Le spectre de Gaddafi continue à hanter les esprits du monde capitaliste
1 août 2012
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Entrevue avec Eric Rouleau, journaliste et diplomate français Russia Today (canal arabe) a diffusé dimanche dernier une entrevue avec Eric Rouleau, diplomate et journaliste français (Le Monde), considéré comme un ami précoce de Gaddafi. Révélations et explications…
Malgré son éclipse à la suite d’une résistance de 41 ans contre près de 200 coups bas de l’impérialisme couronnés par un bombardement atlantiste de 7 mois du territoire libyen (2011)[1], le Guide de la Révolution libyenne continue à hanter les esprits dans le monde capitaliste… Gaddafi, pionnier moderne du dialogue interreligieux et de la paix universelle Récemment encore (mardi 24 juillet 2012), le canal anglais d’Al-JAZEERA International a diffusé un programme sur l’affaire Moussa SADR sur laquelle nous avons déjà publié une première et nécessaire mise au point en raison de la confusion internationale à ce sujet. En effet, le réseau de néo-désinformation VOLTAIRENET est allé jusqu’à titrer qu’en 1978, l’imam Moussa Sadr « a bien été victime de Mouammar Kadhafi »(sic). La « preuve définitive » serait un document vidéo de piètre qualité dans laquelle un homme vêtu d’un T-shirt arborant le drapeau aux couleurs du CNT/OTAN déclare avoir entendu Mouammar Al-GADDAFI donner l’ordre d’exécution [2 et 3]… Or, Al-Jazeera, pourtant connue pour sa mobilisation militaire intense et synergique avec l’OTAN dans ses menées contre la Libye et la Syrie, concluait son reportage en annonçant que les analyses d’ADN sur des restes humains -présentés gracieusement par le CNT/OTAN comme étant ceux de l’homme du clergé libanais- s’étaient révélées négatifs… Un tel acharnement contre Gaddafi reste révélateur des arrières pensées et autres « justifications morales a posteriori. En effet, après avoir hurlé avec les loups de l’OTAN pour une chasse à 1 seul homme qui s’est traduite par 100 000 victimes « collatérales »…, il faut, pour la crème « intellectuelle » et journalistique des métropoles capitalistes, sauver la face : en particulier, faire oublier les appels ouverts à « bombarder Gaddafi » (RUE89)[4], ceux plus hypocrites à « intervenir militairement »(Alain GRESH, Le Monde Diplomatique)[5], ou encore à rendre la guerre « désirable » (Ignacio RAMONET, Le Monde Diplomatique)[6]. Non moins révélateur du degré de délabrement moral, on constate que jamais, les prétendus « journalistes » ne rappellent la raison pour laquelle Moussa Sadr s’était rendu en Libye. Ce dernier, comme nombre de ses homologues de diverses nations, était invité à uncongrès international œcuménique pour le dialogue entre les religions. On découvre ainsi, encore une fois, que Gaddafi était un pionnier moderne du dialogue et de la paix dans le monde. La très grande majorité des Africains et Asiatiques en sont convaincus [7]. A son tour, le canal arabe de Russia Today (www.arabic.rt.com) a diffusé dimanche 29 juillet 2012 (21h30, heure de Tunis) une entrevue entre Khaled Ar-ROSHD et Eric ROULEAU depuis le domicile français de cet ancien journaliste au journal Le Monde (France), devenu par lasuite diplomate. Il a d’emblée affirmé que Gaddafi s’était lié d’amitié avec lui depuis son arrivé au pouvoir en Libye pour diverses raisons dont l’une étant que le journaliste est arabophone. Gaddafi, pas un « anti-communiste » mais un révolutionnaire critique Rouleau souligna que si le l’Egyptien Nasser se méfiait des Soviétiques, Gaddafi, considéré par le premier comme son dauphin, l’était encore davantage. Il serait allé jusqu’à affirmer qu’il était « anti-communiste » et qu’il considérait les Soviétiques comme des « colonisateurs ». Or, les propos de Gaddafi ont encore une fois été déformés puisqu’il ne s’est jamais exprimé de la sorte. Nous renvoyons à l’article écrit de sa main propre et intitulé : « Le communisme est-il mort ? ». Ce document majeur, d’essence libertaire, fut rédigé à la suite de l’effondrement de l’URSS dont la Jamahiriya libyenne fut l’un des derniers Etats à continuer à reconnaître la légitimité, y compris après la tentative