Par Smain Bedrouni

 

Un froid s’est installé dans les relations entre l’Algérie et la France. Les déclarations du président français, Emmanuel Macron, jeudi 30 septembre 2021 lors d’une rencontre à l’Élysée avec ceux qu’il a appelé « petits fils de la guerre d’Algérie » n’ont laissé aucune personne indifférente quant aux propos tenus ainsi qu’à la manière dont le sujet a été traité par le plus haut représentant français.

En qualifiant ses propres citoyens de « petits fils de la guerre d’Algérie », le président français a commis une regrettable erreur de communication.  En effet, en tant que Président de la république, il a oublié un seul mot, le plus important de tous, le mot « français ». Il aurait été plus correct et respectueux de sa part qu’il qualifie ses concitoyens invités du jour de « français, petits fils de la guerre d’Algérie ».

Plus grave encore, dans le contexte de la course aux récupérations politiques, influencé par la rhétorique chère à l’extrême droite, le président français s’est sournoisement attaqué à la République Algérienne Démocratique et Populaire en qualifiant son système de « politico-militaire », voulant ainsi mettre en doute la réalité démocratique de l’Algérie Libre et Indépendante. Visiblement insatisfait de son bricolage sémantique, il s’est ensuite affiché comme une personne qui se questionne sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830.

Évidement, cette mise en scène n’a pu être réalisée que dans le cas ou la classe politique française prendrait les Algériens pour « des naïfs manipulables à souhait, des indigènes incultes, sans histoire, sans honneur ni grandeur. »

Coté Algérien, la réponse a été immédiate et sans appel. La présidence algérienne a, le même jour, rappelé son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar Daoud et interdit tout survol du territoire algérien aux avions militaires français de l’opération Barkhane au Mali.

Lors d’un entretient accordée au magazine allemand Der Spiegel, le Président de la République Algérienne a qualifié les propos tenus par le président français de « très graves », soulignant que ce dernier avait une bonne réputation à Alger et ce, depuis qu’il a qualifié en 2017 le colonialisme de crime contre l’humanité alors qu’il était candidat aux élections présidentielles.

« On ne touche pas à l’histoire d’un peuple, on n’humilie pas les Algériens », a rappelé M. Tebboune, afin d’enseigner les bonnes manières au jeune président civilisé.

Sur l’idée d’une rapide réconciliation, « Je ne vais pas être le premier à faire le pas, sinon je perds tous les Algériens », a expliqué M. Tebboune, affirmant ainsi sa ferme position.

De même, le  Président Algérien a ajouté qu’« aucun Algérien n’accepterait que je reprenne contact avec ceux qui ont formulés ces insultes ».

« C’est un problème national, ce n’est pas un problème du président de la République », a-t-il dit, en affirmant que « M. Macron a blessé la dignité des Algériens ».

Concernant l’avenir des relations franco-algériennes, M. Tebboune a indiqué que la crise est loin d’être finie. Il a accusé Emmanuel Macron de reprendre le même discours que l’éditorialiste anti-immigration et anti-islam d’origine algérienne, Eric Zemmour, estimant qu’il l’a fait pour « des raisons électoralistes ».

En ce qui concerne le survol des avions militaires français opérant au Mali, le président Tebboune a fait savoir que la décision était définitive.

« Si les Français veulent aller au Niger ou au Mali, ils vont mettre neuf heures et non plus quatre comme avant (…) Bien sûr, on va toujours rendre possible de rapatrier des blessés, mais sur le reste, on n’a plus à coopérer ensemble (…) Peut-être que c’est simplement fini maintenant », a expliqué M. Tebboune.

S.B.

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