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28 mars 2024

Ahmed Bensaada, «ténor » algéro-canadien anti-Hirak?


Publié par Gilles Munier sur 29 Juillet 2020, 07:57am

Par Gilles Munier

La publication de mon article critiquant le titre racoleur du dernier ouvrage Ahmed Bensaada : « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? » –  qui n’est pas diffusé en Francem’a permis de recevoir l’ouvrage, scanné. J’en remercie l’ami qui l’a expédié.

Je l’ai lu. Il s’agit d’une resucée condensée d’Arabesques, un des précédents ouvrages de Bensaada. C’est un pamphlet d’une soixantaine de pages, une sorte de rapport de police politique à charge, où l’universitaire algéro-canadien s’en prend à des « figures » du Hirak manipulées, selon lui, par la NED.

La NED, organisme américain bipartisan, a été fondée sous la présidence Reagan pour subventionner à l’étranger des ONG choisies en fonction de leur combat pour instaurer la démocratie, et –  cela va de soi – des intérêts américains… quitte à être déçus ensuite. Pour ce qui est de l’Algérie, et pour qui sait ce que coûte la bonne marche d’une ONG, on ne peut pas dire que les sommes allouées soient astronomiques.

La « main de l’étranger »

Ciblés donc par Bensaada, en tant qu’«agents d’influence américains » : l’avocat Mustapha Bouchachi, la juriste Zoubida Assoul et l’homme politique Karim Tabbou, trois « mousquetaires » auxquels il ajoute, comme il se doit, un quatrième: le sociologue Lahouari Addi, professeur de sociologie à l’Institut d’études politiques de Lyon.

Le tort des Bouchachi, Assoul et Tabbou, « ténors autoproclamés du Hirak » selon Bensaada, est d’avoir été désignés par Addi membres du triumvirat transitoire susceptible de remplacer le pouvoir algérien, alors déliquescent. C’était de la politique fiction.

Les accusations gravissimes portées contre eux mettent en cause leur patriotisme. Elles feront l’objet de procès en diffamation.

Bensaada devrait se rappeler que, pendant la guerre d’Algérie, les Américains aidaient discrètement la délégation du FLN à New York, espérant hériter, après l’indépendance, du pétrole du Sahara. Faut-il juger rétrospectivement Abdelhafid Boussouf, chef du MALG – le service secret de l’époque – pour avoir encouragé l’opération ? Les promesses, disait Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur français et soutien des éradicateurs algériens, n’engagent que ceux qui y croient !

La « menace islamiste »

Traumatisé par la mort de son frère Hocine, militaire pendant la « décennie noire », Bensaada agite la « menace islamiste » que représenterait, selon lui, la montée en puissance du mouvement d’opposition Rachad .

Mais il n’a pas encore osé trop s’attaquer au moudjahid Lakhdar Bouregaâ qui a rendu  visite, avec Mustapha Bouchachi, à Ali Belhadj, ex n°2 du FIS (Front islamique du salut), en février dernier.

Bensaada s’en prend principalement à Mourad Dhina, co-fondateur de Rachad  basé en Suisse, et à Larbi Zitout, ancien diplomate résidant à Londres, dont le programme est pourtant loin de celui en vogue du temps du Front islamique du salut (FIS). Diffamation encore…

Et moi, dans cette galère…

En rêve, je verrai bien le moudjahid Lakhdar Bouregaâ accéder à la présidence de la République et ordonner à l’armée de rentrer dans ses casernes. Quelle belle fin de carrière ce serait pour un homme qui n’a jamais courbé la tête ! Mais, c’est un rêve…

Avec beaucoup d’hirakistes et leurs soutiens, je pense que l’Algérie ne sera un pays vraiment démocratique que le jour où Ali Belhadj pourra se présenter à des élections.

Casser l’unité du mouvement populaire

Les arrestations de militants et la pandémie Covid-19 ne parvenant pas à étouffer la contestation du système, le ministère algérien de l’Information a vite compris que le livre de Bensaada pouvait susciter quelques zizanies, voire casser l’unité qui fait la force du mouvement populaire. Il a donné l’ordre à l’APS (agence de presse officielle) et à  la Chaîne 3 francophone d’en assurer la promotion.

« Un coup de poignard dans le dos du Hirak ? », était le titre de mon article consacré à la couverture du pamphlet d’Ahmed Bensaada. Il comportait un point d’interrogation. Après avoir lu le livre : je le retire.

 

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