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26 avril 2024

Qatar, l’émirat au double visage par Pascal Lorot


 

Qatar, l’émirat au double visage,

par Pascal Lorot

Qatar, l’émirat au double visage, par Pascal Lorot

IRIB- Le Qatar fait, aujourd’hui, main basse, sur le sport européen, voire, mondial. Après le récent rachat du « PSG », il vient d’acquérir, successivement, au bénéfice de sa chaîne Al-Jazira, les droits de la ligue 1 et ceux de la Champion League.

L’émir Hamad bin Khalifa Al-Thani avait, déjà, obtenu, parfois, dans des conditions jugées critiquables, par certains observateurs, l’organisation de manifestations de premier plan : Coupe du monde de football 2022, Mondiaux d’athlétisme 2017, Mondial de handball 2015… Sans compter des partenariats sportifs, qui confèrent à l’émirat une visibilité de premier plan, comme celui avec le Barça, en football, le Prix de l’Arc de Triomphe, en course hippique ou encore, le Tour de France, en cyclisme.

La clé de cette politique ? Payer plus cher que les autres. Il faut dire que le petit émirat (11.500 km2, soit, environ, la superficie de la Corse) en a les moyens. Troisième producteur mondial de gaz, après la Russie et l’Iran, doté, aussi de réserves colossales, ses revenus se chiffrent en milliards de dollars annuels. La « Qatar Investment Authority » (QIA), son fonds souverain, serait, lui, doté de quelque 700 milliards de dollars.

Le sport est devenu un moyen pour le Qatar, d’exister, sur la scène mondiale. Exister, c’est, pour Doha, se protéger, face aux ambitions régionales de ses puissants voisins iranien et saoudien, qui, à vrai dire, n’ont jamais admis l’existence, à leur porte, de ce micro-État péninsulaire doté de colossales ressources, en hydrocarbures. Le deuxième pilier de cette visibilité mondiale, indispensable à la survie de l’émirat et de sa famille régnante, repose sur les médias.

Avec Al-Jazira, Doha a fait une véritable OPA, sur l’information continue, en langues arabe et anglaise. Basée à Doha, la chaîne est, aujourd’hui, considérée comme une référence, en matière d’information audiovisuelle. Et elle n’est que la face la plus visible d’une myriade de facilités et de dispositifs, en matière de journalisme et de communication, qui vise à faire du Qatar, l’épicentre, à tout le moins, régional, du réseau de l’information mondiale. Cette diplomatie articulée autour du sport et de l’audiovisuel a fait ses preuves. Jusqu’à peu, considérée comme infréquentable, la famille Al-Thani voit, aujourd’hui, tous les responsables politiques et économiques occidentaux, au premier rang, desquels, nombre de leaders français, se transformer en courtisans. Il faut dire que l’émir est des plus généreux avec ceux qui se font ses zélateurs. Car, à force de largesses, on a tendance à oublier que l’émirat est tout sauf démocratique.

Nulle opposition, nulle presse libre. Al-Jazira est offensive, dans sa couverture de l’activité internationale, mais, jamais, la moindre critique n’est formulée sur le pays, qui l’accueille et la finance. Les parts d’ombre touchent, aussi, à la politique internationale. La très pro-occidentale Doha figure parmi les fidèles soutiens aux groupes islamistes les plus intransigeants.

Le double jeu actuel du Qatar, en Libye, qui dispense, généreusement, son aide financière aux factions les plus radicales, laisse perplexe. Enfin, que penser du rachat massif, par la famille Al-Thani, directement ou par le biais de ses véhicules d’investissements, de pans entiers de notre économie et de notre patrimoine culturel ? Lorsqu’un dirigeant africain se permet d’en faire le centième, on parle de “bien mal acquis”, et, là, avec le Qatar, rien. Le sentiment de malaise est encore plus fort, lorsque l’on sait qu’en août 2008, alors que la crise financière mondiale était déjà une réalité, le Parlement français a voté un statut fiscal dérogatoire permettant aux qataris et à leurs investissement d’être affranchis de toute fiscalité. Le contribuable qui, lui, ne bénéfice d’aucun privilège, appréciera. La realpolitik est une réalité de la vie internationale. En l’espèce, elle trouve là un beau champ d’expérimentation.

Tuni

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