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30 avril 2024

En Libye, du vide à la jungle politique


En Libye, du vide à la jungle politique

En Libye, l’échec de la dernière élection a donné lieu à une guerre de déclarations. De Saïf al-Islam Kadhafi à Aguila Salah, en passant par Fathi Bachagha, chacun des ex-candidats à la présidentielle tente de gagner en influence.

Alors que Moscou réclame le remplacement de la cheffe intérimaire de la MANUL, Stephanie Williams, dont le mandat s’achevait ce lundi 31 janvier, Ankara accélère ses efforts pour créer un accord entre l’est et l’ouest libyens. Une reprise de l’intrigue politique libyenne en bonne et due forme, accompagnée par des déclarations à contre-courant de part et d’autre. Les puissances étrangères le savent bien : c’est le moment ou jamais de sortir son épingle du jeu.

Mais en Libye, c’est aussi la saison de la réactivation des ex-favoris du scrutin libyen finalement reporté. D’un côté, l’héritier de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, a fait sa première déclaration par le biais de l’avocat de la famille Khaled Zaidi. « Kadhafi a annoncé une initiative pour résoudre l’impasse politique à la suite de l’échec des élections », a révélé Zaidi vendredi.

De leur côté, les manitous de Benghazi, avec à leur tête le chef du parlement Aguila Salah, épaulé par son nouvel allié l’ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha, cherchent à démettre le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah et son gouvernement de leurs fonctions. Sans succès jusqu’à maintenant.

La proposition de Kadhafi

L’initiative de Saïf al-Islam Kadhafi, elle, concerne le report du vote présidentiel, afin d’aller sans tarder aux élections législatives. Selon un communiqué signé par Kadhafi, ce procédé « épargnera au pays la guerre et les divisions et fermera la porte au retour à la case zéro de la transition ». « Les divergences politiques et militaires entre les parties en conflit ont nui au pays et à son peuple, gaspillé ses richesses et menacent son unité nationale », estime Kadhafi.

Le leader libyen estime également qu’il incombe au parlement élu de « prendre des mesures significatives pour assurer le déroulement de l’élection présidentielle ensuite ».

A la clé, selon les spécialistes, un scrutin décentralisé lors duquel chaque candidat placera ses éléments et mesurera sa véritable influence dans le pays. Mais au vu des circonstances actuelles, cette initiative de Kadhafi ne manque pas de frapper le peu de pouvoirs détenus par la coalition de l’est libyen, représentée par Aguila Salah, et soutenant Khalifa Haftar.

Bachagha tacle Debaibah

Un autre candidat à la présidence, l’ancien ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha, est sorti le même jour, accusant le gouvernement d’unité nationale (GNU) d’Abdel Hamid Dbeibah d’avoir fait échouer l’élection de décembre dernier. Bachagha appelle à faire remplacer le gouvernement, dont le mandat est illégal selon lui. Il exhorte aussi la Chambre des représentants (HoR) – le parlement de Tobrouk dirigé par Aguila Salah –, et le Haut Conseil d’Etat (HCS) – le Sénat de Khaled Michri –, à trouver un consensus pour former un nouveau gouvernement.

Une attaque ouverte, pas la première, contre le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah. Ce dernier, candidat controversé de la dernière élection, a repris ses fonctions, soutenu par un large éventail de pays dont les intérêts divergent, pourtant.

Bachagha a déclaré : « Nous sommes en train de remplacer le gouvernement. Les nouvelles autorités donneront la priorité à la tenue d’élections car c’est le désir de tous les Libyens ». Une position qui rappelle celle des nouveaux alliés de Bachagha – il avait annoncé récemment une alliance avec l’ex-chef du Conseil présidentiel Ahmed Miitig et le maréchal Khalifa Haftar.

Stephanie Williams dans l’œil du cyclone, la Turquie à l’affut

Pendant que ces querelles ont lieu, au niveau international, c’est le mandat de Stephanie Williams qui est au centre des débats. Une source diplomatique a déclaré à l’AFP que de vives disputes ont animé la dernière réunion du Conseil de Sécurité des Nations unies, au sujet de la prolongation du mandat de l’Américaine à la tête de la MANUL.

La résolution, proposée par le Royaume-Uni, suggère la prolongation du mandat de Williams et de la mission dont elle assure le commandement par intérim d’un an. Seulement, la Russie, qui s’était opposée à la nomination de Williams au poste de manière permanente au préalable, a également opposé son véto à cette résolution.

Williams a hérité du poste de son supérieur démissionnaire Ján Kubiš après que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a nommé l’Américaine comme « conseiller spécial » en lieu et place d’« envoyé », début décembre. Une décision qui a permis au Portugais de contourner les 15 membres du Conseil de sécurité.

L’hyperactivité récente de Williams, et son soutien du maintien de Dbeibah à la tête de l’exécutif libyen, a provoqué beaucoup de remous dans la capitale Tripoli, mais également dans la ville la plus armée de Libye, Syrte.

Lire : Libye : le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah a-t-il une carte à jouer ?

Pendant que l’Occident et la Russie délibèrent à propos de Williams, la Turquie a commencé à exécuter sa nouvelle stratégie en Libye, visant à créer le consensus entre Benghazi et Tripoli. L’ambassadeur de Turquie en Libye, Kenan Yilamz, est arrivé samedi à Benghazi, et a rencontré plusieurs membres du HoR d’Aguila Salah.

Yilamz a formulé le souhait d’Ankara d’étendre sa présence militaire vers l’est, et déclaré que son pays a l’intention d’ouvrir un consulat à Benghazi, en plus de déployer une équipe technique de la Turkish Airlines pour évaluer l’aéroport de Benina dans l’est libyen, et aider à son retour opérationnel.

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