Une émancipation mentale et collective
Nicolas Framont est un sociologue de formation. Il a enseigné plusieurs années à l’université et travaille comme expert pour des CSE (comités sociaux et économiques). On peut le définir aussi comme un intellectuel engagé, qui met son savoir sociologique au service de l’auto-émancipation des classes laborieuses. Il a été un temps militant pour la France Insoumise et même attaché parlementaire pour cette formation politique. Il est rédacteur en chef du magazine Frustration. Mais il n’est pas seulement un travailleur intellectuel, puisqu’il vend des fruits et des légumes au marché, en Charentes-Maritimes. Cette variété d’expériences professionnelles et politiques se ressent dans Parasites (éditions Les Liens qui Libèrent), un ouvrage à la fois facile à lire, instructif, et riche en idées d’action. S’il n’a pas l’ampleur ni la rigueur d’un ouvrage scientifique, cet essai n’est pas pour autant de ces pamphlets sans substance, dont quelques formules brillantes peinent à cacher la vacuité du contenu. On y trouve des arguments très solides et de nombreuses références à des ouvrages scientifiques, à des rapports officiels et à des articles de presse (y compris les organes de presse les plus inféodés à la bourgeoisie, comme Challenges).
Nicolas Framont a voulu, de son propre aveu, écrire un manuel de « développement collectif » – expression qu’il n’a pas inventée, mais qui s’applique très bien à son essai. Les manuels de développement personnel incitent souvent les individus à avoir confiance en eux-mêmes et à prendre en main leur avenir au lieu de subir la vie qu’ils mènent. Parasites fait la même chose, sauf qu’il s’adresse non seulement à des individus mais aussi et surtout aux classes laborieuses. L’idée, c’est d’inciter les victimes du capitalisme – c’est-à-dire la grande majorité des gens – à connaître le vrai visage de leurs adversaires et à prendre conscience de leur propre force, de manière à contribuer à un mouvement massif d’émancipation sociale.
Comme son nom l’indique, Parasites est d’abord le dévoilement de la nature parasitaire de la bourgeoisie. Par « bourgeoisie », Nicolas Framont entend la plupart du temps la grande bourgeoisie : les grandes familles, celles qui détiennent les principaux moyens de production, le pouvoir économique et le pouvoir politique. En France, cela correspond plus ou moins aux 500 plus grosses fortunes recensées chaque année par le magazine pro-bourgeois Challenges. En s’intéressant surtout au cas de notre pays (mais sans négliger le caractère mondial de la bourgeoisie capitaliste), Nicolas Framont apporte des arguments convaincants pour attaquer le discours dominant sur les grands patrons et leurs complices de la classe politique. Non, les bourgeois n’ont aucun souci de l’intérêt général. Leur argent ne sert pas à créer des emplois ni à investir dans des projets utiles à la société. Il sert principalement à enrichir les actionnaires, quel qu’en soit le coût social, politique (montée de l’extrême droite) et écologique. Souvent, les grandes entreprises détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent – tels les groupes de la grande distribution : Leclerc, Carrefour, Auchan… Et quand ils en créent, ce sont des emplois dégradés, mal payés, avec des conditions de travail déplorables.
Non, les grandes entreprises (qui emploient, directement ou par leurs filiales, la majorité des salariés) n’enrichissent pas notre pays : l’argent qu’elles injectent dans l’économie réelle est plus que largement compensé par les subventions et les exonérations de cotisations sociales dont les pouvoirs publics leur font cadeau. À ce propos, Nicolas Framont dément l’idée – de moins en moins crédible, depuis l’arrivée de Macron au pouvoir – que les dirigeants politiques seraient sous la coupe des lobbys privés. En fait, la bourgeoisie économique et la classe politique ne font qu’un. Si, sous la pression de puissants mouvements populaires (communiste, notamment), l’État jouissait jadis d’une relative autonomie à l’égard de la bourgeoisie, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. L’osmose entre la puissance publique et les intérêts privés est quasi parfaite. Ce sont souvent les mêmes personnes qui sont tour à tour aux manettes de l’État et dans des postes importants au sein de puissantes entreprises privées. Emmanuel Macron ou l’ancienne ministre du travail, Muriel Pénicaud, sont des exemples particulièrement frappants de cette confusion des genres, mais il y a bien d’autres exemples qui, pour être un peu moins connus, n’en sont pas moins croustillants.
