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19 décembre 2024

                            LA LIBYE DE KADHAFI


 

 

LA LIBYE DE KADHAFI

Par Ginette Hess Skandrani

      Ma solidarité avec  la Jamarhiya libyenne

 

J’ai commencé à m’intéresser à la Libye et à son guide, Mouammar Kadhafi, au moment où l’ONU avec la résolution 748  de mars 1992 a imposé un embargo aérien et des sanctions économiques à ce peuple suite au refus du Congrès général de la Jamarhiya de livrer à la justice écossaise deux de ses ressortissants désignés par les USA et la Grande-Bretagne comme responsables de l’attentat de Lockerbie. Je connaissais déjà les positions de Kadhafi par rapport à son soutien aux Amérindiens qui se battaient pour récupérer leurs terres et auxquels il avait attribué un prix. Il a également soutenu les Kanaks dans leur combat de décolonisation, ainsi que les Basques et Irlandais, sans oublier les Palestiniens.

 

Mais je n’étais pas allée en Libye avant 1991, au moment où il était question de d’exclure la Libye de la communauté internationale en lui imposant cet embargo.

 

J’ai participé à plusieurs conférences internationales sur la Méditerranée à la croisée des chemins  en janvier 1993, sur la remise du prix Kadhafi aux enfants bosniaques en juin 1993, sur un  dialogue vert pour un autre ordre mondial en en novembre 1995, sur le statut de la femme en novembre 1996,  sur la démocratie directe en mars 1997, ainsi qu’au festival international de printemps pour la paix et la liberté en avril 1997.

 

J’ai également organisé plusieurs délégations   d’études et de rencontre avec les congrès de base, les comités populaires, les comités révolutionnaires et les comités de femmes, ainsi que des camps de vacances pour la jeunesse européenne.

 

Je dois reconnaître que les congrès et rencontres internationales organisées par les Libyens sont surprenants. Vous rencontrez, vous côtoyez, vous discutez avec des personnages que vous ne pouvez rencontrer nulle part ailleurs. Je me suis trouvée dans la salle à manger d’un des hôtels côtiers à côté de Nelson Mendela qui venait d’être libéré de prison. Un autre jour, j’ai croisé Hugo Chavez qui n’était pas encore président , Laurent Désiré Kabila  avant qu’il ne soit président de l’ex Zaïre, ou Museveni et  bien d’autres encore.

 

Combien de gens ai je croisés qui sont devenus célèbres ? Dieu seul le sait. J’ai également rencontré le guide de la Jamarhya à Tripoli ou à Syrte .

J’ai assisté à un congrès de deux mille bédouins, en présence du leader,  sous une grande tente en plein désert. C’était  une rencontre que je n’aurai raté pour rien au monde. Tous ces bédouins, souvent vêtus de peaux de mouton qui sortaient tout droit de leur oasis. Moi, la végétarienne, qui ne supportais même pas de passer devant une boucherie à Paris,  je suffoquais sous cette odeur de mouton. Mouammar Kadhafi était entouré de ses « Amazones légendaires », en treillis et avec des Kalachnikovs pointés sur l’assemblée.  Elles étaient postées derrière lui. Il y en avait également deux derrière moi.

 

J’ai souvent posé cette question : « Pourquoi le guide s’entourait-il de femmes comme gardes  de corps : « Plusieurs dirigeants ainsi que le guide lui-même m’ont répondu : « C’est qu’il a plus confiance dans les femmes, elles sont plus fidèles que les hommes ».

 

 

Il fallait vraiment avoir envie d’aller en Libye sous embargo. Le voyage devenait une véritable aventure. Au début nous passions par Djerba en Tunisie.

 

Les Tunisiens étaient très pointilleux envers les gens qui passaient la frontière pour aller en Libye,  alors qu’ils profitaient ouvertement des mannes que leur rapportaient tous les trafics qu’ils faisaient  via cette frontière. Ils nous contrôlaient et recontrôlaient des dizaines de fois sur la route menant à la frontière. Puis nous avions  six à sept heures de voyage à travers le désert avant d’arriver à Tripoli, exténués mais content de retrouver nos amis Libyens.

Comme le gouvernement tunisien s’en était pris aux gens qui allaient fréquemment en Libye, nos amis Libyens ont pris la décision de nous faire passer par Malte. Le voyage était plus long , car il fallait attendre le bateau qui faisait des traversées durant la nuit. Et comme Malte est très difficile d’accès surtout  quand la mer est un peu houleuse, il nous est arrivé de rester en rade sur le port ou de tourner durant trois jours autour du rocher sans pouvoir accoster. Nous nous sommes retrouvés, suite au festival  de Printemps en 1997, plusieurs dizaines de personnalités dont le philosophe Roger Garaudy, le neveu de Farakhan, un ministre yéménite, dans un bateau sans savoir si nous pouvions accoster. Etait-ce la légère houle ou la Rencontre Rabin-Arafat qui avait lieu au même moment à Malte qui nous a empêché d’accoster ? Nous ne l’avons jamais su, mais je pencherai plutôt vers la deuxième explication, vu que la mer était calme.

J’ai assisté, animé ou présidé de nombreux congrès, colloque ou réunion publique, en Europe ou dans le reste du monde Arabe, mais je n’ai jamais rencontré cette capacité d’écoute, d’échange, de débat y compris contradictoire ailleurs qu’en Libye.

 

 

Je garde surtout un souvenir inoubliable de ce congrès de femmes , où 18 femmes venant de toutes les contrées de la planète , d’une quinzaine de nationalité différentes, femmes du Sud et du Nord, de différentes cultures et religions, pratiquantes ou non, de gauche, de droite, politique ou associatives ont débattu ensemble sur le statut et les acquis du combat des femmes.

 

Quinze  ans plus tard, nous nous apercevons que peu de choses ont changé. La condition des femmes s’est largement dégradée en Irak occupé, en Palestine de plus en plus colonisée, ainsi que dans certaines autres régions du monde.

