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25 novembre 2024

Libye : épisode II par Ahmed Halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/100312/les%20debats.htm

 Libye : épisode II

Au commencement était l’OTAN, comme tout le monde le sait, avec ses bombardiers, ses forces spéciales et ses livraisons d’armes. Le CNT ne criait pas à l’ingérence étrangère, suivant les chapelets de bombes, ses «révolutionnaires» paradaient, devant les caméras, sur les cadavres de leurs compatriotes et sur les ruines de leur pays et les prières sur les places publiques se faisaient sous les guirlandes aux couleurs atlantistes.

Le siège de la «rébellion» à Benghazi arborait un immense drapeau français et les joues des fillettes aussi. Mustapha Abdeljalil qui se faisait exhiber sur les perrons des palais occidentaux et «élire», avec ses comparses connus ou inconnus, par des «amis de la Libye», comme «représentants légitimes du peuple libyen». Jusque-là les étrangers ne faisaient pas d’ingérence, ils étaient des alliés qui «soutenaient la révolution».

Mais Abdeljalil pense désormais que «ce qui arrive aujourd’hui est le début d’une conspiration contre le pays. C’est une question très dangereuse qui menace l’unité nationale». Il dit cela aux gens de Benghazi, sans mesurer le culot dont il fait preuve. Il n’ose, toutefois, pas accuser ceux qui l’ont porté à ce pouvoir fictif et préfère s’en prendre à «certains pays arabes», sans les désigner, qui auraient peur de la «révolution».

Il faut comprendre qu’il croit encore que son «élection» était légitime et que les tribus et les bandes armées de l’Est doivent lui obéir. Pendant ce temps, les choses se mettent en place. Il peut même garder son futur projet de charte qui servira sa future Constitution, les irrédentistes n’en ont que faire. «Le congrès du peuple de Cyrénaïque» va très vite en besogne, il est en voie d’étudier «la possibilité d’adopter l’ancienne Constitution de 1951 après certains amendements». C’est-à-dire la Constitution du royaume d’Idriss Senoussi. Mais n’y a-t-il que cela à retenir ? La Cyrénaïque recèle quand même l’essentiel des ressources pétrolières et c’est la région qui n’a pas connu de destructions. On dit que «Tripoli a connu la guerre et Benghazi la révolution», ce qui constitue un avantage non négligeable en termes d’économie de coûts. L’autre privilège est que les milices adhèrent toutes à la sécession, quand l’Ouest est morcelé en fiefs inconciliables et croule sous un amoncellement de besoins provoqués par la furie atlantiste qui s’est déchaînée sur les infrastructures et les hommes.

Ajoutons que les troubles les plus significatifs que l’on ait enregistrés sont dus au mécontentement contre le CNT. On peut donc augurer d’une probable stabilisation de la région et d’une rapide reprise des affaires. Le silence ou le fait que tardent les réactions des Etats-Unis, de leurs satellites et des Arabes, si prompts à se mêler du moindre bruissement, en dit plus long que l’on puisse imaginer.

Du moins, en ce qui concerne ceux qui ont depuis le début dénoncé la sauvage «démocratisation» en mettant le doigt sur les véritables objectifs de la «révolution», qui sont de démembrer la Libye et de s’emparer de son sous-sol. Il serait assez jouissif, si ce n’est le tragique des choses, d’épingler les plumes, chez nous surtout, qui encensaient chaque missile qui explosait sur la Libye et qui se mettent, maintenant, à fustiger l’OTAN.


 

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