Par le PCOF

 

Macron a annoncé le retrait des forces militaires françaises du Mali dans un délai de
« quatre à six mois ». Il prétend, contre toute vraisemblance, qu’il ne s’agit en rien d’un
échec !
Si ! c’est un échec : il est politique et militaire et se solde par des milliers de morts qui ne
sont pas tous, loin de là, des djihadistes, mais des paysans, des jeunes, victimes
« collatérales », anonymisées, même pas comptabilisées.

C’est l’échec d’une politique menée de Sarkozy à Macron en passant par Hollande au
nom de la lutte contre les groupes djihadistes, qui n’ont fait que se multiplier, étendre
leur terrain d’action et continuer à semer la terreur, à coups de massacres.
Au Mali, la présence militaire et les ingérences politiques constantes de l’impérialisme
français ont suscité l’opposition de plus en plus large d’une grande partie de la
population. Les attaques et les mesures de rétorsion prises par une CEDEAO
(Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) aux ordres des puissances
impérialistes, frappent durement les populations du Mali et alimentent leur colère
légitime contre l’impérialisme français.
C’est avant tout cela qui oblige Macron à annoncer ce retrait des troupes françaises et
celles des autres Etats qui participent aux différentes coalitions dirigées par
l’impérialisme français (les troupes des Etats membres du G5 Sahel, celles des Etats de
l’UE qui participent à Takuba).
Le fait que des forces militaires russes, qu’elles soient « régulières » ou qu’il s’agisse de
forces de mercenaires, soient déployées au Mail, a également pesé dans la décision de
Macron et de différents gouvernements des Etats membres du dispositif Takuba. Ils ont
voulu éviter de prendre le risque de confrontations militaires directes avec ces forces,
avec toutes les conséquences politiques et autres qu’elles entraîneraient.

Ce sont donc le dispositif français de Barkhane et le groupement européen de forces
spéciales d’une quinzaine d’Etats membres de l’UE, le dispositif Takuba, qui doivent
quitter le territoire du Mali et abandonner les bases qu’ils occupaient. Pour faire « bonne
figure », les responsables politiques et militaires parlent d’un retrait « coordonné » ;
c’est oublier un peu vite les mobilisations qui se sont développées au Burkina, au Niger,
lors du passage d’un convoi militaire français parti de Côte d’Ivoire. Mais ils affirment
surtout qu’il n’est pas question de quitter le Sahel. Il est prévu que 2500 à 3000
militaires français y soient déployés avec les troupes spéciales des Etats membres de
dispositif Takuba (déjà « amputé de la Suède et sans doute du Danemark) et avec des
forces canadiennes. L’objectif est de contrôler une zone qui va du Burkina, Niger, à la
côte du Golfe de Guinée (avec notamment le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire). Cette
extension de la zone d’intervention militaire internationale va produire les mêmes effets
dans ces pays, à savoir, le développement de groupes armés dont certains sévissent déjà,
la déstabilisation et le chaos économique, dont les premières victimes sont les
populations.

Les forces politiques et sociales, les populations vont continuer à dénoncer cette
présence de troupes étrangères, notamment françaises, comme le « retour » d’une forme
de colonisation. Nous leur apportons notre soutien.

Dans la foulée de ce redéploiement militaire, Macron et les dirigeants des Etats membres
de l’UE, ont relancé le « partenariat » entre l’UE et l’Afrique, en annonçant des milliards
d’investissements, notamment dans les « infrastructures ». Derrière les discours des
dirigeants de l’UE sur les relations « respectueuses » qu’ils prétendent développer avec
les pays africains – représentés par 40 des 55 chefs d’Etat de l’Union Africaine, il y la
réalité de la politique impérialiste. De quel respect peuvent-ils se prévaloir quand on
voit avec quel mépris ils ont balayé des demandes d’aides de plusieurs Etats d’Afrique,
pour faire face aux conséquences du changement climatique. Comment parler de
« respect » quand ils refusent de mettre dans le domaine public les brevets de
fabrication des vaccins ? Ce ne sont là que quelques exemples les plus récents.
En réalité, l’intérêt témoigné pour l’Afrique par les représentants des puissances
impérialistes et de l’UE impérialiste, c’est avant tout celui pour les richesses de son sous-
sol, pour les immenses marchés, pour les possibilités de réaliser rapidement des profits
faramineux pour les monopoles. Et c’est, aujourd’hui, la volonté de maintenir l’accès à
ces richesses, face aux concurrents qui se bousculent : à commencer par la Chine, mais
aussi la Russie, la Turquie, l’Inde… C’est la raison pour laquelle l’UE et les puissances
impérialistes qui dominent en son sein, veulent disposer de moyens militaires pour
défendre leurs intérêts.

Nous qui avons dénoncé la « guerre du Mali » menée depuis 2013 et qui n’avons cessé
d’exiger « le départ des troupes françaises du Mali et du Sahel » nous nous réjouissons
de ce recul forcé.
Mais l’étape qui s’ouvre est pleine de dangers, car elle s’inscrit dans la même politique
réactionnaire de « guerre contre le terrorisme » qui n’est qu’une forme de guerre
impérialiste, de domination, de pillage, de négation de la souveraineté des peuples.
C’est pourquoi, nous affirmons avec force l’exigence du retrait des forces
françaises du Sahel et celle de la dissolution des alliances militaires, à commencer
par le dispositif Takuba.

Nous appelons à développer la solidarité internationale, anti impérialiste, avec les
forces et les peuples d’Afrique qui luttent pour leur souveraineté, contre la
domination et le pillage impérialiste, pour leur droit au progrès social et à la
dignité.

Paris, 18 février 2022

Parti Communiste des Ouvriers de France