On voit donc que Nicolas Framont tient un discours somme toute assez classique. Pour lui, comme d’ailleurs pour la bourgeoisie mais aussi la majorité des personnes habitant en France, la lutte des classes est une réalité, et c’est aussi la meilleure grille d’interprétation (meilleure, notamment, que le souverainisme, sans même parler des délires xénophobes et racistes qui ont le vent en poupe actuellement). Mais parler de lutte des classes n’est pas suffisant pour Nicolas Framont. Cela ne suffit pas pour mobiliser les masses. Cela peut même avoir un effet déprimant, car parler seulement en termes de système, de structure, d’organisation, peut laisser croire que le capitalisme est une machine invincible, dont les lois sont aussi éternelles et inévitables que celles de la nature. Non : la grande saloperie capitaliste n’a rien d’une fatalité naturelle. C’est une machinerie créée et utilisée par des personnes de chair et d’os. Les bourgeois sont des êtres humains comme nous, et pas particulièrement géniaux. Leur puissance n’est pas liée à un talent surhumain, mais à l’héritage, aux aides massives de l’État, mais aussi à toute une propagande orchestrée par ce que Nicolas Framont appelle la « sous-bourgeoisie ».
La sous-bourgeoisie, ce sont tous ces intellectuels, artistes et cadres dont le rôle est d’assurer la perpétuation de la domination bourgeoise en intoxiquant l’esprit des travailleurs et des travailleuses (et en s’auto-intoxiquant au passage). Les sous-bourgeois passent leur temps à présenter leurs maîtres comme des bienfaiteurs de l’humanité, des héros des temps modernes, qui doivent leur fortune à leur travail, à leur ingéniosité et à leur audace. C’est ainsi que la bourgeoisie et les sous-bourgeois occupent la plus grande place dans l’espace médiatique, tandis que les classes laborieuses sont invisibilisées. Les ouvriers, en particulier, sont presque entièrement absents de la télévision, ce qui a pu laisser croire à certains intellectuels que la classe ouvrière a disparu. Et même quand les classes laborieuses sont présentes dans les informations, les documentaires ou les fictions, elles ont le plus souvent une image négative. On les présente soit comme des êtres peu sympathiques, voire malfaisants, soit comme de pauvres victimes complètement impuissantes face à un système inhumain et sans visage, contre lequel il est vain de se battre. Même un cinéaste engagé à gauche, comme Ken Loach, verse parfois dans ce dernier travers.
La sous-bourgeoisie est également présente dans les entreprises, où des stages de psychologie positive, de méditation en pleine conscience ou de réflexologie palmaire (massage des mains) visent à faire croire aux travailleurs et aux travailleuses que la solution de leurs problèmes n’est pas à chercher dans l’émancipation sociale ni dans la lutte contre un management toxique, mais dans une démarche purement individuelle et intérieure.
Contre toute cette propagande déprimante et lénifiante, Nicolas Framont appelle les personnes des classes laborieuses à modifier l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et de la bourgeoisie. Elles ont tout intérêt, à l’instar de l’actrice engagée Corinne Masiero (alias Capitaine Marleau), à arrêter de s’excuser d’être des « prols », et à cesser de penser qu’une vie réussie consiste à prendre l’ « ascenseur social », c’est-à-dire à imiter le mode de vie bourgeois. Il s’agit aussi de prendre conscience que les bourgeois, malgré leurs richesses et leur pouvoir, sont finalement assez ridicules avec leur vanité, leur mauvaise foi grossière et leur jalousie (merveilleusement illustrée par la rivalité puérile, contre-productive d’un point de vue économique, entre Bernard Arnault et François Pinault). Il s’agit de retourner contre la bourgeoisie le mépris de classe dont elle abreuve les travailleurs et les travailleuses. Il s’agit aussi de prendre conscience que les bourgeois, tout humains qu’ils soient, vivent dans un autre univers matériel et culturel, et qu’il est vain de vouloir faire appel à leur compassion ou à leur sens de l’« intérêt général » (une notion qui leur est tout à fait étrangère). Lorsque nous manifestons, nous n’avons pas à espérer que nos dirigeants « nous entendent » : en fait, ils nous entendent très bien, mais ils n’en ont rien à foutre.