 

Le compte-rendu de cette rencontre a été diffusé en Libye mais n’a jamais trouvé preneur ailleurs

 

 

 

 

Congres de Femmes à Tripoli

 

. Malgré les inconvénients et les désagréments causés par l’embargo aérien imposé à la Jamahirya libyenne, malgré les difficultés du voyage, entre plusieurs avions et le bateau Malte-Tripoli, des femmes, venant souvent de contrées très lointaines, se sont déplacées pour cette cinquième table-ronde sur le statut de la femme dans le monde, sur les acquis et sur ce qu’il reste à conquérir ici ou ailleurs.

 

Nous remercions surtout deux femmes âgées de soixante-quinze ans, l’une Italienne, l’autre Néo-zélandaise, qui ont voulu apporter leurs témoignages sur leurs traversées de ce siècle que certains appellent les lumières, d’autres les ténèbres, tout dépendant de quel côté du colonialisme  on se place.

 

La majorité des femmes étaient âgées de quarante à soixante ans, deux Allemandes qui avaient la trentaine et une Canadienne de vingt-cinq ans. Les différentes  oratrices sont intervenues sur des sujets assez variés  : la femme et l’emploi, la femme en politique et dans le mouvement social, le statut de la femme, la culture et les différentes religions, les moyens de contraception et l’avortement.

 

Les intervenantes se sont exprimées sur les différences culturelles et sociales entre la civilisation occidentale écrasant toutes les autres et la multitude de civilisations existant sur l’ensemble de la planète.

 

Le débat entre toutes ces femmes venues des pays d’Europe, des U.S.A., du Canada, de l’Amérique latine, de Nouvelle-Zélande, du Japon, de différents pays arabes et de Guyane, était d’un haut niveau, surtout qu’elles ont su s’écouter malgré des analyses différentes et souvent contradictoires  sur le rôle de la femme dans la famille, la religion, la société , sur l’interdiction  ou l’autorisation de l’avortement.

 

Le Statut de la femme : problèmes et solutions

 

Toshiko HIMEOKA Japon, Professeur de la  Faculté pour les Relations Internationales est intervenue sur le statut de la femme au Japon et le récent débat sur la conception des droits de la femme japonaise.

 

 

La femme au Japon,  est soumise a des contraintes objectives, car le statut de la femme change avec l’histoire et l’évolution de la société.  Les femmes japonaises sont encore très arriérées par rapport aux mobilisations des femmes aux U.S.A. La société japonaise est et reste une société patriarcale. Il y a eu quelques améliorations, mais il reste encore beaucoup à faire. Les associations de femmes japonaises ont adopté deux projets :  1. Sur l’égalité des sexes,  2. Sur la lutte contre la ségrégation.

 

La femme japonaise est encore très démunie pour atteindre ces objectifs, face à une société traditionnelle, mais elle peut déjà améliorer sa situation. Elle attend beaucoup de la mobilisation internationale. Les droits de l’homme doivent être universels  c.à.d. homme et femme, mais chaque pays doit être pris en compte dans sa spécificité.  Il faut refuser l’exploitation de la femme et le harcèlement sexuel au travail ou ailleurs. Les Femmes japonaises ont été exploitées sexuellement pendant la guerre par les militaires et ceci,  aucune femme ne l’a oublié.

 

 

Martina KAMP  Allemagne, étudiante dans la Recherche Scientifique, est intervenue sur l’historique de la lutte des femmes et sur l’image de la femme du Maghreb et du Machrek dans les médias occidentaux.

 

« Ayant eu souvent l’occasion de me déplacer au Moyen-Orient, je me rends compte de l’énorme manipulation des médias en Europe ». Elles montrent les femmes des objets sexuels ou de plaisir. Le concept occidental s’est construit sur des contradictions tantôt attirant tantôt rejetant tout ce qui est exotique, mais toujours défini selon des critères européens. Chaque société est fondée sur une culture qui lui appartient en propre.

 

Nous sommes trop arriérés pour le comprendre. Déjà nous n’arrivons pas à établir des relations d’égalité entre l’Est et l’Ouest, il n’y a que l’hégémonie de l’ouest qui exige de l’Est de renier toutes ses valeurs qui ont été établies au fil des années. Comment pouvons-nous comprendre le rôle de la femme dans d’autres régions et d’autres civilisations ?

 

L’islam a joué un grand rôle dans la vie des femmes. Beaucoup de livres ont été écrits sur la place et le rôle de la femme dans les sociétés islamiques. C’est l’occident qui se voile la face sur cette civilisation et qui s’est inventé une conception occidentale de l’Islam qui n’a rien à voir avec la réalité et qui est toujours fondée sur l’exotisme alors que les Musulmans sont largement présents chez nous et enrichissent nos cultures.

 

 

Dr.Joussef Omar ALGHAZAL Libye, Directeur de l’Académie Verte, El Fatah Université où se passe le congrès est intervenu sur la femme libyenne dans la culture dominante.

 

Le siècle des lumières lié aux mouvements de colonisation a entraîné un mouvement arabe contre la colonisation culturelle et politique. Les intellectuels arabes du XIXe siècle, vers la fin de l’empire Ottoman, opposés à la turquisation  et contre l’occidentalisation ont combattu contre la tentative d’effacer notre personnalité, appelant à une stratégie d’interaction avec d’autres cultures pour vaincre le colonialisme culturel.

 

La culture est un être vivant qui se nourrit avec les autres cultures, et meurt donc s’il néglige ou combat les autres cultures. C’est l’interaction qui a donné la civilisation, l’interaction islamique liée à une histoire arabe globale. Le règne Al Moad, fondé sur la dynastie des familles soufies, l’histoire actuelle liée au passé, les sentiments de nos parents battant dans nos cœurs, notre mémoire, tout cela nous apporte le statut de la constitution de nos pays dans le Maghreb.  Un monde sans culture spécifique est une charogne et ne peut donc attirer que les charognes ou les chiens.