échouée de reprise de contrôle ultérieure. Il commence par cette phrase ô combien tragique: “Nous ne pouvons pas dire que le communisme est mort car il n’a jamais vu le jour »[8]. Tout observateur objectif se rend ainsi compte que les analyses sommaires sur le Guide de la Révolution libyenne ont la vie dure alors que ce dernier est un être de nuances, peut-être parce que sa pensée unique est née dans le désert et qu’il fait partie de la race des poètes [9]. Qu’il parle de l’URSS ou de l’Europe, de l’Afrique ou des Amériques, ses analyses se sont toutes révélées exactes. La démocratie directe à l’épreuve du feu Le journaliste de Russia Today aborda la question de la présence militaire de l’armée de la Jamahiriya libyenne au Tchad. Or, François MITTERRAND, président de la république française de l’époque, après avoir été informé des liens cordiaux entre Gaddafi et Rouleau, envoya ce dernier en mission afin de proposer à Gaddafi de demander à l’armée libyenne de se retirer en échange de contrat d’armements avec des sociétés françaises. Le Guide de la Révolutioin aurait accepté en faisant savoir qu’il souhaitait rencontrer Mitterrand en France. Finalement, ils se rencontrèrent ailleurs, quoique non secrètement (en Grèce, apparemment). Rouleau révéla que finalement l’accord ne connut pas de suite parce que Gaddafi lui aurait révélé que les officiers de la Jamahiriya présents au Tchad lui auraient soumis une pétition dans laquelle ils conseillaient vivement de ne pas quitter le terrain. Le journaliste de la chaîne russe exprima alors son étonnement : comment, donc, Gaddafi, connu pour sa forte autorité, céda-t-il aux « pressions » de ses subalternes ? Rouleau ne répondit pas mais la réponse est en fait très simple. En effet, à l’instar des autres secteurs de la société jamahirienne, l’armée est partie prenante du peuple et vice-versa. Par ailleurs, dans un tel système de gouvernement où le peuple se gouverne par lui-même et pour lui-même (démocratie directe basée sur des Comités Populaires), Gaddafi n’est qu’un simple citoyen quand la volonté populaire s’exprime. Des exemples frappants ont été donnés dans un article précédent [10]. « La Libye, qu’on décrit comme une dictature militaire de Kadhafi est en réalité l’Etat le plus démocratique du monde »[11]. Aucune « dictature » au monde n’aurait pu résister, ne serait-ce qu’un seul mois, à un blocus total (économique, médiatique) et des bombardements continus d’une telle ampleur. Par conséquent, seule la nature originale du système de démocratie directe qu’est la Jamahiriya peut expliquer les exploits épiques sur le plan militaire [12 et 13]. Ce qu’en pensent les Tchadiens eux-mêmes « Le Président Sarkozy «chasseur des dictateurs» et «imposeur de démocratie» en Afrique, continue à soutenir militairement les tyrans criminels à l’instar de Déby au Tchad ou de déchoir le président légitime et insoumis de Côte d’ivoire Laurent Gbagbo par bombardements de son palais afin d’y installer y un nervi de la Françafrique, Alassane Ouattara »[7] « Des milliers de tchadiens, travailleurs immigrés vivant en Libye depuis plusieurs décennies, ont été massacrés par centaines par les renégats du CNT pour cause de leur peau noire. Les membres du CNCD qui font l’apologie des harkis de libyens de Benghazi se réjouiraient-ils de cette tragédie ? Ces mêmes membres du CNCD alliés des terroristes du CNT, n’hésitent pas à qualifier de « mercenaires » tchadiens nos compatriotes travailleurs immigrés. Ils les désignent ainsi à la vindicte populaire des rats enragés de Benghazi, approuvant de facto leurs massacres. Cette position est une complicité de crime avérée ! Pour notre parti, ACTUS/PRPE, nos compatriotes tchadiens et les autres africains maliens, nigériens, camerounais, somaliens, nigérians, sénégalais, burkinabés, centrafricains, congolais, soudanais, Djiboutiens, algériens, égyptiens, mauritaniens, tunisiens…qui ont combattu aux côtés des forces armées jamahiriyennes dirigées par le Guide Kadhafi, sont des héros. Ils ont accompli un devoir internationaliste en combattant les puissances impérialistes occidentales qui voudraient recoloniser la Libye. Confondre ces