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25 avril 2024

Lettre du Collectif Afrique


(CA), collectifafrique1@gmail.com – – avril 2021-

RAPPORT DUCLERT EN FRANCE

ENCORE UNE RECONNAISSANCE INSUFFISANTE

DE LA RESPONSABILITE ETATIQUE

DANS LE GENOCIDE AU RWANDA  

Qui se souvient de la « mission d’information » de l’Assemblée Nationale présidée par M. Paul Quilès du 15 décembre 1998 qui concluait à des « erreurs d’appréciation », à « la sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais », à « L’absence de liens avec les milices » pour charger « les carences, puis les erreurs de l’ONU », « l’impuissance de l’ONU » et « la responsabilité de la communauté internationale » ?

Dans sa lettre en date du 5 avril 2019 confiant à M. Duclert la présidence de la « commission de chercheuses et de chercheurs français », le président Macron en fixe ainsi les objectifs : « 1. De consulter l’ensemble des fonds d’archives françaises relatifs à la période pré-génocidaire et celle du génocide lui-même ;2. De rédiger un rapport qui permettra :• d’offrir un regard critique d’historien sur les sources consultées ; • d’analyser le rôle et l’engagement de la France au Rwanda au cours de cette période, en tenant compte du rôle des autres acteurs engagés au cours de cette période ;• de contribuer au renouvellement des analyses historiques sur les causes du génocide des Tutsi, profondes et plus conjoncturelles, ainsi que sur son déroulement, en vue d’une compréhension accrue de cette tragédie historique et de sa meilleure prise en compte dans la mémoire collective, notamment par les jeunes générations ».

Le rapport Duclert ainsi commandé par l’Etat français est donc censé répondre à la question suivante : «  La France, par son soutien au régime d’Habyarimana et à son armée, porte-t—elle une responsabilité dans l’extermination des Tutsi et la généralisation des massacres ? Les institutions compétentes, les autorités en charge d’une telle politique avaient-elles connaissance de la possibilité d’un génocide qui, de ce que nous savons des enseignements de l’histoire, est prévisible puisque programmé, planifié, dirigé vers un groupe désigné, victimes ciblées pour leur appartenance supposée, et massacrées avec une volonté caractérisée de violence et de cruauté sur les personnes ? Quels ont été les obstacles qui ont empêché la France de voir et de comprendre ? Pourquoi une politique de prévention et de répression n’a telle pas été enclenchée conformément à la convention sur les crimes de génocide du 9 décembre 1948 des Nations unies, dont la France est signataire depuis le 14 octobre 1950 et que l’état, ses agents, ses autorités ne peuvent théoriquement ignorer » (p.26).

A la différence du rapport Quilès, la direction prise par le rapport Duclert pour répondre à ces questions est ainsi formulée :  « Ces questions graves mais nécessaires, qui relèvent de la responsabilité de chercheurs travaillant sur la base d’objectifs de savoir comme ceux décrits dans la lettre de mission, ne résultent pas de reconstructions à posteriori, ou d’anachronismes. Le génocide des Tutsi est constaté et reconnu publiquement en France le 16 mai 1994. Pour ce qui est de sa possible préparation, des alertes apparaissent dès la fin de l’année 1990. Elles émergent des archives étudiées. Quel crédit, quelles significations ont été donnés à ces avertissements ? Des décisions ont-elles suivi ? Se pencher sur la relation entre l’engagement de la France au Rwanda et le processus génocidaire qui s’y développe contre la minorité tutsi, sur fond de graves violences politiques, conduit donc à une triple interrogation. Que savait la France de la préparation du génocide ? Sa politique ou ses politiques étaient-elles adaptées aux risques perçus ? Quel soutien a-t-elle reçu de ses partenaires et des organisations internationales pour appréhender cette réalité pré-génocidaire ? » (idem).

Ce passage fait allusion aux limites de la recherche historique qui ne permet pas d’établir la responsabilité directe dans le génocide de Mitterrand, président alors, mais qui avait en tant que Ministre de l’Intérieur puis de la Justice une longue expérience des massacres coloniaux notamment en Algérie : « Cela a conduit la Commission à s’appuyer presque exclusivement sur des sources écrites. Des faits et des données, qui n’ont pas été consignés par écrit échappent ainsi à l’analyse. Par exemple, la difficulté de reconstituer ce que l’on nomme les « directives présidentielles », communiquées lors d’entretien en tête-à-tête, les « ordres à la voix » dans les armées, les « entretiens informels » dans la diplomatie, les communications téléphoniques qui ne laissent pas de traces a rendu plus difficile l’analyse des processus de décision et la reconstitution des chaînes de commandement ».

Ce réaménagement de l’histoire correspond à une évolution en cours de la stratégie françafricaine de l’impérialisme hexagonal qui s’est manifestée par la présidence rwandaise de la Francophonie. C’est ainsi que ce « rapport Duclert, divine surprise, agit comme un ‘déverrouilleur’ de mémoire » selon une certaine presse. Mais ce rapport est d’abord, sans jamais le dire explicitement, un démenti apporté à la fois à la thèse de Mitterrand sur « le double génocide » au Rwanda, celui supposé du Front Patriotique Rwandais (FPR) et celui du Hutu-Power, et au rapport de la « commission d’information parlementaire de Quilès » qui cherchait à donner quelque consistance au camouflage de la responsabilité directe du gouvernement de la cohabitation Mitterrand – Balladur, « gauche-droite ».

La France officielle qui commet des crimes à l’insu de son opinion citoyenne commence à lever un coin de voile sur sa lourde implication dans le crime contre l’humanité après avoir longtemps menti sur son vrai rôle dans le génocide d’un million de Rwandais.

