« Le monde va changer de base ! Nous ne sommes rien, soyons tout ! »
13 juin 2020
Le billet du CNCP
Dans un courrier récent, un militant Africain nous rappelait un proverbe de sa région : « On peut cacher une pintade sous les herbes mais l’on ne peut jamais cacher son cri ». Les classes dominantes, les dirigeants des pays impérialistes flanqués de leurs idéologues et de leurs propagandistes s’imaginaient pouvoir indéfiniment cacher leurs pratiques prédatrices et leurs visées criminelles. Aujourd’hui, par sa puissance, le cri des exclus et des peuples dominés, qui n’a jamais cessé de se faire entendre, annonce l’accouchement du monde nouveau. « Le monde va changer de base, nous ne sommes rien, soyons tout ! » Jusqu’alors, ces mots tirés de « l’Internationale », l’hymne révolutionnaire des travailleurs, chantaient la confiance en l’avenir qui a toujours animé les militants conscients. Aujourd’hui, ils résonnent en échos de la transformation décisive qui est en cours.
Ces derniers mois, en effet, on a pu assister à une succession d’événements signifiant que les conditions objectives et subjectives d’une véritable révolution sont entrain de se réunir. La répétition des crises monétaires et financières*1 annonçait déjà que le système était structurellement ébranlé par le divorce consommé entre l’économie réelle et les capitaux spéculatifs, avec l’anarchie qui en découle. Il était connu de tous que les politiques ultralibérales*2 imposées par les gouvernements, pour le compte des multinationales, avaient pour conséquence de dégrader cruellement les conditions de vie de la majorité des populations. Le productivisme insensé qui plonge la planète entière dans un engrenage de catastrophes*3 était dénoncé, de plus en plus massivement, sur tous les continents, par les populations et en particulier par la jeunesse.
L’essor des luttes populaires sur toute la planète indiquait un éveil des consciences et une réelle volonté de s’attaquer au système. Les gouvernements y ont répondu par de violentes répressions policières et par l’adoption de nombreuses lois liberticides. Leur soi-disant « démocratie représentative » s’est vue démystifiée. De plus en plus, les « dynamiques citoyennes » qu’ils s’appliquaient à instrumentaliser se retournent contre eux et l’Etat est perçu comme ce qu’il est vraiment : un organe de domination de classe.
Dans ce contexte, le Coronavirus a joué le rôle de catalyseur.
Les mesures imposées par les gouvernements pour contenir la pandémie – fermeture des frontières, suspension du transport aérien, confinement des populations, etc. – ont profondément affecté la production industrielle, le commerce et le fonctionnement des services. Tous ont pu réaliser l’inanité des discours enchanteurs sur les vertus de la « globalisation » capitaliste. On ne peut plus cacher l’irrationalité et la dangerosité d’un système générateur de dépendances insensées, qui sacrifie la sécurité et le bien-être des humains sur l’autel du profit égoïste de minorités. La chape idéologique qui conduisait un grand nombre à se plier aux exigences des gouvernements capitalistes a volé en éclat ! Les véritables ennemis ont été démasqués par de larges fractions de la population et les frontières de classe se sont affirmées.
Pendant la crise sanitaire, en même temps que les gouvernements, agents des classes dominantes, s’enferraient dans les errements et les mensonges, les travailleurs qui étaient au front montraient un courage extraordinaire*4 et les solidarités fleurissaient dans le peuple. Beaucoup ont pris conscience du rôle essentiel que jouent les travailleurs dans la société, réclamant que celle-ci soit restructurée afin que leur valeur soit reconnue et que de bonnes conditions de vie leur soient garanties.
Plus encore : l’une des conséquences paradoxales de la pandémie de COVID 19, c’est que son caractère international, dont les effets ont été massivement répercutés par les médias*5 a fait prendre conscience de l’unicité de l’espèce humaine et de sa communauté de destin. Ce n’est certainement pas un hasard si l’assassinat de Georges FLOYD aux USA a provoqué une mobilisation si massive, brisant les frontières et faisant voler en éclat des barrières raciales, intergénérationnelles.
En réalité, c’est l’heure de la révolution qui a sonné ! Nul doute que les décennies à venir seront particulièrement agitées, car la bête blessée, aux abois, se déchainera. Elle fera tout pour survivre. Mais la roue de l’histoire ne pourra pas tourner à l’envers. Le monde va changer de bases….Soyons au front !
* 1 En particulier, l’éclatement de la bulle internet en 2000 et la crise des Subprimes en 2008.
*2 Les politiques de destruction des services publics, de concentration, de délocalisation et d’austérité, notamment.
*3 On évoque ici les catastrophes liées au changement climatique, les crises alimentaires majeures qu’elles impliquent, les crises sanitaires telles que celle du coronavirus dont les scientifiques annoncent la multiplication et les conflits militaires majeurs que préparent les pays impérialistes.
*4 Personne n’a été dupe des louanges hypocrites et des promesses démagogiques de Macron à l’intention du personnel de Santé. Son objectif principal est de sauver à tout prix le système et de réorganiser le pillage ultralibéral.
*5 Parfois dans le but de paniquer les populations afin de faire accepter d