 

La culture arabe a besoin de diversité entre des cultures, de complémentarité entre l’homme et la femme pour fonder la mentalité arabe. Les traditions conseillaient aux hommes de porter des vêtements blancs et aux femmes de se voiler. Les Libyens appliquent encore aujourd’hui ces conseils. J’ai fait faire une étude sociologique à mes étudiants sur les relations  hommes-femmes. Ils ont interrogé neuf milles femmes, de tout âge et de toute profession. Les réponses étaient souvent partagées sur la préférence du sexe d’un bébé ou sur la place des femmes dans la société, par contre sur l’égalité entre l’homme et la femme les oui étaient nettement majoritaires.

 

 

Rose HOLLINS, Nouvelle-Zélande, de l’Institut du Droit International, est intervenue sur le statut de la femme et la lutte pour l’égalité sociale.

 

La lutte concernant l’émancipation des femmes n’est pas homogène, car il y a une différence entre la lutte et les objectifs finaux, selon que les femmes fassent partie d’une classe sociale ou d’une autre ou selon que la femme fait partie d’une civilisation dominante, la blanche ou celle des Maoris ou autres autochtones. Les objectifs à atteindre ne sont jamais les mêmes selon que vous faite partie de la majorité opprimante ou des minorités opprimées. Je milite pour l’indépendance des minorités opprimées, dont les femmes. Je ne me permets pas de mettre en cause les gens qui se battent au nom de l’Islam contre les complots ourdis par les capitalistes impérialistes.

 

Chez nous, les Tables-Rondes qui se tiennent et où l’on appelle les femmes à débattre, ce sont toujours les riches qui parlent aux riches et contre les pauvres. Il est nécessaire de faire une union entre toutes les forces quelles que soient leurs identités ou leurs cultures pour les droits de l’homme et les droits sociaux contre le capitalisme.

 

Les femmes ont besoin de lutter avec d’autres minorités, de combiner leurs forces pour faire échec au capitalisme, la lutte sera plus efficace. Il faut lutter ensemble pour mettre fin à l’oppression de toutes les minorités. De toute façon, le capitalisme est concentré entre quelques mains qui oppriment la majorité des populations, seulement certains sont plus opprimés que d’autres, donc se révoltent plus. La concurrence capitaliste a entraîné une confrontation des pays riches au détriment des pays pauvres. Le problème dont les femmes souffrent le plus en Nouvelle-Zélande, c’est le fléau social. Après la guerre, 20 % de femmes ont commencé petit à petit à travailler dans des emplois à temps plein, en 1995, il n’y en avait plus que 15 %. Nous sommes les premières victimes du chômage.

 

 

 

Jacqueline BUTRON Bolivie, du C.E.M.E.C. (centre de multiservices sur l’éducation et les cultures) est intervenue sur le rôle de la femme amérindienne en Bolivie.

 

En Bolivie sur une population de sept millions d’habitants, la coexistence entre les nombreuses ethnies, entre les différentes cultures est possible. Je ne dis pas que c’est parfait, mais j’ai beaucoup voyagé et je trouve qu’il y a une certaine tolérance dans mon pays alors qu’il y a une énorme variété géographique et culturelle. Tous peuvent s’exprimer. Depuis la création de la république, en 1925, l’état fait son possible pour faire cohabiter toutes les ethnies qui le composent. C’est un pays qui ne connaît de toute façon pas encore toutes les identités, les cultures et les ethnies qui font sa richesse.

 

La Bolivie, du fait de cette tolérance a pu acquérir un semblant de démocratie, une sorte de stabilité qui a permis de réformer l’enseignement aux différentes ethnies, un enseignement global, mais aussi indigène dans la mesure des connaissances. Il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un enseignement plus performant et pour permettre aux différentes couches de la société de participer aux gestions municipales et à l’exécutif. Par contre, la femme n’est pas vraiment protégée de l’exploitation. 65 % de femmes ne peuvent avoir accès à l’enseignement à cause de la pauvreté et de l’analphabétisme. Dans un pays ou 75 % de la population est autochtone, la femme autochtone vit en milieu rural et ne profite donc d’aucune facilité pour participer aux affaires sociales, d’ailleurs personne ne songe à lui en offrir les moyens. Les femmes, en milieu rural souffrent énormément du manque d’hygiène et d’assistance sanitaire.

 

 

 

Ginette SKANDRANI France, écologiste, Femme pour la Paix et Réseau de Solidarité avec le Peuple Palestinien est intervenue sur le rôle de la femme en politique et dans le mouvement social en Europe et particulièrement en France.

 

Dans le monde du travail, les femmes sont encore très minoritaires dans l’encadrement et dans les fonctions les plus valorisantes. Elles sont nettement moins payées, à niveau de qualification égale. Elles sont beaucoup plus touchées par le chômage et la pauvreté (12 % contre 8 % pour les hommes). Certains hommes politiques veulent carrément les renvoyer à la maison sous prétexte qu’il n’y a plus de travail pour tous. C’est sur elles que repose aussi la plus grande partie du travail domestique et l’éducation des enfants les contraignant souvent à faire des « doubles journées ». Ça tient particulièrement à nos modes de vie, ou, sous prétexte de rentabilité, la famille a été éclatée, l’entraide et la solidarité jetées aux oubliettes de l’histoire car non capitalisables.

 

D’une part, les mentalités ayant beaucoup de mal à évoluer, les longues études sont toujours réservées aux garçons, d’autre part on retrouve toujours dans les livres scolaires certains stéréotypes comme : maman fait la cuisine, papa travaille. Ce qui ne favorise pas la prise de conscience sur l’égalité des sexes. Quant à la publicité, elle reste toujours aussi sexiste en Europe. Ce n’est vraiment pas agréable de voir sur les murs les affiches de femmes nues vantant tel ou tel produit de consommation. En dehors de la sphère privée ou économique, l’inégalité la plus flagrante et qui perdure est bien du domaine de la politique, car les femmes sont très peu représentées dans les assemblées.