Alors complétons les insuffisances du rapport Duclert par le « rapport » que nous avions en tant que « Collectif Rwanda », né le 7 juillet 1994, produit et diffusé par nos moyens propres à l’époque pour demander UN NUREMBERG TROPICAL des bourreaux rwandais et français du CRIME CONTRE L’HUMANITE AU RWANDA.

CRIME CONTRE L’HUMANITÉ AU RWANDA

Les images insupportables de la tragédie rwandaise et la propagande hypocrite qui accompagne ces images en insistant sur la présence dite « humanitaire » de la France au Rwanda ne peuvent nous faire oublier le soutien de l’impérialisme français à l’ancien régime fasciste rwandais auteur de l’un des plus importants génocides que le XXème siècle aura connu.

Nous ne pouvons oublier non plus que l’intervention en juin dernier des armées coloniales françaises visait à porter secours à l’armée fasciste en déroute et à empêcher une victoire de l’armée de libération nationale du Front Patriotique Rwandais (FPR). Et on ne saurait accepter que continue à être camouflé aux yeux de l’opinion publique le fait que l’occupation militaire d’une partie du territoire rwandais par la France vise en réalité à créer un « sanctuaire » pour la réorganisation des forces de l’ancien régime fasciste. Lesquelles forces souhaitent aujourd’hui reconquérir le Rwanda pour le compte de leur maître français.

Tout le monde peut aujourd’hui se rendre à l’évidence que les discours mensongers de ces dernières années sur la transition « démocratique » en Afrique ont fait-place à l’agressivité redoublée des puissances impérialistes après la disparition du camp socialiste. Après la Somalie, après la dévaluation de 50% du Franc CFA (qui a abaissé brutalement le pouvoir d’achat des peuples africains de la zone économique dominée par l’impérialisme français et a multiplié par deux la dette de ces Etats africains), c’est donc au tour du Rwanda, ravagé par les fascistes alliés de la France de subir les affres de l’occupation militaire sous le prétexte colonialiste de «l’ingérence humanitaire»: La volonté de l’impérialisme français de se maintenir coûte que coûte dans la région stratégique des Grands Lacs africains n’aura épargné ni vieillards, ni femmes, ni enfants, ni bébés, et aura coûté au peuple rwandais plus d’un million de morts et trois millions de réfugiés dans et hors du pays, dont plus d’un million de personnes chassées vers Goma au Zaïre par les fascistes en fuite, lesquels « réfugiés » sont aujourd’hui victimes en masse du choléra (il y a 3.000 morts dans cette base arrière de l’intervention « humanitaire » de la France, alors qu’on n’en meurt pas dans les 90% du territoire rwandais libéré par le FPR!).

LA NATURE FASCISTE DE L’ANCIEN RÉGIME RWANDAIS

Comme partout en Afrique pour la défense de leurs intérêts prédateurs, les puissances impérialistes ont toujours suscité les divisions dites « ethniques ». Le Rwanda en est un bien triste exemple. La différence Hutu-Tutsi, à l’origine, n’est pas ethnique et d’ailleurs ces deux communautés ont encore aujourd’hui la même langue et les mêmes coutumes. La différence est un historique clivage social héréditaire pré-colonial d’une domination sociale des Tutsis dans un système monarchique. Suivant la politique de «diviser pour régner», la puissance coloniale belge (qui avait pris le relais de l’Allemagne en 1918) a transformé ce clivage social entre Tutsis et Hutus en lui donnant une tournure ethnique et raciale.

Pour que la « décolonisation » s’effectue sans trop de dommages pour ses intérêts, l’impérialisme belge a pris les choses en main au début des années 60 en scindant le Burundi-Rwanda en deux Etats ethniques. Toujours le «diviser pour régner». Au Burundi, l’élite tutsie conserva le pouvoir, mais au Rwanda le « décolonisateur » belge favorisa la prise de pouvoir par les Hutus en 1959. Cette « tactique » belge se solda au Rwanda par le massacre de dizaines de milliers de Tutsis et l’exode d’un demi-million de personnes: au total le nombre de Tutsis au Rwanda baissa de 50%!

Désormais, au Burundi une dictature pro-occidentale régnait en justifiant sa domination en jouant de la peur d’une «subversion hutue» et au Rwanda une autre dictature pro-occidentale y régnait en justifiant sa domination par le fait qu’elle représentait «naturellement la majorité hutue». Et depuis cette fameuse « décolonisation » belge, à intervalles réguliers, des purifications ethniques furent organisées dans ces deux semi-colonies ethniques. Mais bien sûr, jamais alors les impérialistes (belges ou français) n’envisagèrent de monter sur pied une opération «d’ingérence humanitaire» pour soi-disant « aider » les victimes leurs alliés n’étant pas directement menacés par la résistance patriotique antifasciste.

Le dictateur rwandais Habyarimana tué en avril dernier arriva au pouvoir en 1973.Et cette arrivée fut accompagnée d’un massacre de Tutsis. Habyarimana instaura un système discriminatoire dont le modèle est l’apartheid sud-africain. L’appartenance ethnique de chaque rwandais était inscrite sur les papiers d’identité.

Des quotas ethniques répartissaient les places dans l’enseignement (diplômes, bourses…) dans l’administration et la fonction publique. Les médias, comme le mensuel « Kangura » et la tristement célèbre radio « Mille Collines » qui a encouragé les massacres en avril-juin servaient à la promotion du culte de la « race pure » sur le modèle nazi des années 30-40. Et la séparation ethnique fut étendue à la sphère de la production par l’imposition du regroupement des Tutsis «traditionnellement pasteurs» dans des «ranchs» et des Hutus «traditionnellement paysans» dans des «paysannats». Même la constitution et les autres lois du pays n’échappaient pas au leitmotiv de la « pureté de la race Hutue ».

