Où il est question de finances

 

 

Vous l’aurez remarqué, il n’est question, ces temps-ci – mises à part la « guerre d’Ukraine » – que de finances. Cela va de soi. Entre les ogres à l’appétit insatiable et ceux qui voudraient savoir à quelle sauce ils seront mangés, c’est à qui donnera son explication, savante ou farfelue, honnête ou malhonnête, sur la guerre du fric, qui, comme on le sait, alimente et se nourrit des toutes les autres.

C’en est au point qu’aujourd’hui, Andreï Martyanov a jugé utile de remettre une ou deux notions à leur juste place :

 

 

Au sujet des « Financiaristes »

 

 

Andrei Martyanov − Reminiscence of the future – 4.4.2022

 

Publié par hervek – Le Saker francophone – 6.4.2022

 

 

Hank Hill

 

Je mets des guillemets pour une raison précise, mais ne vous méprenez pas : je comprends l’importance de l’argent pour l’économie, il est le sang de l’économie. Mais voici le problème dont je parle depuis de nombreuses années : contrairement aux biens tangibles que sont l’agriculture, les machines-outils, les soins de santé et l’éducation, l’argent, c’est-à-dire les finances, dont les propriétés peuvent être décrites en termes purement matérialistes, par exemple « cette machine a 50 ans mais elle fait toujours son travail et le fait bien », ou « ce camion-benne est nul et sur le point de se briser, parce que… », vous ne pouvez pas faire cela avec l’argent.

 

Que vous le vouliez ou non, l’argent porte toujours avec lui un énorme bagage de qualités mythiques appropriées qui sont, contrairement au cas personnel de Hank Hill qui a versé une larme pour son camion en regardant un film sur la « mort » d’un tracteur, l’argent et ses effets sont omniprésents dans la culture humaine et sont soit exaltés soit condamnés. En fin de compte, Judas a vendu Jésus pour 30 pièces d’argent, de l’argent donc, et non pour un nouveau camion Ford ou une X-Box, quel que soit le dernier modèle. Il est remarquable de constater que c’est en période de graves problèmes que l’argent perd tout son attrait et que les biens matériels deviennent plus précieux que l’argent. À quoi sert l’argent lorsque les 125 grammes de pain indispensables à la vie à Leningrad en 1942 ne pouvaient être reçus qu’en présentant le coupon (carte – kartochka) et que vous ne pouviez pas l’acheter même si vous le vouliez, quelle que soit la somme d’argent. Quelle est la valeur de l’argent lorsque votre vie dépend d’un garrot et d’un flacon de pénicilline, mais que vous en avez besoin maintenant pour survivre et qu’aucune somme d’argent ne peut vous acheter ces deux articles plutôt bon marché.

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Source : https://lesakerfrancophone.fr/au-sujet-des-financiaristes

 

 

 

 

 

Ukrainian Battalion Surrenders in Mariupol, Germany Seizes Gazprom Subsidiary, US Blocks Russian Debt Payment

 

Alexander Mercouris  – TheDuran 5.4.2022

 

 

 

 

Outre du bataillon ukrainien qui s’est rendu à Marioupol (que nous évoquons par ailleurs, vidéo en renfort) Alexandre Mercouris parle ici de la « saisie » (lisez « vol ») des filiales allemandes de Gazprom par l’Allemagne et de l’éventuel défaut de paiement de sa dette par la Russie, à la suite d’une manœuvre US qui la « bloque ».

 

C’est en anglais, et nous n’y entravons que pouic aux finances. Aline de Diéguez nous a expliqué ce qu’en gros il voulait dire :

 

1 – Comme Gazprom infrastructure voulait se retirer d’Allemagne, les Teutons ont craint que le gaz n’arriverait pas et ils ont pris le contrôle de l’entreprise, une nationalisation provisoire (qu’ils disent). J’espère qu’il y a suffisamment d’entreprises allemandes en Russie à nationaliser en réponse.

2 – Les yankees augmentent, disent-ils, les pressions financières sur la Russie en l’empêchant d’honorer un remboursement partiel de leur dette nationale en dollars, remboursement  prévu dans les jours à venir – donc en bloquant ledit  remboursement, afin de provoquer un défaut. Je ne sais pas quelles seraient les conséquences de ce défaut. Je crois qu’il serait simplement interdit d’emprunter à nouveau sur les marchés financiers.

Mais aussi pourquoi ont-ils eu besoin  d’emprunter et de proposer des obligations sur leur dette nationale, alors que leur balance commerciale est tellement excédentaire?  Un coup de Nabiulina et des Occidentalistes. Pour être moderne, il fallait montrer au monde que le monde achète de la dette russe en toute confiance.