 

Malgré les grandes déclarations fracassantes, surtout en campagne électorale, sur le statut de la femme européenne, il me semble que le droit de la femme est surtout un concept qui sert à cacher la réalité de la politique et à donner des fausses leçons de démocratie aux pays du Sud.

 

« J’aimerais beaucoup comparer, au-delà des différences culturelles, le nombre de femmes élues ou assumant des postes de responsabilité dans les pays musulmans ». On nous soumet, par médias interposés, l’image de la femme musulmane, voilée, dépendante, exclue de toute décision qui doit correspondre à l’image de la femme occidentale, dénudée, inconsciente, charmeuse et dépravée distillée dans les pays arabes. Aucune de ces deux images ne correspond à la réalité. Il existe en France, comme dans tous les pays où la démocratie n’est que parlementaire, un foisonnement d’associations, et là, dans ce qui correspond à la réalité de la société civile, les femmes sont largement présentes et représentées.

 

Peut-être faudra-t-il instaurer une démocratie plus directe pour inciter les femmes à participer au débat politique ?

 

 

 

 LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIETE CONTEMPORAINE

 

 

Ornella SANGIOVANI, Italie, journaliste, est intervenue sur les femmes, l’Islam et le mensonge des médias occidentaux .

 

« Lors de la conférence mondiale de Pékin, les femmes ont exigé des mesures pour améliorer l’image de la femme dans les médias occidentaux ». Les médias occidentaux donnent surtout une mauvaise image de la femme musulmane par ignorance de cette religion.

 

La seule image qu’a l’Occident sur l’Islam c’est : le désert, les chameaux, le harem. L’image de la femme musulmane est donc liée à cette image : elle est soumise, elle est l’esclave de l’homme, elle est un jouet sexuel. Beaucoup de romans ont paru en occident sur les harems, les femmes voilées et violentées, le fantasme a fait le reste.

 

Certaines femmes maghrébines en Europe, plus occidentalisées que les occidentales, et se disant toujours progressistes sont intervenues dans les médias pour dénoncer le hidjab, l’esclavage du voile, ce qui n’a pas arrangé l’image de la femme musulmane. Tout le monde semble oublier aujourd’hui l’énorme progrès qu’il y a eu concernant la condition des femmes en Irak, longtemps avant la guerre. Nos médias montrent la Libye comme un pays traditionaliste, alors que nous savons qu’il y a l’égalité entre l’homme et la femme. La femme occidentale souffre aussi, comme partout, d’injustices, mais ce sont toujours les drames vécus par les femmes dans le monde musulman qui sont gonflés pour desservir l’Islam.

 

Pourtant, le Coran est traduit dans toutes les langues, il suffirait d’étudier l’Islam avec plus d’objectivité, pour s’instruire. Les médias insistent sur la polygamie, fabulent sur l’homme et ses quatre femmes et ne comprennent même pas que c’est très exceptionnel et que ce n’est pas une règle car peu d’homme peuvent entretenir quatre femmes en gardant la vie propre à chaque femme. Et ce n’est pas un fondement religieux.

 

La circoncision ou l’excision, le prophète n’en a jamais parlé. L’occident exploite la pratique de l’excision qui a existé avant l’Islam pour dénigrer cette religion.

 

 

 

Marcelle PERREIRA Guyane, du Mouvement Révolutionnaire, est intervenue sur la place des femmes dans le monde contemporain et les problèmes liés au monde contemporain.

 

Les problèmes de la femme ne sont pas les mêmes selon qu’on est d’un côté de la planète ou de l’autre. La femme arabe a d’autres problèmes que la femme des U.S.A, ou d’Europe. Il y a le problème de la religion dans certains pays, il faut donc les traiter d’une autre manière. Il y a la liberté de choix de l’individu, dans ou en dehors de la société. « Islam ne veut pas dire liberté de choix de l’individu, mais le choix que fait l’individu par rapport à la société ».

 

En ce qui concerne l’avortement, en Occident, la femme prend sa décision, chez les musulmans, l’enfant est voulu par Dieu, il faut respecter l’enfant. La liberté a différentes facettes, nos idées sont différentes. L’être humain obéit à des lois naturelles, mais il n’est pas tout seul, donc il faut aussi des lois sociales. Selon la troisième théorie universelle, Qadhafi insiste sur le côté naturel, nous sommes des êtres humains créés par Dieu, nous obéissons à des lois divines. Les hommes et les femmes sont tous les deux des êtres humains, il ne doit pas y avoir de différences.

 

Il y a des phénomènes naturels qui ont été dénaturés à cause de l’intervention des hommes. Nous devons veiller à comprendre nos différences, les étudier puis les dépasser. La mentalité occidentale n’a jamais fait d’effort pour comprendre les autres cultures. Elle a toujours voulu les façonner à son image. Si nous voulons comprendre notre époque nous devons réhabiliter toutes les cultures. Le monde actuel est très pauvre, non seulement au niveau culturel, mais surtout au niveau économique.

 

Les 3/4 de l’humanité subissent une pauvreté extrême et la domination du F.M.I, beaucoup de pays sont soumis à l’embargo décrété par les U.S.A., sur les peuples qui ne leur plaisent pas. Nous devons lutter contre l’impérialisme, car les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Il faut plus de compréhension et plus d’entente entre les peuples opprimés.

 

 

Thérésa ASSENCIO BRUGIATTELLE Italie, Présidente de l’Association Internationale des Femmes Juristes est intervenue sur la femme au seuil du troisième millénaire : bilan et perspectives.