Comment agir ?
Mais alors que faire ? Il est clair que l’émancipation des classes laborieuses ne peut simplement s’effectuer au niveau mental. Pour se libérer de la domination bourgeoise, il faut agir, et agir intelligemment. Puisque le « dialogue social » n’est qu’un leurre – au moins depuis le tournant néolibéral, qui a détruit le fragile compromis entre les classes laborieuses et la bourgeoisie mis en place après la seconde guerre mondiale – il s’agit de construire un rapport de force. Nicolas Framont n’a évidemment pas de solution miracle à ce sujet. Il n’a pas non plus un plan de bataille complet qu’il suffirait d’appliquer dans le détail. Et c’est tant mieux, car cela voudrait dire qu’il envisagerait de diriger, tels Blanqui ou Lénine, l’avant-garde du prolétariat. Rien n’est plus suspect que les gens qui prétendent savoir en détail comment il faut faire pour s’en sortir. Cependant, Nicolas Framont a quelques idées qui, même si elles ne sont pas toutes très originales, méritent qu’on s’y intéresse.
Construire un rapport de force favorable aux travailleurs, cela peut consister – entre autres choses – à faire grève. Car, contrairement à ce que l’on croit souvent, les grèves sont utiles. Chiffres à l’appui, Nicolas Framont montre qu’elles sont payantes dans les entreprises, notamment en termes d’augmentation de salaire. Naturellement, il y a grève et grève. En février dernier, lors de la soirée de lancement de son livre, Nicolas Framont fustigeait la stratégie choisie par l’intersyndicale : la grève perlée était d’avance vouée à l’échec, sans être moins coûteuse pour les travailleurs qu’une grève reconductible et relativement brève.
Une autre manière de changer les rapports de force, cela peut être de s’en prendre aux biens matériels de la bourgeoisie, à l’instar des ouvriers du début du 20ème siècle ou des Gilets Jaunes (on pourrait aussi ajouter les coupures de courant ciblées que des militants d’EDF ont fait subir à des dirigeants politiques durant le mouvement pour la défense des retraites). Nicolas Framont n’insiste pas trop sur cet aspect du rapport du force, car – comme il l’expliquait durant cette même soirée du 8 février – il se voit mal appeler ses lecteurs et ses lectrices à une forme de vandalisme alors qu’il n’arrive pas lui-même à franchir ce cap dans les manifestations.
Plus fouillées sont les pages consacrées aux moyens de rendre l’activisme attrayant. Le militantisme, il faut le dire, a quelque chose d’ingrat. Battre le pavé (surtout si on ne connaît pas grand-monde dans le défilé), coller des affiches, assister à de nombreuses et interminables réunions dans un syndicat ou un parti politique, rien de tout cela n’est follement excitant. Il ne faut donc pas s’étonner si les militants et les militantes peinent à recruter de nouvelles recrues – surtout s’ils se sont persuadés que « les gens sont cons » ou que « les gens sont des moutons » (propos souvent entendus dans des manifs par Nicolas Framont). Pour rendre l’activisme social à nouveau désirable, peut-être faudrait-il s’inspirer d’expériences passées. Sans tomber dans la nostalgie du mouvement ouvrier d’autrefois (viriliste, souvent peu sensible ou hostile aux revendications féministes, antiracistes ou homosexuelles), on peut reprendre des idées qui ont fait leurs preuves. Si le syndicat des Industrial Workers of the World a si bien marché, au début du 20ème siècle, c’est en grande partie par son caractère informel, peu bureaucratique. Nicolas Framont n’est pas opposé aux organisations syndicales ou politiques bien structurées. Mais il pense qu’il faut aussi des organisations plus souples, où l’on ne perd pas un temps fou dans des réunions. L’idéal serait une symbiose entre ces deux types d’organisation.
