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29 mars 2024

Les « nouveaux janissaires » aux portes de l’Algérie


Publié par Gilles Munier sur 12 Mai 2021, 16:39pm

Catégories : #Mali, #Sahel, #Algérie

Revue de presse : L’Express quotidien.dz (6/5/21)*

L’opération française « Barkhane », la mission onusienne Minusma, la mission européenne Eutm, la task force « Takuba », le G5 Sahel, etc. encombrent les dunes du Sahel. A ces armées visibles s’ajoutent des dizaines de cellules occidentales du renseignement qui travaillent en « sous-sol » au Mali, au Niger, au Tchad et en Libye. Chaque cellule cherche à avoir les premières informations. Israël et le Mossad sont très présents au Maroc et au Nord-Mali, par le biais notamment de Aerospatial industries, qui a décroché le marché de l’équipement du Minusma. Or ce n’est un secret pour personne que la société israélienne AIA est chapeautée par des retraités du Mossad et du Shin Beth.

Au Sahel, les intervenants sont de plus en plus nombreux et pourtant la guerre s’étend. Comment l’expliquer cela sinon par une volonté réelle de privilégier la guerre au détriment de tout compromis politique qui se dessine. Cela explique en partie les atermoiements pour concrétiser les « accords d’Alger ».

Ce n’est pas encore fini : les mercenaires présents en Libye commencent à inquiéter les capitales occidentales. Pourquoi maintenant toute cette inquiétude subite ? Pour protéger l’allié tchadien, « gendarme » reconnu de Paris au Sahel. Le Conseil de sécurité tient depuis des jours une réunion informelle pour discuter de l’évacuation des mercenaires et « combattants » étrangers de la Libye, au moment où les menaces que présentent la présence de mercenaires pour le Mali et le Sahel inquiète au plus haut point les pays de la région, dit un communiqué de l’ONU. Mais rien de plus faux ! L’inquiétude est occidentale avant tout.

En réalité, les activités « hors la loi » des mercenaires a augmenté en Libye et ailleurs dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne ; celles-ci ont été aussi le fait d’entreprises basées aux Emirats arabes Unis, ainsi que la société militaire privée ChVK Wagner (Russie) et le groupe Sadat International Defense Consultancy de Turquie, qui a été chargé de superviser et de payer quelque 5.000 combattants syriens. Aujourd’hui, on estime à plus de 20.000 combattants les forces étrangères et mercenaires présents dans la seule Libye, dont 13.000 Syriens et 11.000 Soudanais.

La situation au Tchad a illustré l’effet potentiellement déstabilisateur de la présence de forces étrangères en Libye. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), le groupe des rebelle, désigné responsable de la mort du président Idriss Déby, s’était d’abord engagé aux côtés des forces de Misrata, à la fois contre l’Etat islamique et les forces du général Khalifa Haftar avant de rallier le maréchal. Deux ans plus tard, il participe avec les forces de Haftar à l’assaut de Tripoli.

Mais, le jeu des « janissaires » peut aussi bien prendre des habillages étatiques et se couvrir de visible « légitimité ». Ainsi, et pendant longtemps, un des souhaits les plus cher du Mossad était de s’incruster dans la proche périphérie de l’Algérie sous couvert de coopération avec des Etats amis pour lutter contre le terrorisme. Le tour de passe-passe que le Mossad imagina alors était de se rendre utile à de nombreux régimes, par le biais des sociétés israéliennes spécialisés dans les équipements militaires, techniques et électroniques. Ainsi, les géants israéliens IAI, Elbit et Mer ont réussi à décrocher le contrat de protection périmétrique de la Minusma, au Mali, et se sont retrouvés dans le voisinage immédiat au sud de l’Algérie, après avoir pris le contrôle des entreprises de même spécialité à la lisière ouest du pays.

Etats Unis, France, Israël, Emirats arabes, Egypte, Russie, et Turquie participent à un dangereux jeu de Monopoly dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne, soit directement, soit en sous-traitant avec d’entités anticonstitutionnelles et illégitimes ou encore par le biais des Etats de la région, toujours en sous-traitance. Chaque puissance possède ses pions, ses ficelles, ses propres intérêts, ses plans, ses hommes et ses stratégies. L’argent, pour conduire ces menées souterraines à terme, est disponible. Reste à savoir quand et comment cela se fera et au détriment de qui…

*Source : L’Express quotidien.dz

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