Des manifestants lors d’un rassemblement contre la France à N’Djamena (Tchad), le 14 mai 2022. (AFP)
Ils accusent Paris de soutenir la junte militaire au pouvoir.
Revue de presse : Franceinfo (avec AFP – 14/5/22)*
« La France, dégage ! », « Non à la colonisation »… Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 14 mai à N’Djamena, capitale du Tchad, contre la présence de la France dans le pays. Des manifestants ont brûlé au moins deux drapeaux de l’ancienne puissance coloniale et vandalisé plusieurs stations-service Total, « symbole » selon eux de la France, arrachant des pompes et emportant certains produits exposés.
Cette manifestation, organisée par la plateforme d’opposition de la société civile Wakit Tamma, avait été autorisée par les autorités. Un dispositif policier entourait toutefois le cortège et était déployé dans la ville.
Il y a un peu plus d’un an, le 20 avril 2021, l’armée avait annoncé que le président tchadien, Idriss Déby Itno, avait été tué au front contre une énième rébellion, après 30 ans de pouvoir autoritaire. Le même jour, son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, avait été proclamé par l’armée « président de transition » à la tête d’une junte composée de 15 généraux. Il promettait des « élections libres et démocratiques » après une transition de 18 mois, au terme d’un dialogue avec les oppositions politique et armées.
« La France nous empêche d’être réellement indépendants »
La France, l’Union européenne et l’Union africaine avaient adoubé le nouveau dirigeant, notamment parce que l’armée tchadienne est indispensable dans la guerre contre les jihadistes au Sahel. Les mêmes acteurs sanctionnent pourtant des militaires putschistes en Afrique.
Lors de la marche à N’Djamena, plusieurs élèves et collégiens sur des motos ont rejoint les manifestants entonnant en chœur « La France dehors ». « Je manifeste parce que la France veut encore nous imposer le système Déby », a lancé un jeune lycéen. « Si nous continuons à souffrir aujourd’hui depuis l’indépendance, c’est par la faute de la France qui nous empêche d’être réellement indépendants », a renchéri Idriss Moussa, un enseignant arabophone.
La période de « dialogue national » allongée
« Nous nous rejouissons que les Tchadiens prennent de plus en plus conscience de notre lutte et nous rejoignent », a déclaré Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tamma. « La France installe des dictateurs sur notre tête. Nous demandons juste que notre peuple soit respecté ».
En juin 2021, le chef de l’Etat tchadien a envisagé une prolongation de la transition et annoncé le 1er mai le report du dialogue national, à la demande du Qatar, médiateur d’un « pré-dialogue » qui piétine depuis deux mois à Doha entre la junte et les innombrables groupes rebelles.
La présidence française avait réagi en se disant « attachée » à un dialogue dans les « meilleurs délais possibles », puis en proposant quelques jours plus tard l’aide de la France. Le 6 avril, Wakit Tamma avait annoncé la suspension de ses pourparlers avec la junte en dénonçant « une communauté internationale qui s’obstine à soutenir vaille que vaille un régime illégal et illégitime ».
*Source : franceinfo/afrique (avec AFP)