De plus, à la division fondée sur l’appartenance communautaire, Habyarimana ajouta une nouvelle division du peuple fondée sur l’origine régionale. L’apartheid ethnique fut grossi d’un véritable apartheid géographique, le clan familial au pouvoir (originaire du Nord-Ouest du Rwanda) se présentant comme l’incarnation de la “pureté” raciale et culturelle du peuple étant son protecteur naturel contre les corps étrangers menaçant sa cohésion. Le cumul des fonctions politiques et administratives finit par instituer une oligarchie de type clanique et mafieux: par exemple la très grande majorité des officiers supérieurs de l’armée était originaire de la région natale du dictateur! Et les trois quarts des hommes de troupes eux-mêmes furent longtemps recrutés dans la partie nord du pays.

Pour bien montrer la nature de l’ancien régime, il est bon de citer les résultats de la Commission Internationale qui a visité le Rwanda du 7 au 21 janvier 1993 durant 14 mois avant le début du génocide: «Les violations commises par l’Etat rwandais ont été commises de manière massive et systématique avec l’intention délibérée de s’en prendre à une ethnie déterminée de même qu’aux opposants politiques d’une manière générale. (. . .) A cet égard, la responsabilité du chef de I’ Etat et de son entourage immédiat, entre autres familiale, est lourdement engagée. Habyarimana règne en maître par l’intermédiaire de ses milices armées illégales qui sèment la terreur» (cité dans La Croix-L’événement, 21-23 mai 94). Il va sans dire que la France n’a jamais jugé bon de condamner le régime.

L’OPPOSITION: LE FRONT PATRIOTIOUE RWANDAIS (FPR)

Un tel système tribaliste de « pureté ethnique » ne pouvait manquer de susciter une forte opposition démocratique. Cette opposition est composée de plusieurs petits partis qui sont nés après 1990 quand le régime d’Habyarimana a accepté le multipartisme, et ce pour faire plaisir à la France dont toute la tactique, après le discours de Mitterrand à La Baule en 1990, était d’entreprendre un ravalement de façade de ses semi-colonies africaines par le biais du vaste cirque de la « transition démocratique ».

Mais la force principale de l’opposition était le Front Patriotique Rwandais (FPR), un mouvement qui, bien entendu, ne fut jamais reconnu par Habyarimana, ce qui jette une lumière crue sur la nature du « passage au multipartisme » tant vanté, surtout quand on sait que le dictateur a commencé à faire des discours sur la « démocratie » le 1er octobre 1990, c’est-à-dire au moment même où le FPR était prêt à libérer militairement Kigali (la capitale rwandaise). En lâchant un peu de lest à son opposition interne dite “modérée” qui était prête à se montrer conciliante, le régime Habyarimana aux abois voulait concentrer son tir sur le FPR, c’est-à-dire sur l’opposition radicale au fascisme.

Pour la plupart des gens, le Front Patriotique Rwandais (FPR) n’est connu que depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale en 1990. Mais en réalité, le Front a des racines très profondes remontant à l’époque de la lutte contre le colonialisme belge. Mais, nous l’avons dit plus haut, l’indépendance du Rwanda en 1962 s’est traduite par la mise à l’écart (et le massacre) de ceux qui avaient lutté pour l’indépendance au profit d’une fraction Hutue prête à défendre dans le Rwanda « postcolonial » les intérêts de la Belgique impériale (ensuite la France impériale qui prit le relais en 1973). Le FPR est donc en quelque sorte l’héritier de la longue lutte des patriotes rwandais contre les impérialistes/colonialistes et leurs valets locaux. Feu le fondateur du front, Freddy Rwigema, et l’actuel commandant Paul Kagamé, sont d’ailleurs des descendants des rescapés des massacres anti-Tutsis provoqués en 1959 par le « décolonisateur » belge.

Le FPR en tant que mouvement politique a été fondé pour libérer le peuple rwandais de l’oppression du régime tribaliste/raciste d’Habyarimana soutenu par la France. C’est un front rassemblant tous les Rwandais désireux de lutter contre le racisme ethnique et la dictature qui incarne cette idéologie tribaliste.

La formation d’une armée de libération nationale par le FPR a été favorisée par le fait que beaucoup des combattants du front ont participé à des luttes de libération en Afrique orientale, notamment en Ouganda en 1981-1986 au sein de l’Armée Nationale de Résistance de Museveni, car les très nombreux réfugiés rwandais en Ouganda étaient persécutés, voire même massacrés par le régime du despote Milton Obote.

Même si pour des raisons historiques l’armée du Front est née parmi les 600.000 réfugiés essentiellement tutsis d’Angola, de Tanzanie, du Mozambique, d’Ouganda et du Kenya, il ne s’agit pas d’une armée de Tutsis, mais d’une armée de tout le peuple rwandais en lutte contre la dictature. Le FPR ne considère pas les gens comme membres d’une ethnie mais en tant que Rwandais. Au sein du Front, il y a des Tutsis, certes majoritaires, des Hutus et des Twas. L’actuel président du Rwanda, après la victoire du FPR, Pasteur Bizimungu, est d’ailleurs un Hutu. Rappelons-le : le conflit rwandais n’est pas une « guerre ethnique » mais un conflit politique de 1990-1993 contre le fascisme ethnique du Hutu-Power et
l’ INTERVENTION COLONIALE FRANCAISE AU RWANDA.

Si les médias dominants ici en France ont une lecture « ethnique » de la tragédie rwandaise, c’est parce qu’ils cherchent à cacher le soutien de l’impérialisme français à un régime fasciste ami qui régnait au nom du « pouvoir hutu ». Il est toujours plus facile de faire des discours sur les «perpétuelles luttes inter-ethniques en Afrique» plutôt que de reconnaître l’implication de la France impériale dans une entreprise de sauvetage d’un régime sanguinaire à sa solde.

