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4 décembre 2024

La Bataille de Libye par Sergej Kizhemiakin dans la Pravda


LA bataille de Libye par Sergej Kozhemiakin spécialiste russe des relations internationales;Ml.Pravda

LA BATAILLE DE LYBIE
L’intervention puis la liquidation du système de gouvernement de Mouammar El Gueddafi peut être considérée comme le pas le plus important fait par les USA et leurs alliés (avec l’aide de la Russie et de la Chine) dans la lutte pour l’hégémonie mondiale depuis la défaite du socialisme en URSS.

Le système de droit international qui fonctionnait dans l’ensemble, jusqu’en 1989, est devenu l’instrument, exploité à volonté, d’interventions illimitées dans les affaires intérieures de pratiquement tous les Etats du monde qui se sont d’une manière ou d’une autre dressés contre les intérêts du nouveau Reich et de ses Führers. Il ne s’agit pas d’une prospective futuriste, ni de la propagation d’une autre théorie conspirative, mais de la réalité actuelle, triste et terrible réalité, qui est apparue absolument claire après la tragédie libyenne.

LE REGNE DE LA BESTIALITE
L’effort de la communauté occidentale (la notion de civilisation est trop élevée pour eux) de s’assurer l’hégémonie sur le monde date de sa naissance elle- même. Les expéditions sanguinaires des croisés (non seulement contre les Musulmans mais aussi contre l’empire byzantin et contre la Russie), la colonisation et l’esclavage, qui ont causé la mort de centaines de millions de personnes, si ce n’est pas des milliards, ont détruit des civilisations et des cultures entières et ont bloqué le développement de continents entiers pour des centaines d’années.

Ces crimes contre l’Humanité, l’Occident les appelle maintenant, avec une honte feinte, « des erreurs du passé » et formule des excuses cyniques aux descendants des nations assassinées. C’est pour lui, une affaire réglée. C’est là , le sommet de l’hypocrisie. Et là, où cela s’est le mieux illustré, c’est dans la guerre germano-italienne contre la Yougoslavie. Là, l’Allemagne et l’Italie ont pris leur revanche sur leur défaite de la seconde guerre mondiale.

L’Occident n’abandonnera jamais les tentatives d’instaurer son règne mondial .Il fut un temps où cette communauté occidentale essayait de camoufler sa rapacité par de la phraséologie sur la liberté et la démocratie. Mais dés qu’ils en ont éprouvé le besoin, ils ont vite oublié l’une et l’autre. Ils ont réduit en poussières Dresde, brulé au napalm les villages vietnamiens, détruit à coups de missiles à l’uranium appauvri l’infrastructure de la Yougoslavie, de l’Afghanistan, de l’Irak et maintenant de la Lybie. Tout en assassinant de manière effroyable la Yougoslavie, ils se sont couvert derrière les résolutions et les conventions de l’ONU. Ensuite, ils sont venus avec la provocation du 11 septembre 2001 et ont contraint des gouvernements décisifs à avaler l’escroquerie et à se joindre via l’ONU à la guerre contre le terrorisme mondial.

Néanmoins, on pourrait dire que les évènements dont a été témoin l’opinion mondiale, ces derniers mois, ont fait dégringoler, pierre par pierre, le mythe de la civilisation occidentale. Les masques sont tombés. La bête sanguinaire s’est montrée dans toute sa « splendeur ».Un tueur impitoyable, un assassin de sang froid qui ne supporte aucune opinion que la sienne. La seule chose qui peut l’arrêter, c’est la force. Mais s’il sent que la victime est faible, son sort est scellé. L’Occident civilisé le découpe en morceaux.

