Palestine: Le jour de gloire est arrivé
25 novembre 2023
lecridespeuples
Nov 25
Il y a deux mois à peine, personne n’aurait pu prédire le tremblement de terre du 7 octobre. Soit dit en passant, il ne s’agissait en aucun cas d’un massacre perpétré par le Hamas, mais d’une opération militaire spectaculaire qui a décimé en moins de 3 heures toute la Brigade de Gaza.
Et après le déluge de fer et de feu qui s’est abattu sur le peuple palestinien assiégé, et la véritable guerre d’extermination menée par le gouvernement d’un Netanyahou fanatique, désemparé et aux abois, le visage hideux de l’entité usurpatrice temporaire a été révélé à la face du monde : sa soif de sang insatiable, son blocus médiéval sur l’eau potable, les denrées alimentaires, l’électricité et le carburant, son ciblage délibéré des hôpitaux, les femmes et les enfants tués par milliers, jusqu’aux bébés prématurés asphyxiés par dizaines du fait de l’arrêt de leurs couveuses s’inscrivaient dans le cadre d’un projet assumé de rendre le territoire de Gaza inhabitable et de déporter plus de deux millions de Palestiniens dans le désert du Sinaï. Face à un tel scénario d’apocalypse, qui aurait pu imaginer que le Hamas allait faire plier l’ennemi en moins de deux mois ?
L’accord d’échanges de prisonniers qui vient d’être conclu n’est ni plus ni moins que ce que le Hamas proposait dès le début : un échange catégoriel (hommes contre hommes, femmes contre femmes et enfants contre enfants), ou un échange total (tous les prisonniers palestiniens contre tous les prisonniers israéliens). Le peuple de Gaza, soumis à un assaut d’une sauvagerie inouïe et absolument sans précédent dans l’histoire moderne, poussé au bord d’une catastrophe humanitaire de proportions bibliques, abandonné de tous (à l’exception notable de l’Axe de la Résistance, en particulier le Hezbollah, le Yémen et la résistance irakienne) a su tenir bon et maintenir son cap malgré des conditions inimaginables. C’est une nouvelle fois Israël, « plus fragile qu’une toile d’araignée » selon le fameux mot de Nasrallah à la Libération du sud-Liban en 2000, qui a dû plier.
Il s’agit d’un exploit véritablement historique. La minuscule bande de Gaza a forcé l’occupant à céder en moins de 50 jours, alors qu’il avait fallu deux ans pour qu’un échange de prisonniers soit conclu entre Israël et le Hezbollah en 2008, et plus de 5 ans pour que le Hamas libère Gilad Shalit en 2011, en échange de plus de 1000 prisonniers (dont Yahya Sinwar, l’actuel dirigeant du Hamas à Gaza).
L’humiliation d’Israël ne saurait être plus grande. Et il ne s’agit pas seulement de Netanyahou, mais de la totalité de l’entité : gouvernement, armée et société. Alors que les dirigeants sionistes promettaient d’annihiler le Hamas, les voilà qui cèdent à tous ses desiderata. Et, cerise sur le gâteau, les prisonniers israéliens n’étaient pas détenus dans le sud de Gaza, mais bel et bien au nord, pilonné, occupé et ratissé par l’occupant, qui courait après le mirage d’une libération de ses citoyens par la force.
Regardez les otages palestiniens libérés par Israël aujourd’hui. Femmes, adolescents et enfants.
Où était l’indignation lorsqu’Israël a enlevé des enfants et des femmes pendant des décennies avant le 7 octobre, dont beaucoup ont été agressés sexuellement par des soldats… https://t.co/XS7IRMOyiD
— Le Cri des Peuples (@lecridespeuples) November 24, 2023
Les scènes de liesse en Palestine, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, célébrant la libération des femmes et enfants palestiniens emprisonnés par Israël, resteront gravées dans les mémoires comme un des plus grands jours de triomphe de la résistance palestinienne. Seul un tel peuple, dont le caractère indomptable en fait véritablement un peuple légendaire, pouvait arracher une telle victoire à l’occupant. Dans sa rage impuissante, Israël a multiplié les raids contre les domiciles des familles des prisonniers qui allaient être libérés pour interdire les festivités et confisquer les friandises, allant jusqu’à menacer les enfants libérés de les capturer à nouveau s’ils y participaient, mais c’était un effort aussi pitoyable que vain. Le peuple palestinien est irréductible, et aucune menace ne pouvait l’empêcher de célébrer cette victoire éclatante de David contre Goliath.
festivités
Une question subsiste : est-ce que la libération de quelques centaines, voire de la totalité des milliers de prisonniers palestiniens (car d’ores et déjà, cette issue semble inéluctable) justifiait tous ces sacrifices ? Plus de 20 000 morts, dont la moitié de femmes et d’enfants, des destructions dantesques, des souffrances indicibles, et un véritable anéantissement programmé de la bande de Gaza ? Cette réponse, il appartient avant tout au peuple palestinien de la donner. Et elle ne fait aucun doute. Oui, et mille fois oui.