Ils sont trop prudents, Poutine va petits pas par petits pas. A 2000 $ l’once d’or , au lieu de 1550, tout le système explosait. Ce n’est peut-être pas encore l’intérêt de la Chine. Ne pas tuer les amis.

 

[Petit grain de sel des G.O. : À quoi bon s’indigner de voir l’Allemagne adopter les manières mafieuses des États-Unis en s’appropriant les filiales de Gazprom localisées sur son sol ? Ils le font tous, l’Europe entière s’engouffrant dans le mimétisme à tout va, comme s’il n’avait jamais été question de morale ces derniers siècles. Ces Euronouilles en pleine hystérie collaborationniste ont-ils entièrement (ou pas ?) perdu de vue que le président de GAZPROM Russie n’est autre que M. Gehrard Schröder, ex-chancelier d’Allemagne ? Il est vrai que M. Scholz et lui ne sont pas du même bord politique… Pour la presse belge alignée (restons polis), il a « vendu l’Allemagne à Poutine ». L’industrie allemande, si elle ne veut pas périr, pourra toujours le réélire.]

 

 

Le cauchemar des Anglosionistes.

 

 

 

 

 

Grain de sel additionnel…  d’Aline de Diéguez

Pour l’Allemagne, s’approprier «  les filiales de Gazprom localisées sur son sol »… pas si simple. Encore faut-il qu’il y ait des filiales de Gazprom en Allemagne.

Je me permets de renvoyer à l’article lumineux  de Dmitry Orlov du 4 avril 2022 – Source Club Orlov  et publié par le site du Saker en français : (https://lesakerfrancophone.fr/leurope-na-plus-de-contrats-pour-le-gaz-naturel-russe ) :

 

[…] « Il y a à peine un jour ou deux, les responsables allemands déclaraient haut et fort que leur contrat avec Gazprom prévoit un paiement en euros ou en dollars, et que l’Allemagne ne paiera donc pas le gaz russe en roubles. Cela devait rendre les choses parfaitement claires. Cependant, le contrat de fourniture de gaz de l’Allemagne est conclu avec GAZPROM Germania GmbH, située à Berlin, et non avec la véritable Gazprom, dont le siège est à Saint-Pétersbourg ! Les autorités allemandes savent-elles seulement qu’il s’agit de deux organisations complètement différentes ?

Gazprom Germania GmbH est le siège du conglomérat diversifié Gazprom Germania Group, qui comprend 40 entreprises opérant dans plus de 20 pays en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Jusqu’à vendredi, elle était une filiale à 100 % du groupe russe Gazprom. Vendredi (1er avril), Gazprom s’est retiré de Gazprom Germania et n’a plus rien à voir avec son ancienne filiale berlinoise. Avec cela, Gazprom Germania a perdu tout lien avec le gaz russe. Pire encore, on pense qu’elle est insolvable et qu’elle risque de faire faillite dans quelques semaines, après quoi elle sera liquidée. Tous ses clients seront désormais obligés d’acheter du gaz à Gazprom Russie et de le payer en… roubles. Pas de roubles – pas de gaz ! » […]

 

Et voilà comment un mélange de mentalité de larbin, d’incompétence et d’arrogance de leurs dirigeants conduira les peuples européens à la catastrophe économique.

 

 

 

 

 

Retour à la vidéo d’Alexandre Mercouris…

 

Que signifie le défaut de paiement d’un État ?

 

[https://www.lesoleil.com/2022/03/09/le-defaut-de-paiement-explication-risques-et-consequences-3702ea62c6f9d5ca4a7693b048fdcf8f]

 

Un pays est considéré en défaut de paiement quand il est incapable d’honorer ses engagements financiers en temps et en heure auprès de ses créanciers, qui peuvent être des États, des institutions financières (Fonds monétaire international, Banque mondiale, etc.) ou des investisseurs sur les marchés financiers. Le défaut est qualifié de partiel quand l’État ne rembourse pas une partie de ses obligations.

Le gouvernement lui-même peut se déclarer en défaut de paiement en annonçant qu’il cesse de rembourser ses échéances de dette, comme l’avait d’ailleurs fait la Russie en 1998, ou l’annonce peut aussi provenir d’une agence de notation après un délai de grâce de 30 jours qui suit le constat du défaut de paiement.

Le défaut peut aussi être officialisé par un créancier privé, révélant publiquement qu’un pays a cessé de le rembourser, ou encore par l’agence américaine ISDA (International Swaps and Derivatives Association), qui régit les CDS, sorte d’assurance contre le défaut de paiement.

 

Quelles marges de manœuvre pour obtenir un remboursement ?

Rien ne garantit le remboursement des emprunts souverains. À l’inverse d’un cas de défaut de paiement d’une entreprise, où il est possible de récupérer des actifs en guise de remboursement, il n’est, en revanche, pas possible dans le cas d’un défaut de paiement caractérisé pour un État, de saisir un bien public situé dans ce pays pour le vendre, selon les experts interrogés par l’AFP.

