Libye – Meurtre du général Abdel Fatah Younès : le CNT accusé
12 novembre 2012
Par Gilles Munier
Saura-t-on un jour qui a assassiné, fin août 2011, le général Abdel Fatah Younès, ancien n°2 du régime Kadhafi devenu chef militaire des rebelles de Benghazi ? Le général, convoqué par une soi-disant commission d’enquête pour être interrogé sur des « erreurs commises au front », avait été enlevé par les miliciens chargés de l’accompagner. Son corps torturé, criblé de balles, et en partie brûlé avait été ensuite retrouvé dans la banlieue de Benghazi.
A l’époque, les noms de Mustapha Abdeljalil (président du CNT), de Ali al-Essaoui (chargé des affaires internationales du CNT) et de Jalal al-Digheily (chargé de la Défense du CNT), étaient cités comme étant d’éventuels commanditaires du meurtre, ou tout du moins au courant de ce qui s’est réellement passé.
La France également accusée
Alors que Tripoli accusait l’Union des forces révolutionnaires, dirigée par Jalal al-Digheily, d’avoir assassiné le général, le CNT – par la voix de Ali Tarhouni, « ministre du pétrole » – désignait la Brigade Obaïda Ibn Jarrah, du nom d’un des compagnons du Prophète Muhammad, et en particulier un certain Ahmed Bukatala, d’être l’auteur du crime.
Une trentaine de personnes seraient impliquées dans l’assassinat. Le juge Jumaa al-Jazwi qui a signé la convocation du général Younès à Benghazi a été assassiné en juin dernier. Le chef de la Brigade Obaïda Ibn Jarrah, arrêté, se serait évadé. En quittant son poste, Mustapha Abdeljalil avait déclaré que les membres du CNT savent qui a assassiné Younès. En mai dernier, dans une vidéo diffusée par Libya News, organe de la Résistance Verte (kadhafiste), un rebelle soupçonné d’avoir tué le général se défendait, derrière les barreaux d’une cellule de prison, en affirmant que l’opération avait été montée à Paris avec le président du CNT (1). Qui croire ?
La tribu Al-Obeidi (400 000 membres dans l’est de la Libye) dont faisait partie Abdel Fatah Younès, est persuadée que des membres du CNT ont joué un rôle dans l’assassinat. Elle réclame un procès en bonne et due forme, et a menacé – si l’affaire est enterrée – de faire justice elle-même. Ce ne sont pas des paroles en l’air.
Mustapha Abbdeljalil a donc été convoqué par le tribunal militaire de Benghazi (2). Le procureur général va interroger toutes les personnes suspectées de complicité. Les auditions auront lieu le 20 février 2013.
(1) Vidéo en langue arabe : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=yFVBQRdMaxM
(2) Libya’s former leader grilled over murder
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