Un enfant palestinien libéré. Il embrasse directement les mains de sa mère. https://t.co/zePCffBvcL
— Le Cri des Peuples (@lecridespeuples) November 24, 2023
Lorsqu’un Palestinien a demandé à Hanane Barghouti, qui venait d’être libérée, quel était son message pour les enfants de Gaza, en particulier pour les milliers d’entre eux qui ont été tués par les bombardements israéliens, elle a répondu : « O enfants de Gaza, nous nous retrouverons au paradis. Nous nous retrouverons au paradis. Et cette victoire est la vôtre. »
La prisonnière Hanan Barghouti après sa libération dans le cadre de l’accord entre le Hamas et Israël :
« Nous disons aux enfants de Gaza [tués] que nous nous retrouverons au paradis et que la victoire est à vous. »
Le slogan : « Le peuple veut les Brigades al-Qassam (branche… pic.twitter.com/9fypHPYbE7
— Le Cri des Peuples (@lecridespeuples) November 24, 2023
Ce message est celui du peuple de Gaza depuis le 7 octobre. On ne compte plus les vidéos d’hommes, de femmes et d’enfants sortis des décombres, seuls rescapés de leur famille, se retrouvant seuls au monde et démunis de tout, et criant leur fidélité à la résistance. Même en étreignant les corps sans vie de leurs enfants, les Palestiniens s’écrient que « Tant que la Résistance va bien, tout va bien. »
« Tant que notre Résistance se porte bien, nous nous portons bien.
Un père palestinien tient dans ses bras le cadavre de son fils, qui a atteint le martyre lors des massacres de Gaza soutenus par les États-Unis.
« Nous sommes entrés au paradis, mon fils. Tant que notre Résistance… pic.twitter.com/MxdKkz3gU6
— Le Cri des Peuples (@lecridespeuples) November 5, 2023
L’ampleur des massacres et des souffrances infligés à la population de Gaza est considérable, et dépasse l’entendement, mais sa patience, sa résilience et son attachement indéfectible à sa cause sont plus grands encore. Comme le disait Khader Adnan, le prisonnier martyr qui a maintes fois vaincu l’occupation depuis les geôles par ses grèves de la faim,
« Certains luttent pour leur pain quotidien, mais d’autres luttent pour quelque chose de plus noble, à savoir notre liberté, notre dignité et notre honneur. La dignité ne s’achète pas, la dignité ne se vend pas, mais elle s’arrache par la force, par les estomacs vides. Ils veulent briser notre dignité et la vôtre, mais nous défendons notre honneur et le vôtre. Pourquoi abandonnons-nous Hisham [Abu Hawash, prisonnier palestinien ayant fait 141 jours de grève de la faim avant d’obtenir gain de cause] ? A qui l’abandonnons-nous ? A quels chiens parmi les colons ? A [Naftali] Bennett ? A [Benny] Gantz ? Alors que leur bestialité est bien connue ? Avons-nous perdu toute dignité au point de laisser l’occupation nous piétiner ainsi ? Avons-nous perdu tout honneur ? Avons-nous perdu toutes nos cartes maîtresses, au point de laisser l’occupant tuer notre dignité en tuant Hisham ? »
En effet, il ne s’agit pas seulement de libérer des prisonniers : au-delà de ce devoir éthique, humanitaire et national impérieux, il s’agit de réaffirmer la dignité de tout un peuple, et de rappeler à la face du monde que sa lutte est sacrée et qu’elle ne cessera qu’avec le martyre ou la victoire. Car plutôt que de se laisser tuer à petit feu, et de disparaître en silence, plutôt que d’attendre un secours illusoire de la communauté internationale ou de la Ligue arabe, le peuple palestinien a écouté les exhortations de Khader Adnan et préféré prendre les choses en mains pour acquérir sa liberté, quel qu’en soit le prix.
En fin de compte, c’est bien de la lutte pour la Libération de TOUTE la Palestine qu’il est question. Cet accord d’échanges de prisonniers conclu en un temps record en est un jalon majeur, qui a réduit en miettes toutes les illusions de Netanyahou : alors qu’il rêvait de liquider définitivement la cause palestinienne, il entrera probablement dans l’histoire comme le principal fossoyeur de l’entité usurpatrice.
L’anachronisme colonial qu’est Israël, créé au moment où les anciens empires s’effondraient, ne disparaitra pas sans violence, car tout combat pour la décolonisation et la Libération exige d’immenses sacrifices. Aux yeux des Palestiniens, aucun ne sera jamais trop grand pour Al-Quds (Jérusalem), la mosquée Al-Aqsa et la terre de Palestine. Sans parler de leur dignité, qui n’a pas de prix.
Par son courage sans égal, sa détermination inflexible sa résistance héroïque, le peuple palestinien n’a pas seulement arraché ses droits et sa dignité à Israël : il a imposé le respect et même l’admiration au monde entier, et replacé sa lutte au premier plan des questions internationales.
Cette victoire éclatante n’est qu’un prélude à d’autres, bien plus spectaculaires.