Pour la France, le Rwanda présente un intérêt géostratégique. Il s’agit d’avoir un pied-à-terre dans la région des Grands Lacs qui est un important verrou en Afrique orientale entre le Zaïre (aux ressources minières fabuleuses), l’Afrique du Sud de Mandela, l’Angola et le Mozambique qui résistent relativement à la domination occidentale. Pour l’impérialisme français, le Rwanda (et le Burundi) sont aussi des pions avancés au cœur de l’Afrique “anglophone”.

C’est au moment même de l’agression de la coalition occidentale contre l’Irak (agression qui causa plus de 250.000 morts sans compter les centaines de milliers de victimes de l’embargo qui n’est d’ailleurs toujours pas levé à ce jour) que 700 soldats français furent engagés aux côtés de la garde prétorienne du dictateur rwandais Habyarimana sous le prétexte d’un accord «d’assistance militaire technique» signé en 1975. Il s’agissait de faire face à une offensive sur Kigali de l’armée antifasciste de libération nationale du FPR, offensive déclenchée dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1990.

C’est ainsi que les troupes ethno-fascistes appuyées par la garde présidentielle du dictateur zaïrois Mobutu furent sauvées de la déroute par l’intervention le 3 octobre de parachutistes français accompagnés de soldats belges.

Dès l’offensive repoussée la France décida de reprendre en main l’armée tribaliste/fasciste d’Habyarimana. Le lieutenant-colonel Jean-Jacques Maurin, adjoint de l’attaché militaire de l’ambassade de France, prit la direction de l’armée rwandaise et un Détachement français d’Assistance Militaire et d’Instruction (« DAMI ») d’une trentaine d’hommes fut chargé de la formation de cette armée qui passa en 2 ans de 5.000 à 40.000 hommes (!), ainsi que de la formation des milices du régime (les « Interahamwe »), lesquelles virent leurs effectifs portés à 18.000 hommes.

Le chef du DAMI, le lieutenant-colonel Chollet, prit, à compter du Ier janvier 1992, les fonctions de «conseiller du président de la république», c’est-à-dire du dictateur Habyarimana, et de conseiller du chef d’état-major des «Forces armées rwandaises» (FAR). Et il était également nommé à son tour chef suprême des armées rwandaises, ce qui permettait à ce gradé de l’armée française de se déplacer, selon l’aveu du ministre des Affaires étrangères d’Habyarimana, dans les «différents secteurs opérationnels» (cité dans le numéro de juin 1992 du journal sénégalais -Walfadjiri).

De nombreux exemples peuvent montrer l’intervention directe de l’armée française aux côtés des FAR dans leur lutte contre le FPR. En voici quelques-uns :

En octobre 1990, l’avancée sur Kigali de l’armée de libération du FPR fut stoppée au lance-roquettes par un hélicoptère de combat pilote par un officier de la DGSE (services secrets français). En août 1991, Eric Gillet, avocat et ancien président d’Amnesty Belgique recueillait à Kigali des témoignages concordants faisant état d’interrogatoires par des militaires français de 17 membres du FPR emprisonnés. Le 30 mars 1992, le Rwanda achetait à l’Égypte pour 6 millions de dollars de matériels militaires garantis par la banque française nationalisée, le Crédit Lyonnais, l’addition que le gouvernement rwandais ne pouvait payer fut d’ailleurs épongée par la banque française, ce qui en d’autres termes représente une aide militaire déguisée. Le 14 mai 1992, un Boeing 707 cargo affrété par Air Rwanda vint chercher à Châteauroux des obus pour mortier de 120 mm prélevés sur les stocks de l’armée française.

De mois en mois, la pression du FPR se faisait de plus en plus forte obligeant la France à envoyer, par exemple, en renfort 150 militaires le 8 juin 1992. Le 4 août 1993, le gouvernement est pris en tenaille par le FPR et son opposition interne se trouva donc dans l’obligation de signer les accords d’Arusha en Tanzanie.

CHRONIQUE DU GENOCIDE RWANDAIS

Les accords d’Arusha prévoyaient l’instauration d’un gouvernement et d’une Assemblée Nationale de transition, l’intégration de l’armée du FPR au sein des Forces armées rwandaises (FAR) et le droit au retour pour les réfugiés. Et en novembre 1993, 2500 casques bleus de l’ONU arrivèrent pour assurer le bon déroulement de cette « transition démocratique ».

Mais les accords ne seront jamais appliqués par Habyarimana. Le gouvernement à “base élargie” aurait dû être installé en décembre 93. Le calendrier fut bloqué par le dictateur, car celui-ci savait qu’il serait dépossédé de l’essentiel de ses prérogatives par l’application des accords. De plus, comment les fascistes rwandais pouvaient accepter d’entériner « qu’en matière de libertés publiques et de droits fondamentaux, les principes énoncés dans la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 priment sur les principes correspondants de la constitution de la République rwandaise du 10 juin 1991 en ce que ceux-ci sont contraires aux premiers » (article 17 Accords d’Arusha).

Les extrémistes du régime fasciste regroupés au sein de la « Coalition pour la Défense de la République » (CDR) ont décidé de préparer une riposte. Pour empêcher l’application des accords d’Arusha, ils étaient prêts à tout (à commencer par se débarrasser d’Habyarimana lui-même) et ils savaient qu’ils pouvaient bénéficier du silence complice de la France officielle qui, craignant que la « transition démocratique » ne soit favorable au FPR hostile à la domination impériale de la France, ne s’est jamais montrée très pressée de veiller à la bonne application de ces accords.

