Aycha Kadhafi est en Algérie par Ahmed Halfaoui
25 septembre 2011
Aycha est bien la digne fille de son père et elle ne s’avoue pas vaincue. Elle a perdu son bébé, son mari, son frères et ses neveux lors des bombardements de l’OTAN et pourtant elle continue le combat contre la colonisation de son pays.
Cest une femme courageuse qui mérite toute notre admiration
Ginette
http://www.lesdebats.com/editions/260911/les%20debats.htm
La réfugiée et les zélateurs
Aïcha Kadhafi est en Algérie.
Tout le monde le sait et on sait, de plus, qu’elle a donné naissance à une petite fille. Elle aurait pu se trouver dans n’importe quel autre pays où elle aurait pu se rendre en sécurité. Elle vient de s’exprimer, comme s’y attendait tout connaisseur ordinaire des réfugiés du colonialisme. Eh bien, certains médias zélés, pas même ceux des pays colonisateurs, des médias indigènes ne s’y attendaient pas. Ils doivent aussi et surtout être étonnés qu’il ne se passe rien du côté de l’OTAN, qui aurait dû s’ébrouer et faire les gros yeux en direction d’Alger. En apparence il n’en est rien. Aïcha, en fait, n’a fait que ce qu’elle devait faire, parler à son peuple.
Être fille de Kadhafi ou pas n’a rien à voir dans le sentiment que peut avoir un être humain à l’égard d’une injustice qui frappe son pays et ses concitoyens. Il en a toujours été ainsi. L’Histoire de notre pays peut en témoigner. Ils étaient combien d’entre nous qui, à partir de l’étranger, ont parlé, créé des réseaux de soutien, représenté l’ALN/FLN. Avant cela, la France Libre fuyant le régime de Vichy, s’est installée à Londres pour appeler à la résistance. Aïcha ne fait pas plus que ce que le réflexe élémentaire, provoqué par une occupation, commande de faire. Nos médias, zélateurs de qui ont sait, n’ont en cure. D’après ce qu’ils distillent elle «embarrasserait», elle «appelle à prendre les armes», ils font penser les autorités algériennes ou pensent à leur place, c’est tout comme. Pour la prise d’armes, ils semblent ignorer que les Libyens n’ont jamais déposé leurs fusils. Qu’importe, quand il s’agit de dénoncer, sans le dire vraiment, cette présence qui les dérange et qui vient les gêner aux entournures, dans leur quête d’une réalité qu’ils auraient voulu voir correspondre au fantasme planétaire d’une «révolution» immaculée où un peuple unanime est secouru, à coups de bombes «démocratiques», contre des «pro-tyrans». Mais, la réalité n’obéit pas aux manipulateurs qu’elle arrive, tôt ou tard, à déborder. La preuve. La femme fait son devoir, comme ceux qui, malgré les Apache, F16, Tornado, ne veulent pas que leur pays tombe sous la botte des pillards qui convoitent son sous-sol et travaillent à le soumettre. La preuve. Le décorum des perrons, des conférences «amies», des ouvertures d’ambassades médiatisées et de l’apothéose de la reconnaissance onusienne, n’ont pas fait que la Libye se soumette. La preuve, «le nouveau pouvoir» n’arrive toujours pas à s’installer à Tripoli, qui pourtant est «tombé» entre ses mains. Pour ma part, je ne sais pas ce qui adviendra de Aïcha.
Je ne sais pas ce que pensent ceux qui l’ont accueillie, mais je crois qu’il faudrait beaucoup de cynisme ou de servilité pour lui dénier le droit le plus élémentaire qu’on doit à quelqu’un qui a la dignité de refuser la servitude. A ce propos, imaginons seulement qu’elle ait accepté le diktat des maîtres du monde. Elle aurait été portée aux nues, fait les unes des médiamensonges, foulé les perrons huppés, peut-être. Maintenant, si elle fait peur c’est que tout n’est pas fini du côté de cette «révolution» atypique.
Par Ahmed Halfaoui