 

Les femmes luttent déjà depuis deux cent ans pour leurs droits. En réalité cette lutte n’a été qu’une façade du patriarcat, qui a réduit la maternité à une simple reproduction, ce qui a fait que même certaines femmes étaient persuadées de la supériorité masculine. Le travail des femmes dont on nous parle, a toujours été un double travail sans rétribution.

 

Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que les femmes ont commencé à sortir de la maison, la parité des femmes passant par le travail à l’extérieur, bien qu’elles doivent aussi assumer celui de l’intérieur. Les femmes ont commencé à se réunir, à créer des associations, à produire des textes, à se mobiliser après la guerre. En 1975, les réformes ont apporté la reconnaissance parentale qui a remplacé la reconnaissance paternelle. Il y a eu beaucoup d’améliorations par rapport à l’éducation des petites filles en Europe.

 

En même temps la maternité a été reconnue comme une fonction sociale d’où l’obtention du congé parental. Les femmes participent largement à la création des richesses et des savoirs, mais la conquête des droits et de la parité en politique reste encore largement déficitaire. La Déclaration Universelles des Droits de l’Homme, du 8 décembre 1948, qui comprend un chapitre contre les discriminations, reste à appliquer au niveau politique.

 

 

Heike STRUCK Allemagne, étudiante, est intervenue sur le rôle de la femme en Europe de l’Ouest.

 

En Europe, les femmes n’ont toujours pas le même statut social que les hommes, car le travail des femmes n’est pas adapté à la spécificité féminine. Nous devons continuer à lutter pour acquérir nos droits. L’état a théoriquement ouvert tous les domaines aux femmes, mais la vie économique et sociale s’oppose à ce que les femmes prennent des places de décision.

 

La société ouest-européenne reste très masculine, d’ailleurs la Déclaration des Droits de l’Homme Française de 1789 à laquelle se réfère toute l’Europe a été écrite par un homme qui n’a même pas pensé à consulter les femmes. Les femmes ont donc été oubliées. Nous devons avoir les mêmes droits, nous sommes la moitié de l’humanité. La femme doit être inclue dans la Déclaration des Droits de l’Homme qui doit donner la liberté à tout le monde. Il y a actuellement en Allemagne une campagne pour la réécriture de la Déclaration.

 

Les femmes luttent depuis de nombreuses années pour la reconnaissance de leurs droits. Nous avons déjà obtenu quelques acquis, il faut continuer, car rien n’est définitif. Les femmes détiennent le droit de vote depuis 1908 en Allemagne, près d’un demi-siècle avant les Françaises. Nous intervenons aussi pour faire punir plus sévèrement les viols qui sont des crimes intolérables commis contre les femmes. Les différents colloques et tables-rondes, auxquelles nous participons sont toujours des activités importantes pour échanger mutuellement et nous remonter le moral. Les hommes veulent toujours d’avantage de libertés et la plupart du temps au détriment des femmes. Il serait temps de définir des principes fondamentaux pour élaborer des rapports respectueux des deux sexes, entre l’homme et la femme.

 

 

 

 QUEL AVENIR POUR LES FEMMES ?

 

 

 

Princesse  KAORU NAKAMARU Japon, Présidente de l’Institut International de Recherche pour la Paix dans le Monde est intervenue sur la paix dans le monde, actuelle et sa renaissance.

 

 » J’ai visité plus de cent cinquante villes du monde entier, j’ai voyagé partout, sur les cinq continents ». Les femmes rencontrent les mêmes problèmes partout, même si les cultures, la couleur de peau ou les réalités sont différentes. Pendant la guerre Iran-Iraq, des milliers d’enfants ont été tués. Ils pourraient aujourd’hui être des hommes et sont devenus des chairs à canon.  Des enfants, au lieu d’aller à l’école allaient se battre avec dans leurs jolies petites mains, une clef : la clef du paradis, quelle monstruosité et pour quel objectif. C’est révoltant pour des femmes.

 

Toutes les guerre qui ont eu lieu depuis deux cents ans ont été un complot de certaines forces du gouvernement de l’ombre : les multinationales. Et ceci selon un plan bien déterminé : concentrer les richesses du monde et les médias pour leurs objectifs. La paix mondiale et le nouvel ordre mondial sont des concepts utilisés par Georges Bush en s’appuyant sur les forces monopolistes et multinationales pour écraser l’Iraq.

 

C’est vingt-quatre familles qui détiennent les banques américaines et qui ont constitué des lobbies et sont donc très puissantes. La richesse des U.S.A s’est créée par les différents impôts qui ont été prélevés pour combattre le communisme, mais en réalité cette richesse accumulée n’a servi qu’à enrichir certains banquiers et à imposer leur ordre au monde. Je suis étonnée de l’hypocrisie de tous les pays qui sont au courant. Seul Qadhafi a osé le dénoncer. Il faut une renaissance de la spiritualité pour sauver l’humanité car les humains se sont déviés de la vie spirituelle. Les Chrétiens sont devenus matérialistes, il faut retrouver l’esprit du début du christianisme. Le XXe siècle sera religieux ou ne sera pas.

 

 

 

Dr. Zaynab ZOHRY, Libye est intervenue sur l’avenir de la femme.

 

L’exploitation des femmes est universelle, elle prend des formes différentes selon les pays, les cultures, les traditions. Il nous faut aujourd’hui prévoir l’avenir et voir comment nous pouvons lutter pour planifier d’autres relations entre les hommes et les femmes, tout en respectant nos différences et nos spécificités. Nous vivons aujourd’hui dans une société planétaire avec beaucoup de conflits sociaux, politiques, culturels, philosophiques, raciaux, la femme est présente dans chacun de ces conflits. L’égalité entre les hommes et les femmes passe par l’enseignement et surtout par le type d’enseignement que la femme peut réaliser.

 

« J’ai dû rompre mon mariage, car mon mari ne voulait pas que je fasse de très hautes études et que je sois plus instruite que lui. Une autre dame a voulu faire comme moi, mais elle avait une petite fille de huit ans et leur famille a été détruite. Vous voyez bien que ce n’est pas évident de devoir choisir ». Le droit de la femme est une notion relative selon les sociétés.

