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19 avril 2024

Sarkozy et Cameron en Libye : les dessous d’une visite par Fodé Keita


 

Sarkozy et Cameron en Libye : Les dessous d’une visite
Inter De Bamako, 27/09/2011
Après 7 mois consécutifs de bombardements sans répits, après les lâchages de tonnes d’armements aux rebelles libyens de Benghazi, après l’envoi massif d’instructeurs militaires aux côtés de ces rebelles, le monde entier a assisté à la visite éclair et inopinée du président de la France coloniale et du Premier ministre anglais à Tripoli et à Benghazi. C’était le jeudi 15 septembre 2011.

A Tripoli comme à Benghazi, Sarkozy et Cameron ont dit et répété qu’ils sont en Libye pour dire aux «jeunes de Libye» que la France et la Grande Bretagne se tiennent à leurs côtés. Que la France et la Grande Bretagne sont deux «amies de la Libye».

Le constat est donc, on ne peut plus clair : la France et l’Angleterre violent encore par cette visite le principe de non intervention dans les affaires intérieures des Etats contenu dans la charte de l’Organisation des Nations unies (ONU).

En fait, l’ONU, dans ce principe déclarait l’inadmissibilité de l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats, déclaration adoptée sur l’initiative de l’URSS. C’était en 1965. La même déclaration a été reprise à la demande des pays en développement en 1981. Il est bon de rappeler ici que les pays capitalistes, sous la responsabilité de leurs dirigeants, ont toujours foulé au pied ce principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats.

Le ministre français de la Colonisation, Jules Ferry, disait : «Rayonner sans agir, sans se mêler des affaires du monde pour une grande nation comme la France, c’est abdiquer». C’est dire qu’à ce jour, le pays de De Gaule, qui se prend pour le chantre de la démocratie, poursuit ce gage de la politique coloniale. Tel est d’ailleurs l’attitude du pays de l’Oncle Sam ; c’est-à-dire que les USA ne peuvent vivre et se développer qu’en agressant les petits Etats du monde.

Rappelons à cet effet que de 1946 à 1975, les Etats Unis ont recouru plus de 215 fois à leurs forces armées à des fins politiques, y compris pour effectuer des interventions armées et organiser l’occupation militaire de plusieurs Etats (Cuba, République dominicaine, Viet Nam, Corée, Grenade, etc.), pour s’ingérer dans les guerres civiles aux côtés des forces ou des régimes réactionnaires (Guatemala, Salvador) ou pour soutenir une agression d’Israël contre le Liban.

Les dirigeants capitalistes financent, arment et dirigent les activités de sabotage des bandes contre- révolutionnaires visant les Etats qui ont choisi la voie non capitaliste de développement. C’était le cas de Nicaragua, de l’Afghanistan, de l’Angola, du Kampuchéa démocratique. Aussi les USA déstabilisent la situation politique à l’intérieur des pays en vue de renverser les gouvernements qui poursuivent une politique extérieure indépendante (la Libye, l’Inde).

Que les USA, la France, la Grande Bretagne s’abattent avec rage et fureur sur le peuple laborieux de Libye, cela ne saurait donc être une surprise pour toutes celles et tous ceux qui ont appris à comprendre que pour les pays capitalistes, l’ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats et peuples est la norme de leur comportement quotidien sur l’arène internationale.

La visite inopinée de Sarkozy et de David Cameron en Libye s’inscrit dans le droit fil de leur attitude de toujours qui vise à fouler au pied le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette visite intervient à un moment où la bataille contre Kadhafi est plus que jamais loin d’être gagnée, comme en témoignent les lourdes pertes que l’armée gouvernementale ne cesse d’infliger aux rebelles- valets de l’Occident capitaliste ; mais aussi la haute sécurité qui a accompagné les deux bourreaux du peuple libyen est la preuve parlante qu’ils savent que la victoire finale ne sera pas la leur.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les dessous de cette fallacieuse visite sont inavouables et pour cause :

– D’abord, de plus en plus, de voix s’élèvent au sein des rebelles pour réclamer la charia comme principe juridictionnel de gestion des affaires de la Libye après la chute du Guide Kadhafi. Cela est d’autant surprenant et inquiétant pour les dirigeants sionistes français et britanniques que c’est la preuve que ce pays ne leur sera jamais abandonné.

– Mieux, Sarkozy et Cameron craignent sérieusement la montée en puissance en Libye de Al- Qaïda, toute chose qui présage l’insécurité chronique dans laquelle les Occidentaux pourraient se voir enfermés.

