Somidarité Palestine
La Voix de la Russie
Entretien par Mikhaïl Gamandiy-Egorov« L’Afrique se doit d’être respectée»Thierry Mbepgue
Crédit photo : La Voix de la Russie
Mercredi 4 juin 2014 Dans le cadre de nos articles consacrés au continent africain et au panafricanisme, nous avons le plaisir aujourd’hui de nous entretenir avec Thierry Mbepgue, président fondateur du Mouvement Africain pour la Libération du Continent (MALCON). Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie : M. Mbepgue, bonjour ! Pourriez-vous vous présenter brièvement ? Thierry Mbepgue : Bonjour M. Gamandiy-Egorov ! Je suis un patriote et souverainiste camerounais. Etant président fondateur du Mouvement Africain pour la Libération du Continent (MALCON), je milite également au sein du Réseau Mondial des Défenseurs de la Cause Africaine (RMDCA), où j’occupe le poste de Secrétaire général adjoint. Par ailleurs, je suis également auteur de l’ouvrage « Le chemin de la liberté » dans lequel je dénonce l’impérialisme occidental en Afrique. LVdlR : Vous dirigez un mouvement politique, en l’occurrence le Mouvement Africain pour la Libération du Continent. Quelles sont les idées et les principes fondateurs de votre mouvement ? T.M. : Unité, liberté, démocratie. Nous sommes pour une Afrique libre et souveraine. Le MALCON lutte pour non seulement redonner le pouvoir au peuple en tant qu’expression de la souveraineté populaire, en proposant des solutions concrètes, mais également afin de résoudre les défis auxquels les populations et nations sont ou seront confrontées. De même que faire comprendre aux populations africaines la nécessité de mettre sur pied une nouvelle forme de coopération qui va impliquer le respect de la personne humaine et la souveraineté des pays du continent africain. La nature des relations internationales en l’état actuel est la cause de tout le désordre que nous vivons en Afrique. LVdlR : L’Afrique fait l’objet d’incessantes interventions occidentales. La Côte d’Ivoire, la Libye, le Mali, la République centrafricaine et d’autres pays en sont les exemples les plus récents. En ce qui concerne votre pays, le Cameroun, quelle est la situation actuelle au niveau de son indépendance et de sa souveraineté ? T.M. : Avant de répondre à cette question, je vais attirer votre attention sur le fait que les pays que vous avez cité ont un point en commun et ce point est « la France ». L’armée française est intervenue en toute illégalité dans un pays indépendant et souverain comme la Côte d’Ivoire, au point de bombarder pendant des jours et des nuits la présidence de la république avant de capturer ensuite son président, Laurent Gbagbo, qui est injustement détenu à La Haye aujourd’hui. Je me demande toujours pourquoi et en tant que qui la France doit avoir le droit de vie ou de mort sur les différents peuples africains ? La France sous Nicolas Sarkozy avait pris la tête d’un groupe de pays qui se fait appeler dorénavant « communauté internationale » pour envahir la Libye et assassiner ensuite son leader, le colonel Kadhafi. La même France encore jouera les pompiers pyromanes au Mali et en République Centrafricaine. Voila pourquoi je vous disais tout à l’heure qu’il était très important pour nous Africains de mettre sur pied une nouvelle forme de coopération qui va impliquer le respect de la personne humaine et la souveraineté des Etats africains. En ce qui concerne mon pays le Cameroun, sachez que son indépendance et sa souveraineté sont menacés par la même hyène qui avait mis le feu en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali et en RCA depuis que le président a décidé de regarder vers la Russie et la Chine. Les stratégies sont les mêmes : semer le chaos à l’intérieur pour intervenir. Brûler pour venir en pompier nécessite malheureusement la coopération des personnes au Cameroun capables d’accepter de jouer ce rôle, ce que l’impérialiste a du mal à trouver. L’impérialiste a essayé hier d’instrumentaliser les rebelles centrafricains pour attaquer le Cameroun, d’où de nombreuses incursions de la Seleka dans nos frontières de l’Est. Aujourd’hui encore, il essaie d’utiliser désespérément Boko Haram pour cette misérable tâche qui selon leur plan va entrainer une intervention occidentale dans le nord du Cameroun, sous le fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme international. Tout le peuple camerounais est conscient de ce qui se passe et est prêt à faire face à tout ce qui adviendra. LVdlR : Quelle vision avez-vous des perspectives des relations extérieures du Cameroun et de l’Afrique en général ? T.M. : Les relations extérieures en l’état actuel sont contreproductives pour le continent africain. Et tant que celles-ci ne seront pas revues dès maintenant, ne comptez pas non plus qu’elles s’améliorent dans le futur. Il faut dans l’urgence faire comprendre aux colonisateurs qu’ils doivent oublier leur passé de colons, qu’ils doivent prendre la posture des