 

Le capitalisme donne une certaine égalité entre l’homme et la femme dans l’éducation, car il profite des connaissances acquises pour mieux exploiter les intellectuels. Mais n’importe comment, l’enseignement joue un rôle dans l’épanouissement de la personnalité. Les tentatives de certains scientifiques, pour accaparer toutes les données doivent être démontées, pour voir comment créer un enseignement adéquat à la vie et apporter à la société de meilleures connaissances.

 

Les économistes doivent juste donner les moyens pour gérer l’économie, il ne faut surtout pas qu’ils deviennent des maîtres à penser. Il ne faut laisser le pouvoir ni aux scientifiques ni aux économistes. Toutes les pensées doivent être complétées et améliorées aujourd’hui. Chez les communistes, l’homme est l’élément principal et central, chez les capitalistes, l’enseignement se contente de former des cadres pour la société, capables d’élaborer les besoins pour les marchés et non selon la personne humaine. Les deux idéologies ont tort. Il faut revoir tous ces concepts.

 

 

 

Pamella  SAFFER, U.S.A, Ligue des Femmes pour la Paix et la Liberté, est intervenue sur les femmes dans le monde : un instrument pour la paix.

 

« J’ai travaillé dans les affaires sociales et dans le textile, j’ai donc eu l’occasion d’observer les différences sociales. J’ai eu l’occasion de travailler  au Nicaragua comme observatrice. J’ai vu dans de nombreux pays du nord au sud de l’Amérique la terre et l’environnement détruits par les sociétés pétrolières et l’exploitation massive des forêts et des champs, plus la violence envers les populations indigènes et la pauvreté ».

 

Pour mettre un terme à toutes ces violences, il faut en rechercher les causes, et faire un inventaire des besoins prioritaires. L’armement n’est déjà pas une priorité, ni un besoin car les gens meurent par milliers à cause des guerres et à cause des budgets investis dans les armes et les armées.

 

Il y a deux poids, deux mesures, car l’O.N.U. essaie d’imposer ses points de vue par la force, ce n’est pas admissible. Les cinq membres du Conseil de sécurité qui jouissent du droit de veto sont des marchands d’armes et des massacreurs. Ils sont responsables de la mort de nos enfants. En Iraq, beaucoup d’enfants sont morts et continuent à mourir, au Rwanda, 80 % des enfants sont cachés et en danger de mort. Les femmes travaillent depuis de nombreuses années pour la paix et la résolution des conflits par la non-violence. Il faut inverser les concepts : la culture de la guerre doit devenir une culture de la paix. Il faut travailler avec les hommes pour les empêcher de mettre en pratique leur culture guerrière.

 

 

Margaret JONES, Nouvelle-Zélande est intervenue sur le statut des femmes : réalité et idéal.

 

« Je suis née en 1920, j’ai cinq enfants et huit petits-enfants, je suis membre de trente associations  allant du sport à la nourriture  saine, des droits humanitaires à la santé, je ne peux tout énumérer ». Il n’y aura jamais de démocratie nulle part si la femme n’a pas sa place en politique, car la réussite politique est basée sur la participation. Nous devons étudier ensemble tous les problèmes. Avant tout la santé, notre manière de nous habiller, de manger, car les produits chimiques qui sont déversés partout, les textiles qu’on fabrique, tout cela donne le cancer. En tant que femmes, responsables de la santé de nos enfants, nous devons dénoncer tout cela. Les maladies dues à la pollution, à la voiture, aux insecticides, aux pesticides, si nous ne prenons garde il n’y aura plus d’avenir. Imaginez les pays pauvres qui subissent tout cela, nous venons nous à peine de prendre conscience du drame crée par l’humanité.  J’encourage toutes les femmes à mener ce combat urgent.

 

 

 

Deborah Anne FRANKEL  Canada, étudiante en cybernétique et technologie moderne, est intervenue, sur l’implication des femmes dans les technologies modernes.

 

Le gouvernement Canadien est comme un thermostat qui concentre tout le pouvoir. Tantôt il penche à gauche, tantôt il penche à droite, mais c’est toujours lui et lui seul qui diffuse la température et la température reste aux mains des hommes. Il faut que les femmes arrivent à mieux analyser les informations et pour cela il faut déjà avoir accès aux différentes informations à travers Internet. Il y a déjà un effort de fait par rapport à l’infomatique, car peu de femmes savaient encore l’année dernière se servir d’un ordinateur et connaissaient toutes les ficelles de la programmation.

 

Si nous laissons la maîtrise des technologies nouvelles aux hommes, c’est comme si le mouvement des femmes n’avait jamais existé. Il faut combler notre retard et nous emparer de tous les moyens informatiques et surtout nous servir d’Internet pour avoir accès aux nouvelles et pour diffuser des informations. J’encourage toutes les associations de femmes à s’emparer des moyens que la modernité met à notre disposition.

 

Toutes les conférencières présentes ont signé un Appel traduit dans toutes les langues représentées, adressé aux Nations Unies et au Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant la levée immédiate de cet embargo honteux qui pénalise injustement le peuple Libyen et spécifiquement les femmes et les enfants. Cet Appel sera diffusé dans nos pays respectifs pour inciter les femmes à le signer largement.

 

Notre congrès s’est terminé vers vingt heures, après un débat très animé et très ouvert, car pour arriver à un consensus et à une résolution  finale  prenant en compte toutes les sensibilités, à la fois sur l’égalité  entre les hommes et les femmes, le droit à l’autodétermination des femmes, les droits féminins, le droit à un enseignement non sélectif, le droit des femmes dans le monde islamique  ou dans d’autres régions du monde, la réécriture des différentes civilisations, le rejet des stéréotypes, le combat pour la paix, le désarmement et la justice, la réécriture de la Déclaration des droits de l’homme… nous savons qu’il nous reste un long chemin à parcourir.

