoi qu’il en soit, si cette succession n’est pas résolue dans les plus brefs délais, l’armée vivra le même dangereux scénario que celui qui avait détruit la Présidence de la République avec le 5e mandat de Bouteflika. Un scénario d’instabilité que l’Algérie doit cruellement éviter pour sortir la tête de cette crise politique qui n’en finit pas.
*Source : Algerie Part