pays amis qui n’ont pas le droit de s’immiscer dans les affaires internes des autres pays. LVdlR : L’actualité récente est notamment dominée par ce qui se passe au Nigéria voisin, notamment à travers les actes de l’organisation terroriste Boko Haram, que vous avez mentionné. On entend effectivement et déjà parler des répercussions sur le Cameroun, notamment au niveau des régions frontalières. Qu’en est-il ? Que représente Boko Haram selon vous ? T.M. : Boko Haram est-il seulement un groupe terroriste ? Pas selon moi. Observez le comportement des autres groupes terroristes dans le monde, faites la comparaison avec Boko Haram et vous comprendrez qu’il y a une différence entre un terroriste et une personne mandatée pour perpétrer des actes terroristes afin de faire plier une autre personne dans la prise d’une décision capitale. Donc pour moi, cette secte est un groupuscule de bandits de grand chemin qui de part ses agissements a démontré qu’il opère pour le compte d’une ou plusieurs puissances. Mais laquelle ? Certainement celle à qui profitent ces nombreuses incursions dans la partie nord du Cameroun. Tout ces incursions dans le nord de mon pays ne vise qu’a rendre cette zone infréquentable, à traumatiser le peuple et le pousser à mettre la pression sur le gouvernement qui face à cela se trouvera dans l’obligation d’accepter la proposition d’aide pour une intervention militaire que la France lui fait. Que ces puissances qui ont demandé et obtenu un dialogue entre le gouvernement nigérian et cette secte vous disent pourquoi ils ont déclenché la campagne de médiatisation de Boko Haram après la capture des 200 filles au Nigeria, alors que tout pouvait se faire en toute discrétion comme les Occidentaux ont l’habitude de le faire ailleurs ? Que l’ONU vous dise pourquoi ce n’est que maintenant qu’elle reconnait Boko Haram comme une organisation terroriste alors que celle-ci opère dans le nord du Nigeria depuis 2002 ? LVdlR : Quel espoir avez-vous pour le futur de votre pays et de votre continent ? T.M. : La diversification constatée au niveau de la coopération entre le Cameroun et l’extérieur représente un espoir pour le développement de mon pays, car aucune puissance ne peut se targuer dorénavant d’avoir le monopole des richesses du Cameroun. La non présence militaire française au Cameroun constitue véritablement une source d’espoir pour le peuple que nous sommes car c’est cette présence qui a toujours été la cause des coups d’Etat à répétition et des rebellions dans les pays d’Afrique. Et vous savez comme moi qu’un pays en crise est un pays sans repère, sans futur. Je voudrais cependant profiter de cette occasion pour rappeler à mes frères camerounais que c’est dans ces conditions de paix et de non ingérence extérieure qu’un peuple peut régler ses comptes avec ses dirigeants, peut lutter contre la corruption ou même exiger le départ d’un dirigeant véreux. Le réveil de l’Afrique fait trembler des puissants de ce monde et c’est un signe annonciateur d’une Afrique nouvelle qui se pointe à l’horizon. Jetez votre regard vers l’horizon et vous verrez un continent africain libre et indépendant, un continent où tous les enfants d’Afrique parlent d’une même voix. Un continent en paix, sans guerre, ni rébellion armée. Un continent où tous les enfants d’Afrique se sont levés car ayant compris enfin qu’ils sont faits pour vivre ensemble, un continent où tous les hommes respecteront la dignité de la personne humaine. LVdlR : Mis à part les relations très importantes entre l’Afrique et la Chine, que pensez-vous des perspectives de développement accéléré des relations entre l’Afrique et les autres pays des BRICS, dont la Russie ? T.M. : Les Africains veulent être respectés, ils veulent traiter avec des pays qui respectent la personne humaine et non des pays voyous qui n’ont pour seule raison de traiter avec vous que le pillage de vos ressources. Les Africains veulent traiter avec des pays qui se soucient de leur développement et non des pays qui constituent un frein à leurs développements. Et je crois que la Russie et la Chine font partir des pays qui peuvent aider l’Afrique à se développer tant sur le plan militaire que sur le plan économique. La Russie est devenue le pays sur lequel les Africains doivent s’accrocher pour éviter cette maladie qui les ronge depuis plus de 60 années maintenant. Tous les pays africains ne rêvent aujourd’hui que d’atteindre l’émergence afin d’intégrer les BRICS parce que certainement c’est par là que se trouve leur salut. L’avenir nous situera. LVdlR : M. Mbepgue, je vous remercie d’avoir répondu à nos questions ! T.M. : C’est moi qui vous remercie pour cette marque de considération et souhaite beaucoup de réussites à votre média. Je souhaite que vous continuiez d’être le grand média qui rétablisse la vérité sur les nombreux mensonges sur l’Afrique. © 2005—2014 La Voix de la Russie
Publié le 4 juin 2014 avec l’aimable autorisation de l’auteur |