 

Nous savons aussi que c’est ensemble, femmes du Sud et du Nord, en prenant en compte toutes nos différences, nos faiblesses et nos forces que nous y arriverons.

Un dîner offert par la Jamahiriya a réuni l’ensemble des conférencières, les étudiantes, les femmes libyennes, les traducteurs et tous ceux et celles qui ont permis que cette table-ronde se passe dans les meilleures conditions.

Le lendemain, lundi, avant notre embarquement, nous avons visité Tripoli, le centre, les souks et la Médina. Nous avons visité les fouilles romaines, phéniciennes ou puniques de Shébrata, au bord d’une Méditerranée si bleue à en faire rêver, nous avons discuté et plaisanté avec de nombreux Libyens ou Libyennes, qui contrairement à tous les stéréotypes d’ici sont très ouverts et très accueillants

.Décembre 1996

.

 

 

 

 

LA SOCIETE LIBYENNE, LES CONGRES POPULAIRES, LES DIFFERENTS COMITES

 

 

« La Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste » est dirigée par l’ensemble des Congrès Populaires, les différents comités auxquels participe l’ensemble de la population. Ces différents Congres populaires : les Congrès Principaux, Secondaires, Municipaux, le Congres Général, les Comités Sectoriels, puis les Comités révolutionnaires, sont difficile à comprendre, à étudier, à expliquer. En effet, la différence de conception d’organisation et de gestion de la société  au delà de la différence culturelle voire civilisationnelle est énorme.

 

Dans nos sociétés où tout accès au bien être ou tout simplement à la décence de vie se fonde sur la compétition en se servant des conflits et rivalités pour opposer les individus, les groupes, les communautés, où tout se définit par la course au pouvoir, au désir de posséder toujours plus, d’être le meilleur, le seul, des sociétés fondées sur la participation, la palabre, le débat et la démocratie de base paraissent utopiques.

 

Même si nous sommes conscients que notre système de pensée, d’organisation, de mise en  pratique sociale ou politique génère toute une série d’exclusions, de frustrations, de violences, d’atteintes à la vie sociale et environnementale, nous nous imaginons toujours pouvoir l’améliorer et nous refusons de chercher à comprendre ce qui se fait et s’invente ailleurs, surtout si cet ailleurs est qualifié de pays terroriste, car essayant d’inventer une autre forme d’organisation de sa société en dehors des sentiers battus.

 

J’ai été surprise, durant les nombreux séjours effectués à Tripoli, Syrte, Mosrata , Sebrata ou ailleurs, de la facilité de discussion des Libyens/ennes sur leur société, l’élaboration des projets, les prises de décision, leur esprit critique, leur conscience planétaire.

 

J’ai rencontré des gens engagés à différents niveaux dans les Congrès, très ouverts, très communicatifs et en même temps très curieux de nos modes de vie, de notre culture et de tout ce qui se passe au delà de la Méditerranée.

 

Les femmes surtout, certaines vêtues à l’orientale d’autres à l’occidentale, très présentes dans les  différents congrès, nous posent beaucoup de questions sur la place des femmes dans les sociétés européennes, veulent échanger les expériences vécues et les acquis sur le statut de la femme. Elles nous expliquent qu’elles participent à toutes les décisions, à la gestion, à l’élaboration des projets et savent – contrairement aux idées reçues –  s’imposer dans les débats. Elles se réunissent aussi dans des comités populaires spécifiquement féminins pour apporter des propositions communes dans les différents congrès.

 

 

J’ai écrit une brochure sur la participation de la population dans les différents congrès suite à un voyage de rencontre avec les différentes composantes de la société libyenne.

J’ai également , avec d’autres,  sorti une revue sur la démocratie directe, en relation avec les comités révolutionnaires libyens et les congrès populaires.

 

 

 

 

 

 

LA PARTICIPATION DE LA POPULATION DANS LES DIFFÉRENTS CONGRES .

 

 

Le congres principal ou de base.

 

Le congrès principal ou de base dépend de la situation géographique, de la tradition  et de la population qui y réside. Les habitants d’un village, d’un quartier – d’un lieu de campement pour les nomades – se réunissent et fondent un congrès de base. Ils discutent d’un problème spécifique les concernant directement  – la construction d’une route, d’une école ou autre lieu public etc. -; ils font des propositions, en débattent et cherchent des moyens pour résoudre ce qui pose problème, en y associant étroitement les opposants au projet. Les discussions peuvent durer longtemps pour trouver un compromis acceptable par tous et qui ne lèse personne.

 

Tous et toutes, dès l’âge de 16 ans sont impliqués dans les congrès : hommes, femmes, vieux, jeunes, avec ou sans appartenance politique ou sectorielle. Une personne = une voix.

Tous négocient ensemble avec comme objectif de préparer les propositions qui seront à leur tour discutées dans les autres congrès populaires : les congrès secondaires, puis municipaux pour ce qui concerne la région ou le département, le congrès général pour ce qui concerne l’ensemble du pays.

Tous les membres de ces congrès, principal ou de base sont en même temps impliqués de par leur profession ou leur fonction dans différents congrès catégoriels : ouvriers, paysans, étudiants, commerçants, artisans, artistes, fonctionnaires, intellectuels, scientifiques, etc. Ils peuvent aussi créer ou s’intégrer dans des comités populaire selon leur rôle social ou associatif.

 

Ces différents comités fonctionnent comme les congrès de base, c’est à dire :  en démocratie directe., fondée sur la recherche du consensus. Ce qui est souvent très long et très astreignant, mais ne lèse personne car tout le monde peut s’exprimer et intervenir directement  dans le débat de société sans être représenté par un délégué. Les congrès de base responsabilisent surtout les jeunes, car tout y est discuté : l’économie locale et générale, le social, la culture, la gestion, les arts, l’environnement et le cadre de vie.

