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25 avril 2024

Au nom des maîtres par Ahmed Halfaoui


Au nom des maîtres
Une «révolution» offerte sur un tapis de bombes. Qui dit mieux ? Sous le tapis agonisent, ici et là, des centaines d’enfants, de femmes et d’hommes, que personne ne peut aller dégager des décombres qui les recouvrent, sauf à risquer de les rejoindre. Un appel a été lancé il y a trois ou quatre jours de Syrte. Il est inutile de le chercher dans les colonnes de la grande presse démocratique. Elle ne s’intéresse pas à ce côté des choses. Comme elle ne s’est pas intéressée à ces milliers d’Africains noirs de peau torturés et assassinés par les «révolutionnaires», enfants chéris de la «communauté internationale», pour le simple fait qu’ils soient Africains et noirs. Il n’en a pas été question à la conférence des «amis de la Libye» où il a surtout été question de «terminer le travail», car c’est bien d’un travail qu’il s’agit. C’est le ministre français des Affaires étrangères qui le dit : «C’est nous, la France et la Grande-Bretagne, qui avons fait le job». Et le travail va continuer parce qu’aux dernières nouvelles les Libyens, ceux qu’on ne voit ni sur Aljazeera, ni sur France 24, ni sur aucune chaîne de télévision, entendent toujours ne pas se laisser faire par ceux qui veulent les démocratiser. Les autres, les «révolutionnaires» ont donc demandé que le tapis soit bien déroulé et que l’OTAN reste plus longtemps, car ils se sentent toujours en danger, malgré la «victoire» affichée partout. Ceci, quand tout le monde croyait qu’il s’agissait juste de les protéger des avions de l’armée libyenne. On n’a pas vu l’ombre d’une aile d’aéroplane, en dehors des Tornado, Rafale, Apache, qui ouvraient les pistes devant la marche télévisée des «rebelles». Ce n’était pas prévu dans la résolution 1973 de l’ONU, mais qu’importe. On se demande même pourquoi les affréteurs de bombardiers se sont donnés la peine de s’encombrer de cette organisation. Pour ne pas gêner les rédacteurs pétromonarques peut-être. Si nous faisons les comptes, cette «révolution» va faire date dans l’Histoire. Dans le ciel les meilleures armes au monde, au sol les meilleures forces spéciales au monde et, selon le journal pakistanais «La Nation», des djihadistes chevronnés de la guérilla recrutés par la CIA à Mazar-e-Sharif en Afghanistan (Ouzbeks, Hazaras et Perses), en tant que rebelles sous- traitants. Elle n’est pas belle la vie ? Et puis tous ces palais ouverts dans les capitales les plus huppées de la planète et cette attention de tous les instants des grands de ce monde. Combien de révolutionnaires en rêveraient. Les gars de Benghazi ont eu ce privilège, une première. Et bien plus encore, ils n’y sont pas encore, même pas mis les pieds à Tripoli «libérée» qu’ils menacent l’Algérie de derrière les épaules des résolus 1973. Ils peuvent se le permettre, ils ont des porte-parole qui n’ont pas attendu l’appel pour s’offrir en courtisans attentifs à leur moindre saute d’humeur qui tapent, de toute la force que leur permet leur rage de se faire reconnaître, par procuration, par les maîtres du monde, sur un pouvoir qui tergiverse sur le fait de s’aligner maintenant ou plus tard.
Par Ahmed Halfaoui

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