L’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion qui transportait Habyarimana fut le prétexte au déclenchement sur une vaste échelle du massacre des Tutsis et des Hutus de l’opposition et la rapidité avec laquelle ces massacres eurent lieu sitôt l’attentat accompli nous montre, bien sûr, que les fascistes durs du CDR en étaient les commanditaires, même s’il est probable, si l’on en croit l’enquête du journal belge le Soir du 17 juin 94, que seule l’armée française possédait le matériel et le professionnalisme pour abattre l’avion présidentiel.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Willy Claes, fut l’un des premiers à faire le constat suivant : «il est remarquable que dans un pays qui n’est pas des mieux organisé, comme le Rwanda, toutes les voies d’accès à l’aéroport aient été bouclées dans les dix minutes après l’attentat et que les massacres aient commencé jusqu’à 100 kilomètres de Kigali une heure plus tard à peine. On aurait dit la phase numéro un d’un plan soigneusement préparé» (cité dans L ‘Humanité du 20/04/94).

Le complot des fascistes rwandais et de l’impérialisme français visait à rendre responsables de l’attentat les Tutsis et, à travers eux, le FPR et toute l’opposition démocratique au régime. Les Belges qui avaient lâché Habyarimana depuis 1990 ont eux aussi été rendus responsables. Les nazis non plus n’avaient pas hésité en 1933 à mettre le feu à leur propre Parlement pour avoir un prétexte pour incarcérer les opposants à leur régime.

A partir du 6 avril et pendant plus de deux mois les milices Interahamwés et les forces du « gouvernement intérimaire » fasciste proclamé le 9 avril avec la bénédiction de la France officielle (qui l’accueillit aussitôt à l’Elysée) ont entrepris d’éliminer systématiquement tous les Tutsis et tous les opposants hutus. Pour ce faire ils disposaient de listes des Tutsis et des Hutus de l’opposition (ou supposés tels), listes établies pour chaque quartier, chaque village. Jean Birara, ancien gouverneur de la Banque nationale rwandaise, le reconnait aujourd’hui : «Le 20 février 94, à midi, mon parent le général Nsabimana chef de l’état-major m’a montré une liste de 1.500 noms de personnes à éliminer, rien que pour Kigali. Il n’adhérait pas à ce projet, monté avec l’assentiment du président Habyarimana » (La Libre Belgique. 24 mai 94).

Lorsque les massacres furent déclenchés, les militaires occidentaux se sont contentés d’évacuer leurs ressortissants et leurs amis : Paris a évacué la famille du dictateur Habyarimana qui peut ainsi couler des jours heureux en France. Et sur le terrain les casques bleus de l’ONU n’ont bien entendu rien fait pour empêcher les exactions des massacreurs : il ne faudrait pas trop leur en demander.

Il faudra deux mois au gouvernement français pour reconnaitre, à la veille de son intervention de juin 94, le terme de «génocide». Fin avril, alors que les estimations tournaient déjà autour de 200.000 morts, le représentant français au Conseil de sécurité de l’ONU a tout fait pour que la résolution finale rejette ce qualificatif qui aurait impliqué une accusation de «crime contre l’humanité». La France préférait renvoyer dos à dos les «extrémistes hutus» et «la branche militaire du FPR qui a choisi la victoire totale et sans concession». Mais peut-on faire des concessions aux responsables d’un génocide ? Peut-on être conciliant face à ceux qui ne connaissent que le langage de la machette ? Oubliera-t-on qu’après le passage des tueurs «les corps des hommes n’ont plus de pénis, les femmes ont les seins coupés, les enfants sont égorgés» (Libération du 11 avril 94)? Devra-t-on oublier les blessés «achevés dans leur lit d’hôpital» (témoignage du Dr. Bertin de Médecin Sans Frontières)?

LE « DEBARQUEMENT » DE JUIN 94: LA FRANCE AU SECOURS DES FASCISTES RWANDAIS

Après l’échec militaire sur le terrain contre l’armée de libération du FPR de 1990 à 1993, après l’échec du piège tactique des accords d’Arusha qui, tout en prévoyant la liquidation du système tribaliste et ethnique, permettait à l’impérialisme français de s’en sortir « honorablement », mais c’était sans compter les fidèles alliés fascistes de la France qui n’étaient pas prêts à accepter ces accords, après l’échec du plan tendant à impliquer l’Ouganda (supposé soutenir le FPR) et le Burundi (dirigé par des Tutsis) dans le conflit interne rwandais afin d’avoir un prétexte tout trouvé pour intervenir massivement, après tous ces échecs donc, la France officielle a décidé de se camoufler derrière le masque « humanitaire » et a utilisé ce « machin » qu’est l’ONU pour, en juin dernier, débarquer en force au Rwanda et organiser sa fameuse « zone humanitaire » du nom d’un bijou “Turquoise”.

Cette « zone humanitaire », véritable mouroir pour des centaines de milliers de Rwandais « réfugiés » qui ont été poussés là par les forces fascistes en fuite, a été créée quand la France a compris que le FPR allait remporter une victoire complète sur les forces de l’ancien régime pro-français. Cette « zone de sécurité » près de la frontière zaïroise (base arrière de l’intervention française) a joué le rôle de zone de repli et de protection pour les milices et les forces militaires en débandade de l’ancien régime.