 

Chaque congrès dispose d’un secrétariat désigné selon les compétences de chacun. Il convoque les réunions et prépare l’ordre du jour, rédige les résolutions adoptées et les rapports qui seront proposés aux autres congrès avant d’atterrir au congrès général. Chaque congrès est assisté de deux juristes désignés par le congrès.

Tout habitant du lieu assiste à ces congrès de base, même les membres du congrès générale qui gèrent le pays.

 

Plusieurs commissions sont rattachées à ces congrès de base, plus ou moins nombreuses, selon le nombre d’habitants ou selon les dossiers à discuter. Les décisions finales sont prises par l’ensemble du congrès de base, du secrétariat, des commissions, des comités populaires. Cet ensemble s’appelle  » l’Union Populaire Générale  » applique les décisions concernant le local. Il a aussi son propre secrétariat, désigné comme celui du congrès de base; selon les compétences, l’ancienneté ou l’investissement dans le congrès.

Il n’y a pas d’élections, personne ne délègue sa voix, les décisions se prennent à main levée, chacun s’implique directement.

Le congrès de base villageois ou de quartier est le lieu de proposition le plus important, c’est pour cette raison qu’il est appelé  » congrès principal « .

 

 

 

Les congrès secondaires et municipaux :

 

Les décisions du congrès de base ou principal passent par un congrès secondaire qui fonctionne de la même façon que le congrès de base ou que chaque comité populaire. Après discussion et résolution des différents dossiers au congrès de base, puis secondaire, les propositions arrivent au congrès municipal.

Les congrès secondaires, puis municipaux affinent les propositions des congrès principaux avant de les appliquer au niveau local puis régional.

 

Le congrès général populaire :

 

L’ensemble de tous ces congrès constitue le  » Congrès Général du peuple Libyen  » qui gère tout le pays. Il est composés de 5OO personnes qui sont  pratiquement  toutes passées d’un congrès à un autre, toujours selon leur compétences, leur investissement, leur ancienneté et qui continuent à y participer.

Le rôle du congrès général populaire est de réunir tous les congrès de base, leurs secrétariats, leurs comités populaires, leurs différentes commissions, les congrès secondaires et municipaux entre eux et d’appliquer les décisions prises qui concernent le pays.

Tous ces congrès – où les hommes et les femmes sont représentés à égalité – se réunissent au minimum trois fois par an.

Ils sont issus de l’enseignement de l’Islam, donc ne sont pas coupés des racines, de la tradition, de la culture, de la spiritualité.

 

Le congrès général du peuple arabe :

 

Un congrès général du peuple arabe avec des représentants des Etats et des peuples arabes, largement transfrontière et des immigrés arabes travaillant en Libye a été fondé en 1977 et tente d’unifier le monde arabe.

 

 

 

L’ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ LIBYENNE

 

L’ensemble de la société, ainsi que toutes les structures économiques, sociales, culturelles, artistiques, sanitaires ou autres, fonctionnent sous les mêmes principes. Les facultés, les entreprises, les centres de soin, les hôpitaux, les centres de sécurité sociale que j’ai visité sont en autogestion, les décisions sont prises à la bas et par tous.

 

L’économie, les finances :

 

Le congrès général populaire s’occupe de la gestion de tous les biens liés aux ressources pétrolières,  des importations, exportations des gros investissements civils et militaires.

Il n’y a pas de prélèvement de taxes ou d’impôts d’aucune sorte sur le peuple. L’eau, l’électricité ainsi que le téléphone local, l’habitation, l’enseignement primaire comme secondaire ou universitaire est fourni gratuitement.  Le logement  est attribué selon la grandeur de la famille et donc de l’espace qui lui est nécessaire. Personne n’est propriétaire ou locataire de son habitation. Les biens immobiliers sont gérés par le congrès et appartiennent à la collectivité. La propriété privée n’existant pas, le principe est le même dans les entreprises  : personne ne peut employer quelqu’un donc exploiter quelqu’un,  chacun est son propre patron. L’ensemble de la société définit les besoins et répartit la production et les biens selon les besoins de chacun.

Les entreprises :

 

Dans les unités de production et usines textiles que nous avons visitées, les ouvriers / ères gèrent eux et elles même leurs entreprises. La production, les horaires de travail, l’achat des matériaux, la vente de la production, le budget investi  et réinvesti, le tarif horaire, le nettoyage, tout est discuté et appliqué en commun à travers les comités populaires.

La sécurité sociale :

 

Tous les soins sont gratuits : visite médicale, médicaments, hospitalisation, rééducation etc……

La sécurité sociale couvre tous les risques – maladies accidents – et, pour les inactifs  – chômeurs, malades, personnes handicapées, âgées – fournit une allocation.

Les retraites : La retraite se prend en principe à 55 ans pour les femmes, à 65 ans pour les hommes. Mais chacun peut choisir sa retraite. Ceux ou celles qui ont travaillé durant vingt ans peuvent cesser leur activité. Ils touchent 80% de leur retraite. La base de calcul de la retraite est de 30% plus élevée que le salaire. C’est le congrès général populaire qui redistribue toutes les retraites ainsi que les autres allocations.

 

Les facultés :

 

Les étudiants participent à travers les comités au choix des disciplines, des filières, à la gestion, à l’administration de leur université. C’est une décision collective entre professeurs, étudiants et administration qui prévoit la gestion de l’année à venir. Nous avons visités plusieurs facultés et avons constaté qu’elles fonctionnent toutes sur le même principe. Elles sont surtout très mixtes. Nous avons  constaté que pour les études supérieures – surtout concernant le troisième cycle – , dans n’importe quelle discipline, les jeunes filles étaient plus nombreuses que les garçons.

J’ai souvent participé à des colloques, congrès ou rencontres , fait des interventions ou présidé des débats sur différents sujets – démocratie directe, écologie, pacifisme etc

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