Où va Addis-Abeba ? L’Ethiopie au cœur du grand jeu géopolitique en Afrique de l’Est
27 novembre 2018
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILYLuc MichelLundi 26 novembre 2018 FLASH VIDEO/ OU VA ADDIS-ABEBA ? L’ETHIOPIE AU CŒUR DU GRAND JEU GEOPOLITIQUE EN AFRIQUE DE L’EST LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/ Le Flash Vidéo du jour … L’action géopolitique et géoéconomique spectaculaire du nouveau premier ministre éthiopien appalle beaucoup de questions. Notamment pour qui « roule » Abbiy Ahmed ? La globalisation libérale (ces réformes économiques allant dans ce sens, mais la coalition au pouvoir est sceptique par rapport au capitalisme globalisé) ? Les américains ? Les chinois (qui financent le rapprochement entre l’Ethiopie et l’Erythrée, mais aussi avec les deux soudans) ? Les russes (de retour et très présents en Erythrée et au Soudan). Et si Abbyi Ahmed travaillait tout simplement pour l’avenir de son pays … J’ai traité avant-hier cet important sujet, qui change toute la géopolitique de l’Afrique de l’Est, pour le ZOOM AFRIQUE de PRESS TV. J’ y borde les questions sur l’action du nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed : Éthiopie: pourquoi toutes ces réformes ? Sources : * La Video sur PANAFRICOM-TV/ * L’article et l’émission complète sur : UN REGARD SUR CE QUI SE PASSE EN ETHIOPIE (1) : L’Éthiopie sur la voie de la libéralisation économique partielle. Le nouveau Premier ministre l’a annoncé mardi 5 juin : l’État va ouvrir le capital de certaines entreprises publiques dont les plus importantes comme Ethiopian Airlines ou EthioTelecom. Cette annonce s’inscrit dans la volonté de réforme affichée par Abiy Ahmed depuis son entrée en fonction début avril. Et c’est un virage pour la coalition au pouvoir, sceptique à l’égard du capitalisme mondialisé. La réforme se fera « progressivement » a prévenu Abiy Ahmed, le lendemain de l’annonce officielle. Les dirigeants de l’EPRDF au pouvoir depuis 1991 restent suspicieux à l’égard du capitalisme et des spéculateurs, analyse un économiste interrogé par Reuters. Il n’empêche, l’annonce a pris tout le monde de court. Le gouvernement va permettre aux investisseurs privés, éthiopiens ou étrangers, d’entrer au capital d’Ethiopian Airlines, d’EthioTelecom, de la compagnie logistique et de transport maritime ainsi que de la compagnie nationale d’électricité. Cependant, l’Etat restera majoritaire. Majorité absolue ou relative ? On ne sait pas pour le moment. D’autres entreprises publiques vont être entièrement cédées au privé. Il est question du chemin de fer, d’usines ou des parcs industriels dont le pays se dote pour tenter d’attirer les compagnies textiles notamment. Cela aurait dû être fait depuis longtemps, estime le professeur de politiques publiques à l’université d’Addis-Abeba, Costentinos Berhutesfa. « Le gouvernement éthiopien a été très chanceux en ce sens que les donneurs internationaux ont été généreux, ils ont donné autour de quatre milliards de dollars en aide au développement. La diaspora envoie aussi 4 milliards de dollars à travers les banques. Et puis vous avez les prêts qui sont accordés pour les grands projets. Sauf qu’aujourd’hui, ces prêts ne vont bientôt plus être soutenables. Donc le gouvernement doit chercher d’autres sources. » « La balance commerciale reste largement déficitaire. Le pays souffre d’un manque criant de devises comme le dollar ou l’euro. La Banque centrale n’aurait, selon les sources, qu’entre un et deux mois d’importations en réserve. Si des investisseurs achètent des parts d’entreprises publiques, cela peut amener des devises ». Atlaw Alemu, directeur du département d’économie de l’université de la capitale, y voit une autre justification : « Les entreprises d’Etat sont moins efficaces, leurs performances sont très faibles. Il y a un grand nombre de détournements dans certaines d’entre elles, ou du gaspillage, de la corruption. Ces privatisations peuvent réduire ou résoudre ce genre de problème. » Au-delà, le Premier ministre Abiy dit espérer faire baisser à terme le chômage de masse alors que 40% de la population éthiopienne a moins de 15 ans et que, chaque année, jusqu’à trois millions de personnes entrent sur le marché du travail. Certaines entreprises du secteur des télécoms se montrent d’ores et déjà intéressées comme les Sud-Africains MTN et Vodacom (filiale du groupe britannique Vodafone). Mais beaucoup reste à préciser dans cette réforme éthiopienne. Il faudra modifier les lois existantes. UN REGARD SUR CE QUI SE PASSE EN ETHIOPIE (2) : En Ethiopie, les autorités ont arrêté ce 12 novembre 63 officiers de l’armée et des services de renseignement. Des officiers accusés de corruption et de violation des droits de l’homme. Ce genre d’arrestation est assez rare dans le pays et représente une nouvelle inflexion de la politique du Premier ministre Abiy Ahmed. Abiy Ahmed veut rompre avec le passé autoritaire du pays. Le Premier ministre enchaîne les mesures d’assouplissement depuis son arrivée au pouvoir, en avril dernier. Levé de l’état d’urgence, libération de milliers de prisonniers politiques, signature de la paix avec l’Erythrée pour ne citer que les plus exemplaires. Donc, ce 12 novembre, les autorités ont annoncé l’arrestation de 63 officiers du puissant appareil de sécurité : 27 arrêtés pour corruption présumée et 36 écroués pour violation présumée des droits de l’homme. Berhanu Tsegaye, le procureur général, n’a pas précisé l’identité des suspects, mais il a indiqué que « certains faits avaient eu lieu à la Metals and Engeneering Corporation (Metec), une entreprise dirigée par l’armée ». Comme les armées egyptienne et soudanaise, l’armée éthiopienne dirige un vaste complexe économique. La Metec est notamment impliquée dans la construction du méga-barrage éthiopien de la renaissance, sur le Nil Bleu. Les responsables auraient acheté des biens pour le montant de 1,8 milliard d’euros. Des achats sans appel d’offres. Pour ce qui est des violations des droits de l’homme, elles auraient lieu dans les prisons secrètes où les détenus subissaient divers sévices tels que viol en réunion, sodomie, exposition prolongée à une chaleur et à un froid extrêmes, simulacre de noyade et privation de lumière naturelle. (Sources : AFP – Reuters – RFI – Quartz Africa – Panafricom-TV – EODE Think Tank) Photo : LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE * Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique : * Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
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