Après la victoire du FPR à Kigali, occuper une partie du territoire rwandais signifie pour la France avoir un moyen de pression contre le nouveau gouvernement. Cela signifie aussi avoir déjà un avant-poste en « terre ennemie » dans la perspective d’une reconquête coloniale du Rwanda par l’intermédiaire des forces de l’ancien régime fasciste, lesquelles forces se réorganisent aujourd’hui en toute impunité dans le Zaïre du dictateur Mobutu avec la complicité de leurs vieux amis français. La menace est sérieuse : ce ne sont pas moins de 40.000 militaires et miliciens de l’ancien régime rwandais qui ont trouvé refuge dans l’Est zaïrois! Et les chefs de ces assassins ne se sont-ils pas fendus le 25 juillet d’une « conférence de presse » pour annoncer tranquillement qu’ils envisageaient la reconquête militaire du Rwanda?

Aujourd’hui, de Tanzanie, du Burundi et d’Ouganda, des centaines de milliers d’exilés Hutus et Tutsis confondus retournent dans leur pays libéré par le FPR. Et pendant ce temps, ce ne sont que quelques milliers de « réfugiés », sur plus d’un million dans cette zone, qui quittent les camps situés autour de Goma au Zaïre, alors que le choléra frappe impitoyablement et que les organisations humanitaires s’accordent pour dire que pour diminuer les risques de contamination, il faut que les réfugiés rentrent chez eux. Mais il y a en fait un obstacle politique à ce retour. En effet, de la « zone de sécurité » française continue d’émettre une radio qui invite à l’exode les paysans Hutus dans le plus pur style de la propagande nazie lors la déroute de l’armée du Troisième Reich devant l’armée Soviétique après Stalingrad.

Bien sûr, la France officielle ne fait rien contre cela. Et il n’y a rien d’étonnant: c’est Paris qui, le premier, a encouragé l’exode massif des Hutus en constituant son « sanctuaire » anti FPR sur le sol rwandais, c’est Paris qui a permis aux hommes de la dictature en fuite de mener auprès des populations désorientées une campagne d’affolement aux cris de  »au secours les Tutsis vont vous tuer! », et c’est encore Paris qui a donné à Mobutu le pouvoir de manœuvrer et fermer jusqu’au 24 juillet la frontière du Zaïre aux réfugiés rwandais désireux de rentrer chez eux.

QUELQUES CONCLUSIONS QUI S’IMPOSENT

Les centaines de milliers rwandais « réfugiés » dans la zone d’occupation militaire française et dans la région de Goma au Zaïre, qu’ils aient été trompés par la propagande mensongère pour les uns ou emmenés de force pour d’autres, sont des otages entre les mains de la France impériale pour faire pression sur le nouveau gouvernement auquel participe le FPR aux côtés de petits partis nés après l’instauration du multipartisme. Déjà la France reprend le même raisonnement que les fascistes Hutus en ne voulant voir dans le FPR que les représentants de la «minorité Tutsie». C’est ce qu’a clairement déclaré M. Léotard, ministre de la défense, dans une intervention sur RTL le 25 juillet : alors que les nouvelles autorités rwandaises ont décidé de supprimer la mention sur la carte d’identité de l’appartenance communautaire des citoyens rwandais et d’établir la règle démocratique selon laquelle chaque Rwandais compte pour une personne à part entière, Léotard s’est permis de réclamer «une réconciliation nationale à Kigali avec une présence hutue importante au sein du gouvernement et dans les institutions rwandaises». Que le nouveau président et le nouveau premier ministre rwandais soient des Hutus ne suffisent pas au ministre de la défense de l’impérialisme français, ce qu’il veut c’est une «réconciliation nationale» entre les victimes et les bourreaux, c’est-à-dire il veut que reviennent au pouvoir les responsables et les organisateurs du génocide !

L’intervention « humanitaire » française n’a pas été que la réponse au cri de détresse lancé par les bandes armées des tortionnaires de l’ancien régime rwandais : elle a aussi remis en selle Mobutu, le sanguinaire despote zaïrois qui, avec l’aide de l’armada impériale française, en profite pour reprendre le dessus sur son opposition démocratique.

Les États-Unis, quant à eux, profitent aussi de l’enlisement français dans la nasse de Goma pour, après leur débâcle somalienne, revenir en force dans la région des Grands-Lacs, toujours bien sous le prétexte colonialiste de «l’ingérence humanitaire». Et les Anglais, sous le même prétexte, ne sont pas en reste. Cette présence des USA en Afrique est de plus en plus manifeste : ils ont déjà installé une base militaire au Botswana, un pays frontalier de l’Afrique du Sud, ce qu’ils n’avaient jamais envisagé de faire à l’époque de l’apartheid !

Les peuples africains, les progressistes, les démocrates et internationalistes français qui ne sont pas dupes des manœuvres des divers impérialismes doivent se montrer vigilants. Car toute l’Afrique est un Rwanda potentiel!

Partout les puissances coloniales occidentales sont prêtes à manipuler les diverses ethnies et communautés pour perpétuer leur domination. Que l’on songe au régime raciste du colonel Ould Taya en Mauritanie qui réprime et déporte en masse les populations Noires du sud du pays: Mitterrand n’a-t-il pas félicité son valet maure en décembre 93 en déclarant que la Mauritanie est une «démocratie qui devrait servir d’exemple aux autres pays africains» (sic!). Et qu’en est-il de la brillante « démocratie » sénégalaise qui réprime le peuple de Casamance sous les applaudissements de Paris! Et en Angola : qui peut oublier que les impérialistes (américains en l’occurrence ici) soutiennent la rébellion armée des fascistes de l’UNITA contre le gouvernement élu du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA qui avait libéré le pays du colonialisme portugais)? Ce ne sont que quelques exemples frappants, mais hélas, à l’image du Rwanda aujourd’hui, on peut légitimement craindre que l’avenir nous offre d’autres exemples sanglants, tant il est vrai que, tant que la domination occidentale en Afrique se maintiendra, les oppositions (réelles ou imaginaires) entre ethnies et communautés continueront à être entretenues par les grandes puissances colonialistes selon le bon vieux précepte du « diviser pour régner ».

