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25 novembre 2024

Une milice libyenne enferme ses prisonniers noirs dans une cage de zoo


trouvé sur France 24

Une milice libyenne enferme ses prisonniers noirs dans une cage de zoo

Des prisonniers noirs, poings liés, placés dans la cage d’un zoo. Dans leur bouche, des bouts de tissus verts que des hommes en colère leur ordonnent d’avaler. Ces images choquantes ont été tournées dans le zoo de Misrata, en Libye. Une vidéo qui pointe, encore une fois, les dérives des milices anti-Kadhafi qui contrôlent aujourd’hui en grande partie le pays.

La vidéo n’est pas datée, mais elle a été publiée sur YouTube fin février. Les hommes que l’on voit debout autour de la cage semblent s’amuser du spectacle. Certains détenus portent des traces de coups et ont les pieds liés. Ils sont abreuvés d’injures. On entend notamment : « Toi, viens par ici, espèce de sale chien ! Avale ce drapeau ! ». Le drapeau en question est  celui qui avait été choisi par Kadhafi en 1969 comme emblème de la Libye. À 0’57 et à 1’00, on entend quelqu’un tirer en l’air.

Ces prisonniers ne sont pas des immigrés africains vivant en Libye. Il s’agit de noirs libyens, originaires de la ville berbère de Tawergha, à 38 km de Misrata. Une ville qui servait de camp militaire aux forces de Mouammar Kadhafi pendant la révolution.

CONTRIBUTEURS

« Ce genre d’exactions montre bien l’anarchie dans laquelle se trouve la Libye aujourd’hui »

Ibrahim al-Oujaly est commerçant à Tripoli. Il est régulièrement en contact avec des proches à Misrata et Tawergha.

Ce que l’on voit sur cette vidéo est un exemple des vengeances exercées aujourd’hui en Libye par les ex-rebelles [les groupes armés qui se sont soulevés contre Kadhafi, NDLR].

Des habitants de Tawergha ont été armés par Kadhafi pour lutter contre les rebelles durant le soulèvement. Ils se sont battus contre les rebelles de Misrata et ces derniers affirment qu’ils ont commis des viols et des massacres.  Du coup, lorsque la ville est tombée entre leurs mains [le 13 août 2011, à la suite d’une opération menée en commun avec les forces de l’OTAN, NDLR], ces derniers ont voulu se venger. Ils ont emprisonné les hommes qui se trouvaient encore à Tawergha. Beaucoup d’habitants avaient déjà fui avant l’entrée des rebelles, par peur des représailles. Ils sont partis s’installer dans différentes villes du pays comme Tripoli, Bani Walid, Syrte ou Gheryana et ne peuvent pas rentrer chez eux par peur des représailles.

Ce genre d’exactions montre bien l’anarchie dans laquelle se trouve la Libye aujourd’hui, malgré les efforts du CNT [le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, avait promis de prendre des mesures sévères contre les arrestations arbitraires et les détentions prolongées non suivies de procès, NDLR]. Les rebelles contrôlent toujours certaines prisons du pays et refusent d’en confier la gestion à l’État. Certaines milices, comme celle de Tripoli, ont en outre leurs propres centres de détention. Les rebelles utilisent enfin la force pour contrôler la justice locale, et les juges commencent à se révolter [en décembre dernier, une milice a même envahi le bureau du procureur général à Tripoli, NDLR].

Ces rebelles n’ont rien compris à l’esprit de la révolution. Nous n’avons pas viré Kadhafi pour avoir un pouvoir tout aussi dictatorial. Ces mauvais traitements infligés aux prisonniers, dont les preuves circulent sur le Net, choquent les Libyens. Ni les médias publics ni les médias privés n’en parlent. Je ne pense pas que ce soit parce que le gouvernement fait pression, mais plutôt parce que nos journalistes ont trop l’habitude de ménager le pouvoir. »

Les noirs ciblés en Libye

Les habitants de Tawergha ne sont pas les seuls Libyens noirs à avoir subi des représailles de la part des milices. Dans un rapport publié en septembre dernier par Amnesty International, l’organisation demandait aux dirigeants du Conseil national de transition (CNT) de veiller à la protection des populations noires de Libye, ciblées en raison de leur couleur de peau. Le rapport mentionnait notamment des mauvais traitements subis par des habitants de Sebha, dans le sud du pays.

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