Par ailleurs, la constitution d’un puissant mouvement social a sans doute besoin de lieux d’entraide et de convivialité, comme il pouvait en exister au début du 20ème siècle – tels ces bars et salles de danse irlandais évoqués par Ken Loach dans Jimmy Hall ou les Bourses de Travail françaises. Pourquoi ne pas créer des lieux semblables aujourd’hui ?
Enfin, il est urgent de faire en sorte que les organisations syndicales et politiques soient davantage représentatives des classes laborieuses. C’est notamment le cas pour la NUPES, et même pour la France Insoumise, dont les députés sont généralement issus des classes très diplômées ou/et aisées (petite bourgeoisie et sous-bourgeoisie), tandis que le RN est la formation qui peut s’enorgueillir d’avoir le plus de député-e-s issu-e-s de la classe ouvrière. Il y a là un cercle vicieux à briser, car si les gens des classes populaires entendent parler des militantes et des militants qui ne leur ressemblent pas, qui n’ont pas leur langage, ils n’auront guère le désir de les rejoindre.
Pour prolonger la réflexion
On le voit, l’essai de Nicolas Framont est très stimulant. Il parvient, de mon point de vue, à concilier une grande lucidité et une forme d’optimisme raisonnable fondé, entre autres, sur une connaissance de l’histoire des mouvements sociaux. On ne saurait lui reprocher d’avoir négligé certaines questions ou d’être passé trop rapidement sur elles. D’abord, comme on l’a vu, il faut se méfier des gens qui prétendent apporter une solution clé en main : ce ne sont pas en général de grands amis du débat démocratique. Ensuite, il est clair qu’il est impossible d’être exhaustif sur des sujets aussi complexes. Enfin, Nicolas Framont a écrit un essai relativement court dans le but de servir d’outil aux classes laborieuses. On ne saurait donc juger son travail comme s’il s’agissait d’une thèse de doctorat.
Je me permets toutefois de poser ici quelques questions afin de prolonger et d’enrichir la réflexion entamée par Nicolas Framont.
La première est directement inspirée d’une intervention de l’historienne engagée Mathilde Larrère, lors de la soirée du 8 février : la réussite d’un mouvement social ne nécessite-t-elle pas une alliance des classes populaires et d’une partie de la bourgeoisie (ou de la « sous-bourgeoisie ») ? C’est ce que semble montrer l’étude de l’histoire, d’après Mathilde Larrère. Nicolas Framont répond qu’il n’est pas contre une telle alliance, mais que son but est d’abord de s’adresser à ce qu’il appelle les classes laborieuses. Cette réponse n’est peut-être pas tout à fait satisfaisante, car il est clair que beaucoup de lecteurs et des lectrices de son essai (probablement la majorité) seront des gens diplômés, disposant d’un capital culturel important (à défaut de jouir aussi du capital financier, social et symbolique de la bourgeoisie). Autrement dit, ce seront en grande partie des gens issus de cette sous-bourgeoisie qu’on trouve déjà à foison dans les rangs de la France Insoumise. La question de l’alliance entre la sous-bourgeoisie « progressiste » et les classes populaires ne peut donc pas être évacuée. De plus, la frontière entre la sous-bourgeoisie et les classes laborieuses n’est pas évidente à cerner. Comment qualifier les enseignants ? Comme le rappelle Nicolas Framont, « l’école de la République » est en grande partie un moyen de trier socialement les élèves et donc de justifier la pseudo-démocratie bourgeoise en la drapant des atours trompeurs de la « méritocratie ». De ce point de vue, les profs font partie de cette fameuse sous-bourgeoisie dénoncée par Nicolas Framont. Mais ce dernier semble aussi considérer l’école comme faisant partie des services publics utiles à la société, ce qui laisse penser que les profs font aussi partie des classes laborieuses. Donc, les choses sont un peu plus complexes qu’elles en ont l’air.