Nous exigeons le retrait des troupes françaises du Zaïre et d’Afrique, le désarmement des milices et des forces armées de l’ancien régime réfugiées au Zaïre, l’arrestation des auteurs du génocide et l’organisation d’un procès publique pour crime contre l’humanité à l’instar du procès de Nuremberg à la fin de la Seconde guerre mondiale antifasciste.

25/07/94

SUR LE SOMMET AFRIQUE-FRANCE : « C’est choquant et pathétique » par Boubacar Boris Diop

Dans le cadre d’une série de débats lancée hier par le Collectif pour le renouveau africain (Cora), le journaliste et écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a exprimé toute son opposition au Sommet Afrique-France qui aura lieu à Montpellier les 9 et 10 juillet prochain.

Le débat enfle dans les milieux intellectuels africains. Alors que la France prépare activement son Sommet Afrique-France ‘’remodelé’’, ils sont de plus en plus nombreux les universitaires et hommes de lettres du continent à vouer aux gémonies cette initiative du président Emmanuel Macron.

Lors du lancement, hier, de la série de débats organisée par le Collectif pour le renouveau africain (Cora), le journaliste-écrivain Boubacar Boris Diop a brûlé la nouvelle trouvaille du président français, porté par l’historien camerounais Achille Mbembé. Interpellé sur la question, Boris s’enflamme : ‘’C’est à la fois choquant et pathétique. La Françafrique nous a habitués à adapter le système colonialiste en fonction des circonstances de chaque époque. C’est dans son ADN. C’est ainsi qu’au sortir de la 2e Guerre mondiale, les gens se sont rendu compte que ce n’était plus possible de faire les choses comme avant. Ils nous ont alors amené des élites qui leur étaient favorables pour continuer à faire la même chose.’’

Ce n’est pas tout. D’après l’écrivain sénégalais, le discours de La Baule, dans les années 1990, et les conférences nationales qui ont suivi se sont aussi inscrits dans le même sillage, avec la fin de la Guerre froide. ‘’Aujourd’hui – et j’ai sauté pas mal d’étapes pour ne pas tirer en longueur – la France se rend compte qu’il y a une grande colère des populations africaines, particulièrement la jeunesse. A tel enseigne que pour la première fois dans l’histoire, un président français en arrive à constater et à reconnaitre ce ‘sentiment anti-français’. Ils se rendent compte que c’est une lame de fond auquel il faut faire face. Comment ? On coopte des intellectuels que je ne veux pas mentionner. On se dit que les jeunes n’écoutant plus les chefs d’État qui sont leurs hommes liges, il faut parler avec les intellectuels et les sociétés civiles. Au fond, il y a tant de mépris dans la démarche. C’est l’image d’un pouvoir dominant qui se rend compte que son système est en train de s’effriter et qui trouve des gens pour voir comment arranger ça…’’.

A Boubacar Boris Diop, en tout cas, personne ne fera croire qu’il sera abordé, dans cette réunion, les questions essentielles qui entravent l’émancipation et le développement du continent africain. Il fulmine avec le même engagement qui le caractérise : ‘’C’est une mauvaise plaisanterie. Quand j’ai vu la personne chargée de coordonner ça, je l’ai trouvée si pathétique, avec un discours vide. Parce qu’effectivement, il n’avait rien à dire.’’ A l’en croire, il est d’un manque de respect notoire que la ‘’petite France’’ continue de faire de son égal tout le continent africain. ‘’Ce n’est pas sérieux. Pourquoi l’Afrique du Nord a été exclue, puisqu’on parle d’Afrique ? C’est simplement parce qu’on n’a pas osé leur demander cela’’, souligne-t-il, avant de lancer un appel au boycott de l’élite africaine : ‘’L’échec est garanti. Tout le monde doit se dresser contre… Il faut faire de sorte que personne n’aille dans cette quinzaine ou dizaine de débats en prélude à ce sommet.’’

Pour d’autres intellectuels comme Achille Mbembé, par contre, cette initiative est venue à son heure et constitue une preuve que ‘’les lignes bougent’’. Prévue les 9 et 10 juillet prochain à Montpellier, cette rencontre va réunir les sociétés civiles africaines pour organiser un dialogue direct avec les pouvoirs publics français. En accord avec l’Elysée, l’écrivain camerounais a mis en place un comité de dialogue composé par un éventail de personnalités africaines dont Alain Mabancou, lit-on dans le ‘’Nouvelobs’’. Dans ce cadre, pas mal de débats ont été prévus dans une dizaine de pays. Mais pour Boris, tout ça n’est que mascarade et qu’il ne pourrait sortir de ces débats grand-chose pour l’Afrique. ‘’Ils vont un peu essayer de jouer sur les différences entre les Francophones qui ont directement subi les affres de la colonisation française et les Anglophones qui peuvent ne pas comprendre cette souffrance. Je pense qu’il faut que les Africains puissent s’entendre sur un certain nombre de questions. Il faut savoir que nos peuples souffrent à cause de la France. Ce système n’a jamais été aussi proche de sa fin. Il ne faut pas lui donner une possibilité de rebondir’’, souligne le journaliste-écrivain.

Moins critique, le Mozambicain Elisio Macamo n’a pas non plus manqué de déceler des failles dans l’initiative de la France de discuter avec les sociétés civiles africaines. D’emblée, il a néanmoins tenu à reconnaître à Achille Mbembé sa posture, même si lui aurait décliné l’offre à sa place. ‘’Mais je peux comprendre qu’il y voie une possibilité d’être pertinent.