– D’autre part, il est de plus en plus clair que la guerre ne sera pas éclair comme l’auraient envisagée la France, la Grande Bretagne et les USA. Cela a un coût très élevé pour ces pays quand on sait que leurs économies se portent de plus en plus mal et courent vers une faillite inévitable.
– Sans être dans le secret des dieux, la visite de Sarkozy et de Cameron a un but avant tout pétrolier.
– Aussi, comme on le voit, plus la guerre dure dans le temps, plus il y a fissure dans les rangs de ceux qui ont pris les armes contre le peuple libyen.

– Plus la guerre dure, mieux les peuples français, britanniques et italiens se rendent à l’évidence que leurs dirigeants les affament en s’engageant dans une aventure sans issue honorable.
Les agresseurs du peuple libyen ont donc tout intérêt à aller encourager leurs marionnettes à Tripoli et à Benghazi et leur dire : que la guerre ne sera pas facile et que du coup ils doivent s’attendre à de lourdes pertes en vies humaines.

En clair, il s’agit certainement pour les deux visiteurs français et britanniques de dire aux membres influents du Comité national de transition (CNT) que la charia est une option très dangereuse et que les Occidentaux ne soutiennent nullement ce choix.

Mais aujourd’hui, ceux des Libyens et des étrangers qui ont pris sur eux la lourde responsabilité d’ouvrir le feu sur les paisibles populations de Libye, de larguer des bombes sur leurs habitats dignement construits se rendent à l’évidence que la Libye n’est pas à confondre avec la Tunisie et l’Egypte, encore moins le colonel Kadhafi à Zin Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak.

Sarkozy et Cameron ont fini par comprendre que les jeunes libyens qu’ils appellent de tous leurs vœux à l’unité ont bien compris qu’ils ne défendent ni de près ni de loin leurs intérêts à eux libyens. Ces jeunes ont compris qu’au-delà du mensonge politique, la France et la Grande Bretagne ne peuvent œuvrer pour le bien être de ceux là dont ils assassinent froidement les parents. Cela est d’autant évident que l’épervier ne peut œuvrer pour le bonheur des poussins de la basse cour.

A cette étape de l’évolution de l’agression américano franco- britannique contre le peuple laborieux de Libye, il convient de comprendre que les dirigeants occidentaux ne peuvent œuvrer que pour des intérêts individuels ; ils ne peuvent qu’encourager des ambitions personnelles et secteurs aux dépens de l’intérêt de la collectivité.

Dans un discours au Chili, Fidel Castro disait à ce sujet : «Il n’est pas facile d’éveiller les appétits, les instincts négatifs, l’égoïsme de l’homme. L’homme doit être éduqué. Nous disons en d’autres termes : le vice est spontané, la vertu elle, doit être cultivée dans la concurrence entre le socialisme et le capitalisme, le socialisme parle de sacrifice, d’austérité, d’éducation, de contrôle, tandis que l’impérialisme parle justement du contraire en encourageant chez les hommes les ambitions personnelles les plus démesurées… c’est-à-dire en essayant constamment de les corrompre.»

On peut tout simplement dire que les dessous de la visite inopinée de Nicolas Sarkozy et de David Cameron sont inavouables.

La seule certitude à ce jour, c’est que la France, la Grande Bretagne, les USA, l’Italie, bref tous les agresseurs de la Libye avec leurs valets libyens ont les mains tachées du sang du peuple laborieux de Libye et donc d’Afrique. Le combat continue pour la victoire finale du peuple libyen.
Il reste que les pays frontaliers organisent souverainement les appuis militaires au régime de Kadhafi. Mais cela ne semble pas à l’ordre du jour quand on sait qu’entre nos chefs d’Etat africains et ceux d’Occident capitaliste, il y a bien ce que les peuples ignorent. Que les intellectuels rabougris cessent d’appeler pro Kadhafi les femmes, les hommes et les enfants d’Afrique qui ont compris que la France, l’Angleterre, les USA et leurs collaborateurs se mêlent de ce qui les regarde nullement car personne n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres.

La France, qui a les mains souillées de boue, de sang et de honte, n’a de leçon de liberté à donner à personne, ni à aucun peuple, en tout cas pas d’Afrique ; la traite négrière, la colonisation, les guerres d’indépendance, précédées par les deux guerres mondiales qui ont dépeuplé l’Afrique, les guerres d’agression en Irak, en Afghanistan, en Libye sont entre autres des exemples attestant que la France, les USA, l’Angleterre et leurs suppôts euro- africains ont bien les mains ensanglantées du sang des peuples. Ces pays sont désormais convaincus qu’ils ne gagneront pas la guerre en Irak, en Afghanistan, en Libye.

Ce n’est là qu’une question de temps.
Fodé KEITA

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