Par Mikhail Gamandiy-Egorov (revue de presse : Observateur continental – 17/2/23)*
L’alliance des BRICS avance de plus en plus vers le cap d’une utilisation beaucoup plus large des monnaies nationales dans leurs échanges et investissements. Une étape fortement nécessaire en vue de la création d’une monnaie unique, également de plus en plus abordée au sein des membres de l’alliance pro-multipolaire.
Une plus importante utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges et les investissements par les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) doit précéder la création d’une monnaie unique, a affirmé l’ambassadeur itinérant pour l’Asie et les BRICS au ministère sud-africain des Affaires étrangères, Anil Sooklal, comme le note Le Courrier du Vietnam.
Selon ce haut responsable sud-africain – «les membres des BRICS doivent étendre l’utilisation réciproque de leurs monnaies nationales dans le commerce, les investissements et d’autres transactions», ajoutant que c’est l’unique moyen de jeter les fondations d’une monnaie unique au sein de l’alliance.
Il a également indiqué que la question d’une monnaie unique avait déjà été débattue lors de la récente rencontre en Afrique du Sud parmi les représentants des BRICS: «L’extension de l’utilisation des monnaies nationales des BRICS dans le système financier mondial est indispensable en tant que facteur le plus important de la création d’une monnaie unique et les pays membres font les efforts nécessaires dans ce sens». Il existe déjà entre eux des accords de commerce en monnaies nationales. Et la Nouvelle banque de développement des BRICS a décidé qu’entre 2022 et 2026 – au moins un tiers des nouveaux prêts serait accordé dans les monnaies nationales des pays du groupe.
Anil Sooklal a en outre rappelé que l’Afrique du Sud, qui assure actuellement la présidence au sein des BRICS, estime prioritaires les questions de la réforme de l’architecture financière mondiale. Le Courrier du Vietnam précise également que selon de nombreux économistes sud-africains – les événements pourraient s’accélérer dans les prochaines années et conduire à la formation d’une nouvelle structure du marché financier international dominé par les BRICS.
En termes de perspectives, il serait certainement juste de dire qu’au-delà de l’importance d’une dédollarisation et plus généralement d’une désoccidentalisation de l’économique mondiale, à l’heure de la montée en puissance, y compris économico-financière, des grandes puissances non-occidentales, les USA et plus globalement parlant l’Occident auront largement mis en évidence – que tout en étant une extrême minorité à l’échelle planétaire – d’utiliser leurs instruments économico-financiers à des fins de chantage et de vols tout simplement à l’encontre aussi bien de leurs adversaires géopolitiques, que vis-à-vis de toute nation dont la politique ne rentre pas dans la vision de la minorité évidente concernée.
Cela est d’ailleurs tout aussi d’actualité non plus seulement pour les principales puissances non-occidentales, dont les membres des BRICS, ni plus uniquement pour tous les pays résolument tournés vers la multipolarité, mais également même pour les Etats se trouvant encore sous la coupe occidentale à divers degrés, et qui demain pour toute défaillance dans leur adhésion à l’axe de l’Ouest risquent à se retrouver face à d’importants problèmes. Une réalité que nombre de ces Etats comprennent de plus en plus.
Les BRICS en ce sens, ainsi que d’autres grandes organisations internationales pro-multipolaires, dont l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou encore l’Union économique eurasiatique (UEEA) sont en train non seulement de jeter les bases d’une architecture économique internationale débarrassée du parasitage occidental, mais également montrent la voie à suivre pour toute nation du monde désireuse de s’affranchir d’une dépendance vis-à-vis de l’Occident qui n’a aucunement lieu d’être. Et dans l’objectif de profiter pleinement des atouts dont elle dispose.
*Source : Observateur continental
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