Cela aurait pu être une opportunité, pas pour résoudre les problèmes, mais pour poser les vrais débats et voir comment les faire évoluer. Le fait est que les gouvernants africains n’ont jamais eu cette idée et c’est un problème. Maintenant que Macron a pris l’initiative, ils auraient pu accepter et essayer d’orienter les choses en fonction de leurs propres perspectives. Malheureusement, là aussi, ils n’ont rien fait.

Traditionnellement, ce Sommet Afrique-France – autrefois France-Afrique – réunissait les chefs d’Etat d’Afrique et de la France. Cette année, le sommet mettra au centre les acteurs de la société civile : entrepreneurs, intellectuels, chercheurs, artistes, sportifs… Il va permettre, selon les initiateurs, de porter un ‘’regard neuf’’ sur les relations entre la France et le continent.

LES 9 ET 10 JUILLET A MONTPELLIER APPEL A UN CONTRE SOMMET AVEC LA DYNAMIQUE UNITAIRE PANAFRICAINE (DUP) : LA PAROLE A LA DIASPORA AFRICAINE !

SOUTENONS L’ECO CEDEAO CONTRE LE CFA/ECO

Voilà les 5 conditions posées par le Nigeria pour l’ECO CEDEAO et abolir le CFA/ECO de Macron et Ouattara :

☑ 1_Aucun prélèvement et aucun dépôt au trésor français des devises des pays de la zone ECO.

☑ 2_Pas d’intermédiaire dans la convertibilité en l’ECO et l’euro et le dollar.

☑3_La CEDEAO doit gérer elle-même l’ECO de façon souveraine.

☑4_ L’ECO doit être convertible avec toutes les monnaies du monde.

☑ 5_ L’ECO doit être imprimé en Afrique et non pas en France.

LA CPI LIBERE DEFINITIVEMENT GBAGBO ET BLE GOUDE

Deux procureurs successifs – Luis Moreno Ocampo puis Fatou Bensouda – glaive exécuteur de la françafrique pour faire condamner L. Gbagbo et Blé Goudé pour « meurtre, viol, persécution », de « crimes contre l’humanité » et d’avoir fomenté « un plan commun » pour « conserver le pouvoir par tous les moyens, y compris par l’emploi de la force contre des civils ».

Echec total après un procès fait de faux et usage de faux qu’un conseiller de Gbagbo avait ainsi démasqué à Algerie Patriotique en juin 2013 en expliquant que Laurent Gbagbo avait été déporté à La Haye « en violation de ses droits, sur la base d’un mandat illégal » et que « La Cour (CPI) ne doit pas avoir honte de reconnaître qu’elle a été induite en erreur, trompée et manipulée par le gouvernement français de Nicolas Sarkozy et son allié Alassane Ouattara. Il n’y a aucun mal à cela. Laurent Gbagbo, à qui Jacques Chirac promettait la CPI depuis 2003, est innocent. Il doit être libéré immédiatement ». GBAGBO ET BLE GOUDE SONT ENFIN TOTALEMENT LIBRES ET DOIVENT POUVOIR RENTRER LIBRES DANS LEUR PAYS : LA CÔTE D’IVOIRE.

APPEL DU MRAP ET DU COLLECTIF AFRIQUE

LIBERTE POUR MUMIA ABU JAMAL

HALTE A LA TORTURE AUX USA

Mumia Abu Jamal, militant anti-raciste pour les droits civiques aux USA est en prison depuis près de 40 ans pour des accusations jamais prouvées de meurtre commis sur un policier. Actuellement détenu dans le pénitencier de Pennsylvanie, à 66 ans souffrant de graves difficultés respiratoires et d’importantes défaillances cardiaques en plus de troubles cutanés, Mumia a été testé positif au covid 19 et laissé à l’isolement sans soin. MUMIA EST EN DANGER DE MORT.

Mumia a échappé par deux fois à l’exécution durant ses 30 ans dans le « couloir de la mort » avant que sa détention ne soit commuée en prison à vie malgré les énormes trous dans la raquette mal ficelée des prétendues enquêtes d’une police étasunienne dont le racisme continue de tuer des noirs à l’instar de toutes les victimes à l’origine du Mouvement Black Live Matter (la vie des noirs comptent).

Le traitement qu’il subit rappelle que la TORTURE est une pratique courante dans la « plus grande démocratie » selon le label assené par les médias mensonges fanatiques.

Guantánamo, cette partie du territoire cubain toujours occupée par les États-Unis, en est devenu la preuve ainsi que les centres de tortures US en Europe même.

Il faut aussi rappeler que le complexe carcéro-industriel fait des USA le pays qui a le plus grand nombre de prisonniers dans le monde. Comme le démontre Angela Davis, la prison est devenue aux USA la plus grande agence pour l’emploi sous payée des entreprises capitalistes.

07/04/21

LOI SUR LE « SEPARATISME » : L’ETAT COLONIAL DE RETOUR EN FRANCE !

Les musulmans sont de plus en plus persécutés en France. Le racisme négrophobe qui conduisent aux « bavures policières » comme celle de Zieb/Bouna et Adama, le racisme arabophobe qui a produit les marches de l’égalité en 83/84, le racisme rromophobe qui traverse la société et le racisme islamophobe qui amalgame « terrorisme » et « islam » et « sans papiers » empoisonnent de plus en plus le débat publique et montrent une lepénisation de la classe politique engendrée par la stratégie électoraliste de la « gauche et de la droite » et du « ni gauche, ni droite » de Macron aujourd’hui pour refaire 2017 au second tour de la présidentielle en 2022. Marx disait que « l’histoire se répète en comédie », cette fois sa répétition risque d’être une tragédie pas seulement pour les musulmans et les sans papiers. Alors « debout là dedans !» pour dire NON à la fascisation actuelle.

 

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