On peut s’en convaincre tout particulièrement en Lybie. Un Etat florissant, le plus développé sur le continent africain a tenté de mener plus ou moins une politique autonome. Il avait renoncé depuis longtemps à développer son propre armement nucléaire, il ne menaçait pas les Etats-Unis, Israël ou l’Europe. Mais il s’est permis de soutenir la Russie dans le conflit géorgien en 2008, il a refusé de reconnaitre le Kosovo et a entretenu des relations amicales avec la Serbie, le Venezuela et Cuba. Dans le domaine de l’économie, il a refusé les investissements pirates et l’hégémonie de l’Occident. C’était un pays pour les gens et non pour une poignée d’oligarques repus. En 30 ans, la Lybie est passée d’Etat le plus arriéré de la planète à l’un des premiers. Mais le principal, c’est que le pays dirigé par Kadhafi a démontré qu’il existe d’autres voies de développement que celles dictées par le FMI et la Banque mondiale, c’est-à-dire le néocolonialisme qui signifie pour la majorité la misère, la maladie et l’impasse.

Cela ne pouvait pas ne pas provoquer la haine et la peur dans les anciennes métropoles dont les représentants savent très bien que les exemples attirent et c’est qui a été la cause principale de la nouvelle croisade contre la Lybie indépendante. L’attaque criminelle contre ce pays indépendant ne doit pas devenir un simple épisode dans l’histoire, mensongèrement interprété et vite oublié. La Lybie est la démonstration vivante de ce que l’impérialisme réserve dans le futur au monde entier, la démonstration vivante du type d’issue à la crise globale que l’impérialisme veut imposer au monde. La Lybie doit devenir un épouvantail pour celui qui n’a pas envie de mettre volontairement sa tête sur le billot. Sous-estimer le bain de sang libyen est stupide et dangereux.
LE COMMENCEMENT DE LA DERNIERE BATAILLE
On ne va probablement pas exagérer si on qualifie les massacres en Lybie d’évènement le plus grand depuis la chute de l’URSS. A ce moment, l’impérialisme s’était débarrassé de son plus grand adversaire, celui qui pouvait—jusqu’en 1985, à la venue de Gorbatchev— intervenir parfois avec succès en faveur des peuples contre lesquels les USA et l’OTAN avaient préparé une intervention.
Ces dernières années s’est déroulée une préparation à des confrontations décisives. La Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak ont été liquidés sous le camouflage de la guerre contre le terrorisme international .L’impérialisme est parvenu à atteindre ses buts : instaurer dans le monde une atmosphère de peur et, par l’intermédiaire des médias privatisés, contrôler totalement l’opinion publique mondiale. L’infrastructure du théâtre de la guerre pour la solution finale -la domination de la planète Terre-, est prête. Dans la foulée du dernier conflit, l’impérialisme doit détruire encore les derniers foyers de résistance :la Syrie, l’Iran, le Venezuela et ses alliés en Amérique latine, la Chine et le démembrement de la Russie en tant qu’adversaire mortellement dangereux et potentiellement centre d’un ordre du monde alternatif.
La bataille a commencé. Pour l’impérialisme mondial, il n’y a pas eu de problème de s’unir pour attaquer la Lybie de six millions d’habitants. Ce faisant, la stratégie occidentale poursuivait plusieurs buts.
1. La démonstration de force : celui qui n’est pas d’accord avec nous, finira comme Kadhafi et son peuple. Nul recours aux institutions internationales ne sera d’aucun secours .A partir de maintenant ce qui prévaut c’est la loi du plus fort. L’ONU n’est qu’une marionnette de plus entre nos mains. Le 16 septembre 2011, la 66ème session de l’AG de l’ONU (entamée 3 jours auparavant) a décidé par 114 voix de changer le représentant de la Lybie indépendante par une délégation représentant le CNT. Bien que 193 Etats soient représentés à l’AG de l’ONU le communiqué officiel de cette organisation mentionne que seuls 17 Etats ont voté contre, 15 Etats se sont abstenus et 47 n’ont pas pris part au vote. La proposition de l’Union africaine et de l’ALBA a été rejetée.
2. Un banc d’essai pour les technologies de l’information les plus récentes. C’est en Lybie, tout particulièrement, qu’a été faite la démonstration à pleine échelle, de la capacité des nouveaux maîtres du monde d’instaurer et de maintenir le contrôle total de la conscience de la plus grande majorité de la population du monde. Il te suffit de contrôler les plus grands mass médias mondiaux et on peut supposer que tu as obtenir l’aval même pour le plus lourd des crimes. Le citoyen lambda ne va pas s’occuper à chercher des sources alternatives d’information, où il pourrait apprendre la vérité. Le système d’éducation et le système culturel qui vient de l’Occident et qui s’impose actuellement activement dans les PVD formate l’opinion par l’entremise des médias achetés. Des gens ainsi formatés vont facilement croire que les interventions totalement justes du point de vue moral et du point de vue du droit, des services de sécurité libyens contre les putschistes voleurs et assassins, sont des actes de répression inacceptables. Ils croient aveuglément à ce que racontent les animateurs et les journalistes de radio et de télé : les tapis de bombes déversées sur les villes libyennes servent à protéger la population civile de la dictature de Kadhafi. Naïfs et crédules ils rapportent les informations sur la fuite de Kadhafi et sa famille. Ils se laissent duper par les séquences télévisées faites de montages truqués montrant des victimes du sanguinaire dictateur, des montages qatari ou hindou en fait (dont les auteurs n’ont même pas pris la peine de retirer les drapeaux hindou, qatari ou autres..) D’ailleurs, peut-on distinguer sur ces séquences s’il ne s’agit pas des victimes des bombardements criminels des fous de l’OTAN et des putschistes dont la composante de base est formée par les éléments de l’organisation terroriste El Qaeda. Maintenant les masses dupées sont capables d’applaudir les représentants des Etats qui ont envoyé leur aviation de combat ( l’Angleterre, la France, l’Italie, la Norvège, le Qatar) bombarder la population civile, ses habitations et l’infrastructure développé d’un pays florissant, uniquement parce que des telespeakers ou des journalistes de la presse écrite les ont persuadés que Kadhafi est un criminel et qu’il faut la démocratie pour le peuple. L’Occident est parvenu à atteindre ce dont Mussolini, Franco, Hitler, Pinochet n’avaient pu que rêver seulement : faire des masses populaires, une foule guidée et docile, manipulable facilement et à souhait, se rangeant en faveur des aventures les plus cruelles de la classe dirigeante.
AUJOURD’HUI LA LYBIE, DEMAIN…