patriotes africains résistants à des « mercenaires », c’est faire preuve d’une vision à court terme de l’avenir de l’Afrique en le livrant aux prédateurs impérialistes. Ces braves africains tombés sur le champ d’honneur contre les envahisseurs venus de l’occident, méritent nos hommages appuyés. Ce sont des héros de la libération de notre continent. L’Afrique libérée, indépendante et reconnaissante honorera leur mémoire »[14]. Conclusion Finalement, Rouleau qualifia Gaddafi de « mégalomane » parce que ce dernier cherchait à unifier l’Afrique et parce que la Jamahiriya libyenne, dans les années 80, avait soutenu ouvertement les luttes des peuples d’Amérique Latine contre l’impérialisme nord-américain qui n’a rien perdu de son arrogance jusqu’à ce jour. Plutôt que de la « folie », n’était-ce pas de l’internationalisme réaliste, courageux et conséquent ? SOURCES CITEES 1. Séchez vos larmes et continuez la lutte, celui qu’on vous a montré n’était pas Mouammar Al-Kadhafi. Mathaba, 26 oct 2011http://www.mathaba.net/news/?x=629128 ;http://www.mathaba.net/news/?x=629132 (English) 2. Affaire Moussa Sadr. Kadhafi a bien été victime du « téléphone arabe » et iranien du Réseau Voltaire [The Moussa Sadr Case. Gaddafi Has Certainly Been the Victim of Voltaire Network’s Iranian and “Bush Telegraph”]. Les Pacifistes de Tunis, 12 fév. 2012 http://www.albared.org/node/266 3. En 1978, l’imam Moussa Sadr a bien été victime de Mouammar Kadhafi. 8 nov 2011. http://www.voltairenet.org/En-1978-l-imam-Moussa-Sadr-a-bien 4. Faut-il bombarder Kadhafi pour sauver les Libyens ? 24 févr. 2011 http://www.rue89.com/2011/02/24/faut-il-bombarder-kadhafi-pour-sauver-les-libyens-192133 5. Faut-il intervenir militairement en Libye? Par Alain Gresh ? 24 févr. 2011 http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Alain_Gresh.240211.htm 6. Libya: Illustrious corpses—the truth is always revolutionary. By Toni Solo, Sep 28, 2011 http://www.tortillaconsal.com/tortilla/node/9657 7. Déclaration et analyse d’ALAC sur l’assassinat du colonel Kadhafi par les impérialistes de l’OTAN et leurs supplétifs du CNT de Benghazi. Par Dr Ley-Ngardigal pour l’ALAC (African-Libyan Action Committee). In : C. De broeder & M. Lemaire. Témoignage de Libye. N°42, 1er déc. 2011 http://lavoixdelalibye.com/?p=2418 8. Muammar Qaddafi: Is communism truly dead? [Le communisme est-il vraiment mort?] 10 Apr 2012 http://www.mathaba.net/news/?x=630217 9. Kadhafi, le berger des Syrtes; pages d’éphéméride. Par Guy Georgy (ex-ambassadeur de France à Tripoli) : Flammarion, 1996, 317 pages. 10. Libye : Premières élections dimacratiques en 42 ans. Les Pacifistes de Tunis. 7 juillet 2012. http://www.mathaba.net/news/?x=630756 http://www.mathaba.net/news/?x=630759 (Englsh) 11. La démocratie directe, secret de l`efficacité de la résistance des peuples à l’impérialisme. Les Pacifistes de Tunis, 30 avril 2012 http://mathaba.net/news/?x=630325 http://www.mathaba.net/news/?x=630341 (English) 12. Libia : Fariseos y la destrucción de un pueblo. Por Jorge Capelán y Toni Solo. 22 de septiembre 2011 http://tortillaconsal.com/fariseos.html 13. Mahdi Nazemroaya on yet another « TNC » — this time in Algeria. By Dennis South, 13 Sep 2011. http://www.mathaba.net/news/?x=628634 “And do not fool yourself: It is not the Libyan Defense Forces that is the most powerful force fighting for Libya. It is the Jamahiriya that is the most powerful force, with the Libyan Defense Forces being one extension of the Jamahiriya. Military analysts, political theorists, and intelligence specialists are standing aghast, wondering how could a tiny–almost microscopic–country of 6,000,000 people, one-million of whom are refugees in Tunisia, withstand the power of the strongest military alliance in human history.” 14. Lettre de démission du Dr Ley-Ngardigal Djimadoum (ALAC (African-Libyan Action Committees) et de l’ACTUS/PRPE du CNCD (Action Tchadienne pour l’Unité et le Socialisme / Parti Révolutionnaire Populaire et Écologique), adressée aux Membres du Bureau du Conseil National pour le Changement et la Démocratie (CNCD). 21 janvier 2012.
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