Restructurer une dette signifie rééchelonner les remboursements et, le plus souvent, diminuer ou effacer des créances. Cela induit que le pays est en «défaut», mais qu’il espère néanmoins parvenir à un accord avec ses créanciers.

 

De quel emprunt s’agit-il dans le cas de la Russie ?

La Russie a un emprunt obligataire qui arrive à maturité le 4 avril et qui porte sur deux milliards de dollars. «Cet emprunt ayant été émis sur la Bourse de Londres en dollars américains», détaille Slim Souissi, directeur adjoint de l’IUP de Caen, spécialiste des banques qui a travaillé pour Fitch et fait sa thèse sur la défaillance des États.

Il s’agira de savoir le 4 avril si la Russie a été en mesure ou non de payer ses échéances de dette, ses créanciers étant principalement des fonds d’investissements américains.

 

Quels sont les risques que le défaut de paiement se matérialise ?

Les agences d’évaluation financière, dont Fitch, S&P Global Ratings et Moody’s, considèrent que c’est une question de volonté et que les emprunts pourraient ne pas être remboursés dans leur totalité face aux sanctions prises par les pays occidentaux en réponse à l’invasion russe de l’Ukraine.

«Le pays a les moyens de rembourser cette dette émise sur les marchés financiers, mais peut décider de ne pas le faire pour répliquer par exemple aux sanctions financières occidentales», explique le professeur.

La Russie, qui a quasiment doublé son stock d’or et de devises étrangères depuis 2014-2015, dispose de réserves de change qui atteignaient plus de 640 milliards de dollars au 18 février.

Pour les préserver, Moscou a en outre récemment limité la sortie des devises à l’étranger.

 

Quelles conséquences si l’hypothèse de défaut était confirmée?

« Les créanciers vont perdre les montants prêtés, mais cela ne devrait pas provoquer de crise systémique », estime M. Souissi.

Un arrangement de restructuration de la dette, en plein conflit, paraît hors de propos aux spécialistes de la dette.

Un défaut de paiement coupe automatiquement un État des marchés financiers et compromet son éventuel retour pour quelques années. Il a fallu attendre douze ans pour que la Russie puisse revenir emprunter sur les marchés après le défaut de paiement sur sa dette intérieure en 1998, au moment où son économie était déstabilisée par une lame de fond financière venue d’Asie.

 

 

 

 

Il se trouve qu’Aline de Diéguez venait justement de peaufiner (ou de re-préciser) ce qu’elle avait déjà évoqué à propos du rôle joué – jusqu’ici ! – par le dollar U.S. C’est le moment de lui rouvrir ces colonnes, on n’en sait jamais trop !

 

 

Aline de Diéguez

Du gangstérisme à la truanderie

 

 

1 – Comment le dollar est devenu une puissante arme de domination politique après 1971

2 – Vive les DTS (Droits de tirage spéciaux)

 

1 – Comment le dollar est devenu une puissante arme de domination politique après 1971

Pratiquement tout le monde admet que le système monétaire international basé sur le dollar américain vit ses derniers jours. Surfant sur le prestige d’une victoire militaire en Europe, les accords de Bretton Woods signés en juillet 1944 entre quarante quatre pays – et officiellement destinés à remettre sur pied la machinerie du système monétaire international – organisaient, en réalité, la naissance de l’empire américain et celle d’un nouveau culte du veau d’or, en faisant du dollar la seule monnaie mondiale de référence.

De plus, conformément à la logique de tous les empires et à leur volonté de domination mondiale, ces « accords » créaient dans la foulée les puissants appendices de la suprématie financière de l’empire sur le monde – le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), plus connue sous le nom de Banque mondiale.

Cependant, à la faveur, si je puis dire, de la cuisante défaite militaire de son armée au Vietnam et du poids financier insupportable que cette guerre avait imposé  à un pays qui n’était plus en mesure de garantir la convertibilité du dollar en or, le Président des USA de l’époque, Richard Nixon, avait annoncé, le 15 août 1971, la « suspension provisoire«  de cette obligation de convertibilité sur laquelle reposaient la crédibilité et la sincérité des accords de 1944.

Pour donner le change, Richard Nixon jugea bon de préciser que cette décision avait été prise « en pleine collaboration avec le Fond Monétaire International (FMI) et ceux qui font du commerce avec nous« , alors que cette décision avait été prise dans le plus grand secret par les dirigeants américains. Et il avait ajouté ces paroles ailées : « Nous allons faire pression pour qu’interviennent les réformes nécessaires, en vue de la mise en place urgente d’un nouveau système monétaire international.« 

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Mis en ligne le 8 avril 2022