3. La vérification pratique des mécanismes de liquidation des gouvernements et régimes ennemis. Le putsch n’est pas seulement une révolte armée et une agression armée des USA de leurs alliés. C’est une intervention complexe, une nouvelle manière de liquider l’adversaire. Au commencement, les agents des services secrets et de renseignements étrangers provoquent des conflits ethniques, nationalitaires, confessionnels ou régionaux ; ils fomentent un putsch armé et oriente son action dans la direction souhaitée. Les médias occidentaux vont répandre dans le monde entier le mensonge sur le soulèvement populaire contre le régime répressif, vient ensuite, une étape de pressions et d’influence sur les gouvernements amis et laquais avec pour buts de bloquer toute tentation de dénoncer la violation des procédures démocratiques internationales, de les pousser à appuyer l’instauration de sanctions et le gel des avoirs des banques nationales et d’accepter les résolutions exigées du Conseil de sécurité de l’ONU. Ensuite, viendront, sous le prétexte de » la défense de la population pacifique », les attaques des missiles et le bombardement de l’infrastructure militaire et sociale, la chasse aux représentants du régime, on arme les révoltés et à leur tête émergent des instructeurs étrangers.

Dans le cas de la Lybie, parce que les révoltés étaient numériquement peu nombreux, on les a complétés par les éléments d’El Qaeda et des Talibans recrutés dans les provinces du nord de l’Afghanistan et au Pakistan. Vu que même tout cela n’a pas suffi pour renverser le régime on a directement engagé pour la prise de Tripoli, les forces du 22ème régiment des SAS britanniques, la 2ème division de la Légion étrangère française et les forces spéciales du Qatar, de Oman et de Jordanie qui ont directement débarqué dans le port de la capitale habillés et armés comme les rebelles .