Une autre question découle de la précédente : comment faire pour empêcher la sous-bourgeoisie de gauche de se croire destinée – une fois encore ! – à diriger le prolétariat ? Nicolas Framont fait l’éloge du parti communiste français, en rappelant comment cette organisation a formé intellectuellement une grande partie de la classe ouvrière et a permis à certains ouvriers de devenir députés, voire ministres. Mais il oublie de rappeler que, partout où les communistes ont triomphé, ils ont mis en place une organisation bureaucratique, dirigée par des intellectuels néo-bourgeois ou sous-bourgeois. Beaucoup des cadres du parti communiste soviétique étaient d’origine ouvrière, certes, mais cela ne les empêchait pas de former une classe d’intellectuels exploitant les masses laborieuses, soi-disant pour l’avènement de la société sans classes. Je pense d’ailleurs que Nicolas Framont est bien conscient de ce problème. Il parle, par exemple, du fait qu’il est très facile pour une personne de se couper de ses origines populaires une fois élue députée. Toujours est-il qu’on ne répétera jamais assez qu’il faut se méfier de la sous-bourgeoisie ou – pour employer un autre jargon – de la bourgeoisie intellectuelle. Des gens comme Nicolas Framont (ou comme moi) sont peut-être pétris de bonnes intentions, mais il ne faut surtout pas leur confier le pouvoir. Voilà pourquoi j’aurais préféré qu’il parle davantage, dans son essai, de l’auto-organisation des classes laborieuses, et pas de la nécessité de les organiser. Un syndicat ou un parti n’a pas, selon moi, à organiser les travailleurs et les travailleuses, mais à leur fournir des outils pour qu’ils puissent s’organiser eux-mêmes. Il s’agit tout simplement de reprendre le mot d’ordre de la première internationale : l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Du reste, certaines pages de Parasites semblent montrer que cette devise correspond bien à la pensée de Nicolas Framont.
Une autre question mériterait également d’être discutée, c’est celle de l’alliance entre les luttes anticapitalistes et d’autres luttes : écologistes, antiracistes, féministes, LGBTQI+…. L’essai de Nicolas Framont évoque brièvement ce problème, mais d’une manière peu approfondie. Au moins a-t-il le mérite de ne pas chercher à hiérarchiser ces différents mouvements, ce qui serait à mon sens contre-productif, comme j’ai tenté de le montrer dans un précédent billet.
Pour terminer, j’ai l’impression que Nicolas Framont aurait pu davantage articuler le développement personnel et le développement collectif. Oui, certaines pratiques rangées sous le vocable de développement personnel peuvent être mises au service des intérêts bourgeois. Mais on pourrait en dire autant du sommeil. Dans certaines entreprises japonaises, par exemple, il existe des salles où l’on peut faire la sieste. Est-ce à dire que la sieste soit en elle-même une saloperie bourgeoise dont la seule utilité serait d’enrichir les actionnaires ? On pourrait dire la même chose de la méditation en pleine conscience, que Nicolas Framont évoque brièvement. Cette pratique peut évidemment servir les intérêts de la bourgeoisie, si elle est mise en œuvre par des entreprises prétendument « bienveillantes » à l’égard des salariés et si elle s’accompagne d’un discours visant à expliquer le malheur des gens par des causes purement individuelles. Mais pratiquée dans un autre contexte, cette forme de méditation peut aider les individus à se libérer de leurs peurs – y compris la peur de s’insurger contre la tyrannie bourgeoise ! La convergence des luttes, c’est aussi cela : l’alliance entre une émancipation collective et un travail personnel sur soi-même.
Pour en revenir à l’essai de Nicolas Framont, vous avez compris que j’en recommande chaudement la lecture. Je rappelle son titre et la maison d’édition : Parasites, Les Liens qui Libèrent.
Vous pouvez également découvrir la pensée de Nicolas Framont en écoutant l’interview qu’il a accordée à Blast :
https://www.youtube.com/watch?v=VRNTZflvaR4
ou en regardant la vidéo réalisée lors de la soirée de lancement du livre, le 8 février 2023 :