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30 avril 2024

Ceux qui sont contre la liberté d’expression s’en prennent à Jean Bricmont


Je connais bien Jean Bricmont qui n’est ni extrémiste, ni nationaliste. C’est un intellectuel brillant qui défend avec acharnement cette liberté d’expression qui nous manque tant.
En cette période de chassa aux sorcières dont j’ai été une des premières victimes voilà qu’ils s’en prennent à tous ceux qui oublient de marcher au pas
ginette

Jean Bricmont, le M. Prudhomme de la liberte d’expression
Dimanche 9 Février 2014 à 12:00 | Lu 14238 fois I 263 commentaire(s)

Aude Lancelin

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C’est l’antifascisme qui crée le fascisme, l’antiracisme qui crée le racisme, et «la gauche morale qui est devenue l’extrême droite», ne craint pas d’écrire Bricmont. Un tour de bonneteau idéal.

Jean Bricmont, le M. Prudhomme de la liberte d’expression
La France a l’air barbare, vue de près. Mais allez en Belgique et vous deviendrez moins sévère pour votre pays», écrivait un poète qui ne se souciait pas trop d’amitié entre les peuples. On s’était gardés de faire autre chose que sourire à cette sortie de Baudelaire jusqu’à la découverte de l’existence du dénommé Jean Bricmont et du leadership qu’il entend assumer désormais dans la défense de toute la quincaillerie extrémiste, antisémite et négationniste qui prospère à nouveau dans notre pays à la faveur des moyens de propagande démultipliés du Web, du vide politique, de l’oubli aussi.

Belge donc, spécialiste des équations différentielles et disciple de la pensée sèche de Bertrand Russell, il s’était déjà illustré à la fin des années 90 en publiant avec Alain Sokal un pamphlet prudhommesque, Impostures intellectuelles, qui entendait établir la nullité de toute la philosophie française postmoderne, sur la base d’erreurs relevées dans différents passages scientifiques de Derrida, Deleuze ou Lacan. A la racine de la joie mauvaise qui avait prévalu alors, notamment dans les médias qui firent le succès du livre, le ressentiment à l’égard des plus grands esprits d’un âge d’or français en train de s’achever, ivresse du vae victis («malheur aux vaincus») dans une période où les André Comte-Sponville, Bernard-Henri Lévy ou Luc Ferry purent vivre leurs riches heures sur la base de ce nouvel obscurantisme.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un nouvel obscurantisme, avec le rationalisme obtus à la Jean Bricmont. On le découvre une fois encore en lisant la République des censeurs (éd. de l’Herne), livre extraordinairement violent sous ses airs patelins qu’il s’apprête à publier début février. Une fois encore attaché à pourrir le débat français, le scientiste belge s’en prend cette fois-ci à la façon dont l’Hexagone entoure de trop de respect à ses yeux le souvenir de la Shoah et persécute ceux qui le bafouent. Ainsi, Bricmont considère-t-il que c’est la censure qui crée la pulsion, le devoir de mémoire qui enfante les haines du passé, la loi Gayssot qui crée Faurisson : «Ceux qui n’ont voulu écouter ni Noam Chomsky ni l’abbé Pierre ont maintenant face à eux Dieudonné.» Où l’on observe d’ailleurs une fascinante radicalisation perverse du principe sartrien selon lequel «c’est l’antisémite qui fait le juif» : pour M. Prudhomme physicien, en effet, c’est la lutte contre l’antisémitisme qui fait l’antisémite. Tout cela pourrait n’être que l’illustration nouvelle d’une sorte de niaiserie Aufklarüng qui veut que c’est en débattant de tout, en encourageant au maximum l’expression de n’importe quoi et en laissant tous les monstres s’exhiber au grand jour que l’on triomphe des opinions destructrices. Mais c’est de bien pire qu’il s’agit en fait, d’un raisonnement qui prévaut désormais bien au-delà des frontières belges et selon lequel c’est l’antifascisme qui crée le fascisme, l’antiracisme qui crée le racisme, et «la gauche morale qui est devenue l’extrême droite», ne craint pas d’écrire Bricmont. Un tour de bonneteau idéal. Un «crime parfait», aurait dit Jean Baudrillard, qui prépare bien sûr le retour de tous les refoulements.

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