Bien que le pouvoir légal et l’armée dirigée par Kadhafi ne se sont pas rendus jusqu’à présent, on ne peut pas supposer qu’ils pourront faire face à une force cent fois supérieure .Le pays va se transformer en colonie dépendante qui va être exploitée par les Transnationales .Adieu l’égalitarisme et le gouvernement populaire socialiste. Il est nécessaire de comprendre que le scénario appliqué en Lybie sera très prochainement réalisé dans d’autres pays du Proche et Moyen Orient. D’abord, en Syrie et en Iran, auxquels vont ensuite succéder l’Azerbaïdjan et les Etats d’Asie centrale post soviétiques Cela ne devrait pas constituer un problème dans l’Etat multinational de Syrie et en Iran touché par des conflits nationalitaires où l’Occident a depuis longtemps misé sur les minorités séparatistes kurdes et azerbaidjanaises.Il ne lui sera même pas compliqué d’opposer entre eux l’ensemble des hommes de religion chiites avec à leur tête l’Ayatollah Khamenei et le gouvernement séculaire du président Ahmadinejad. Au Venezuela dès maintenant est en train de s’opérer la concentration de l’opposition bourgeoise qui tente avec l’aide des USA et de l’UE d’empêcher la réélection de Hugo Chavez lors des élections de décembre de l’année prochaine. Et si ça ne marche pas, ils tenteront de prendre le pouvoir par un coup d’Etat à la manière des scénarios des révolutions colorées. L’Occident essaie également la déstabilisation télécommandée de la Biélorussie et de la RDP de Corée. Dans sa démarche envers la Chine, l’Occident table sur le nationalisme Ouigour et les conflits avec le Vietnam. Le coup le plus dur est préparé contre la Fédération de Russie, la plus grande réserve de valeurs naturelles, matérielles et spirituelles qui pourrait relever la tête et se dresser en travers de la route du criminel sanguinaire actuel comme elle l’a fait pour Hitler. L’instabilité dans les régions du Nord Caucase, tout comme les contradictions sociales brulantes peuvent devenir un amadou adéquat. Pour l’allumer, il suffit d’une petite étincelle de l’étranger. Après la Lybie sont en lice d’autres cultures et civilisations qui avaient conservé jusqu’à présent une certaine autonomie. Peuvent-elles de quelque façon se défendre ? Bien sûr que non. A l’Ouest, il y a trop de pouvoirs économiques et militaires que l’Occident a systématiquement accumulés tout le long du processus d’instauration de l’hégémonie mondiale. Cela s’est, en définitive, démontré dans le cas de la guerre contre la Lybie. Les partisans de la Djamahirya socialiste se battent depuis 6 mois contre la force largement supérieure des USA et de l’OTAN, équipée de la technique militaire la plus moderne. Mais sans alliés, ils ne peuvent pas vaincre. Mais est-ce que les gouvernements qui refusent le nouvel ordre mondial peuvent enfin s’unir et opposer une résistance ?
4. Vérifier cette réalité était un des buts principaux de l’Occident. L’analyse par le terrain qu’ils ont menée les a confortés. Ils se sont confortés dans le fait qu’ils peuvent agir de la même façon avec les autres Etats. La Lybie a été obligée de se battre seule. Le soutien moral du Venezuela, du Nicaragua et d’une série d’Etats africains qui n’ont pas les moyens matériels et militaires d’intervenir en sa faveur, ne l’a pas beaucoup aidée. Les Etats qui auraient pu éviter que le sang coule et empêcher l’agression, tels la Russie et la Chine ont préféré, dès le début adopter une attitude neutre et ensuite soutenir la réalisation des objectifs de l’Occident. Le président russe a répété le mensonge de l’Occident sur l’illégitimité du gouvernement Kadhafi et a appuyé la mise en place par l’Occident du « CNT ». De la même façon s’est comportée la Chine qui ne veut pas perturber ses relations avec l’Ouest. Tout comme les régimes arabes réactionnaires pour lesquels le régime libyen était trop à gauche. Les gouvernements progressistes des Etats indépendants devraient se pencher beaucoup plus sur la coopération mutuelle, de même que les Etats de gauche puissants. Dans les guerres ne se résout pas qu’une problématique localisée mais l’avenir de l’humanité entière. L’Occident a montré sur l’exemple libyen que tout opposant à lui doit s’attendre à sa destruction et à sa mort et la majorité travailleuse à l’esclavage.
SERGEJ KOZHEMIAKIN

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