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18 avril 2024

Le syndrome de l’indigène par Badis Guettaf


http://www.lejourdalgerie.com/Editions/170312/une/Lejour.htm
Le syndrome de l’indigène
Jeudi dernier, sur TV5 se produisait un individu qui parlait de l’Algérie et de démocratie. Il parlait de haut et disait que les candidats aux prochaines législatives étaient triés sur le volet, pour expliquer en quoi consistera la fraude. TV5 ne dit pas pourquoi l’opinion du monsieur pourrait constituer une information ou représenter un intérêt quelconque et il paraît qu’il commence à être couru des médias.
On apprend qu’il s’agit d’un ex-ministre algérien délégué du Trésor en 1990, qui vient, entre autres,  de s’apercevoir que l’interruption du processus électoral  «était une erreur». Aujourd’hui, il est homme d’affaires réussi en Suisse, qui prévoit un «printemps» très prochain pour le pays qui l’a fait ministre. Résumons-nous. Un bonhomme, bien à l’aise, où il se trouve, qui ne risque pas de venir souffrir des déficits du sous-développement, devenu Suisse, il vit beaucoup mieux que la majorité des Suisses, chez eux, a certainement un intérêt à fustiger son ex-employeur, l’Etat algérien.  Mais quel est l’intérêt ?
Comme il parle de «printemps» à des médias férus de «printemps», on peut estimer avoir trouvé une piste. La seule plausible, en dehors de celle qu’il représenterait un quelconque parti politique identifié, ce qui n’est pas le cas. La piste CNTiste, probablement, jusqu’à preuve du contraire. Car on a, désormais, l’habitude de voir ce type d’individu faire florès ex nihilo, comme on a pu le constater pour l’Irak, la Libye ou la Syrie. Le moment venu, il aura le curriculum vitae  qu’il faut. Car c’est la nouvelle procédure pour faire de la politique chez les ex-indigènes. Ceux qui luttent à l’intérieur de leur pays, au sein de leur peuple, ne comptent plus. Il faut désormais passer par un «agrément» et une «certification» en «exil», porté par les chaînes et organes de presse du comité de rédaction international unifié et obtenir une «représentativité»          qui n’aura nul besoin de passer par une légitimation populaire. La preuve est déjà faite. TV5 ne travaille pas dans l’inopiné et obéit, comme on le sait maintenant, à une grille très rigoureuse qui ne laisse rien passer qui ne puisse servir. Mais peut-être allons-nous trop vite en besogne et que le monsieur a d’autres intentions et qu’il s’est seulement laissé griser par la perspective d’une notoriété inespérée. Car, à sa décharge, le syndrome de l’indigène, étant très dur à exorciser pour certains, il n’a pas pu résister à cette soudaine reconnaissance et au fait de ne plus être un indigène comme les autres. Pour cela on ne peut pas lui reprocher, outre mesure, de se «mettre au service», de façon inconsciente, de la propagande contre son pays. Même si l’on sait qu’il sait qu’il n’aurait pas eu les mêmes égards, s’il n’avait pas que des attaques en règle calibrées sur le tempo de l’air du temps. Cela, fut-il l’opposant le plus radical.
Même si l’on sait qu’il sait qu’il ne doit d’être sollicité qu’à ce profil  de «bon Arabe», d’Arabe «pas comme les autres», d’Arabe «assimilable», d’Arabe qui «parle comme il faut». Il a d’ailleurs un physique qui lui permet de ne pas détonner, comme ses compatriotes, dans le paysage. Il doit en être fort aise.
Badis Guettaf

 

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