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23 novembre 2024

Essais nucléaires au Sahara


Deux experts interpellent l’état français sur les Essais nucléaires au Sahara : “Il est temps de déterrer les déchets radioactifs”
Publié par Gilles Munier sur 22 Septembre 2020, 18:17pm

Catégories : #Algérie, #Macron

Le champ d’expérimentation des essais nucléaires s’étend sur une surface

de 108 000 km2. © D. R.

Par Mohamed Mouloudj (revue de presse : Liberté – 16/9/20)*

Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin dressent un premier inventaire de l’ensemble des déchets, radioactifs ou non, abandonnés par la France en Algérie.

Les essais nucléaires effectués par l’armée coloniale entre 1960 et 1966 au sud du pays occupent, encore une fois, le devant de la scène. Cette fois-ci, ce sont deux experts français en désarmement qui ont appelé le gouvernement français à collaborer avec les autorités algériennes afin que soient retrouvées les matières radioactives enfouies dans le Sud algérien.

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, Patrice Bouveret, cofondateur et directeur de l’Observatoire des armements, et Jean-Marie Collin, consultant indépendant sur les problématiques de défense et de sécurité internationale, ont estimé que “le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables.

Il est temps de déterrer les déchets provenant des 17 essais réalisés par la France au Sahara, pour assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l’environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France”. Ils ont rappelé, à ce propos, qu’une “prise en compte des dégâts environnementaux et sociaux” a eu lieu en Polynésie où des essais nucléaires français se sont produits et où un “travail de réparation a été entrepris”.

Ils ont déploré, à cet effet, que l’Algérie n’ait pas bénéficié du même traitement, relevant “la présence, sur les sites des essais, de matériel contaminé par la radioactivité et volontairement enterré”, ainsi que de matières radioactives issues des explosions nucléaires présentes à l’air libre. Pour eux, cette question “est un sujet tabou” en France.

Pourtant, expliquent-ils, “cette présence engendre des risques sanitaires importants pour les populations locales, les générations futures, tout comme pour l’environnement”. Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin ont souligné qu’ils ont réalisé une étude publiée par la Fondation Heinrich-Böll qui “dresse un premier inventaire de l’ensemble de ces déchets, radioactifs ou non, abandonnés par la France”.

Ils ont expliqué que l’étude a été élaborée sur la base de témoignages, de visites de terrain et de documents, dont un rapport classé “confidentiel défense”, versé aux archives du ministère français de la Défense.

“Avec l’adoption à l’ONU, par l’Algérie et 121 autres États, le 7 juillet 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian), la question des expérimentations nucléaires françaises trouve une raison supplémentaire de sortir du déni”, estiment les deux experts, précisant que le Tian a la “particularité de prendre en compte les conséquences des expérimentations nucléaires et d’introduire des obligations positives avec ses articles 6 (assistance aux victimes et remise en état de l’environnement) et 7 (coopération et assistance internationales)”.

Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin ont noté que l’entrée en vigueur du Tian est proche, étant ratifié par 44 États sur les 50 minimaux requis, et de ce fait, la France doit fournir à l’Algérie “l’aide technique” et “l’apport d’informations sur les zones où elle a enterré les déchets” et rendre, ainsi, “pleinement possible” la mise en œuvre des différentes obligations du traité.

Les deux experts considèrent que “l’opposition frontale de la France au Tian ne peut pas être un argument pour conserver encore plus longtemps des données susceptibles de mettre un terme à un problème humanitaire”. “De plus, cela serait un contresens au processus de réconciliation entre les peuples français et algérien, selon les mots du président Emmanuel Macron”, font-ils remarquer.

Les deux experts ont noté que si la mise en œuvre de certaines mesures dans le cadre de cette collaboration “nécessite du temps”, “d’autres pourront être engagées sur simple décision politique”, ajoutant que la ministre française des Armées “peut rapidement transmettre aux autorités algériennes la liste des zones d’enfouissement des déchets”.

“Il est temps que la France ouvre ses archives et mette en œuvre, de façon rapide, ces mesures pour sortir du déni ce chapitre sur les essais nucléaires”, concluent les deux experts. À préciser que l’idée de champs d’essais nucléaires remonte à 1957, lorsque la France coloniale entamait sa politique de dissuasion militaire.

Un champ d’expérimentation d’une surface de 108 000 km2 a été créé, avec un centre d’essais atmosphériques situé à 50 km au sud de Reggane. Un autre site d’expérimentation militaire a été installé dans le Hoggar, à proximité d’In Ekker, à 150 km au nord de Tamanrasset.

*Source : Liberté (Algérie)

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