Tous contre Daech : Les Occidentaux aimeraient les éviter. Mais face à l’Etat islamique, ils sont devenus incontournables
Qu’il paraît loin, le Printemps arabe! Quatre ans après cet élan démocratique, l’heure n’est plus à la chute des dictatures. Face à la barbarie du groupe Etat islamique (appelé Daech en arabe) en Irak et en Syrie, mais aussi en Libye et dans le Sinaï, les régimes autoritaires se posent à nouveau en remparts contre l’islamisme le plus violent. C’est le cas bien sûr de monarchies absolues comme l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, qui envoient leurs jets bombarder les djihadistes en Syrie. Mais les puissances occidentales combattent aussi presque côte à côte avec des régimes que pourtant elles réprouvent. Celui du paria Bachar el-Assad, mais aussi la République des mollahs dont le programme nucléaire inquiète et même le putschiste Sissi en Egypte, qui réprime dix fois plus que jadis Moubarak!
Des Français chez Assad
Tollé à Paris. Le président François Hollande et son premier ministre Manuel Valls n’avaient pas de mots assez sévères, jeudi, pour condamner la visite la veille à Damas de quatre parlementaires français, qui ont rencontré Bachar el-Assad. Ce dialogue entamé par un député socialiste, un sénateur indépendant et deux élus UMP «avec un dictateur» qui se comporte en «boucher» envers ses propres concitoyens est une «faute morale» qui n’engage en rien la position de l’Etat français, lequel a rompu tout contact avec le régime syrien en 2012.
Reste que ce déplacement controversé relance le débat sur l’opportunité de parler avec le président syrien. «Nous sommes bien obligés de dialoguer avec Bachar el-Assad dès lors que nous avons un ennemi prioritaire, l’Etat islamique», estime par exemple Henri Guaino, l’ancienne plume de l’ex-président Nicolas Sarkozy.
Sur le terrain, en tout cas, une chose est sûre: la France participe activement à la coalition internationale contre Daech; en revanche, elle n’est pas entrée en guerre contre le régime syrien.
Khamenei, cet «ami» de Kerry
Chef de la diplomatie des Etats-Unis, John Kerry a reconnu mercredi que son pays a «un intérêt commun» avec l’ayatollah Khamenei. Les Iraniens «ont fait des choses qui nous aident, par exemple combattre Daech», a reconnu le secrétaire d’Etat, tout en précisant: «Nous ne nous coordonnons pas avec eux.»
Pour l’Iran, la sécurité de l’Irak à majorité chiite est d’une importance vitale. Or, pour les djihadistes de Daech, les chiites sont des hérétiques. Téhéran a envoyé ses experts militaires soutenir l’armée en Irak mais aussi en Syrie. Forcément, ce rôle clé joue en faveur de l’Iran dans les négociations sur son programme nucléaire.
Sissi en force face à Daech
Cinq attentats à la bombe ont secoué hier Le Caire. Selon le président Abdel Fattah al-Sissi, plus de 500 policiers et soldats ont péri en Egypte depuis qu’il a renversé en juillet 2013 le président élu Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Les attaques les plus meurtrières sont perpétrées dans le Sinaï par Ansar Beït al-Maqdess, branche locale de Daech. Mais c’est le nouveau foyer djihadiste en Libye, aux portes de l’Europe, qui inquiète l’Occident. L’Egypte est montée au créneau, bombardant des positions de l’Etat islamique dans l’Est libyen après la décapitation de 21 coptes (chrétiens). Un haut responsable arabe a résumé ainsi la situation à l’AFP: «L’Egypte ne peut connaître la stabilité si le chaos règne en Libye.»
(TDG)
Posted on fév 27, 2015 @ 9:41
allain Jules