Selon le raciste Avigdor Lieberman, en Afrique du sud l’antisémitisme débouchera sur des pogroms
15 novembre 2013
Que les Sud-Africains de couleur (Noirs, Métis et Indiens) aient souffert, pendant plus d’un demi-siècle, sous un régime raciste le plus extrême, connu sous le nom d’apartheid, d’exploitation et de déni des droits les plus élémentaires n’empêche pas Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères d’Israël, de 2009 à 2012 et qui l’est redevenu récemment, de lancer des accusations indécentes d’antisémitisme – accusation la plus facile quand toutes les autres ne conviennent pas ! – à l’encontre du gouvernement sud-africain, accusations rejetées, et pour cause, par le Conseil des députés juifs d’Afrique du sud. En tant que Blancs, les Juifs d’Afrique du sud ont été les principaux bénéficiaires de ce régime honni : Percy Yutar fut le premier avocat général juif de ce pays et celui qui condamna Nelson Mandela à 27 ans de prison… (AFI-Flash).
Par Fatima Asmal (Mail § Guardian, 8-14 novembre 2013)
Le Board of Jewish Deputies (Conseil des députés juifs)d’Afrique du sud (SAJBD) a pris ses distances par rapport aux propos d’Avigdor Lieberman selon lequel le gouvernement sud-africain crée une atmosphère anti-israélienne et antisémite qui aboutira à des pogroms contre la minorité juive de ce pays.
Lors d’une réunion du Comité des relations internationales deCosatu (le plus grand syndicat d’Afrique du sud), le 8 novembre 2013, Maite Nkoana-Mashabane, ministre des Relations internationales, avait annoncé que le gouvernement entendait « ralentir et limiter les contacts au plus niveau » avec « le régime » israélien jusqu’à « ce que les choses s’améliorent », ajoutant qu’actuellement aucun ministre ne se rendait en Israël. Sur Facebook, Lieberman a aussitôt conseillé aux Juifs d’Afrique du sud de « quitter ce pays immédiatement avant qu’il ne soit trop tard ».
… Mais le Board a considéré ses propos sans fondement. « Bien que nous trouvions les commentaires de la ministre Mashabane malencontreux, nous ne croyons pas qu’ils exaspéreront un sentiment antisémite dans le pays. L’allusion d’Avigdor Lieberman que cela conduira à des pogroms en Afrique du sud est alarmiste et incendiaire ». La porte-parole du Board, Mary Kluk a indiqué que l’antisémitisme en Afrique du sud n’allait pas au-delà d’insultes verbales : « Le volume d’incidents antisémites dans ce pays montre, au cours des années, qu’il est bien moindre que dans de nombreux autres coins du monde. Le décrire comme un chaudron d’antisémitisme ne sert qu’à exacerber les émotions et à susciter une inutile paranoïa et rancœur. »……
Le directeur général-adjoint en charge de la diplomatie au ministère des Relations internationales et de la Coopération a précisé que si l’Afrique du sud soutenait une solution juste du conflit palestino-israélien, l’interaction politique et diplomatique entre l’Afrique du sud et Israël « était limitée, en raison de l’attitude antagoniste d’Israël vis-à-vis du processus de paix au Moyen-Orient et des violations du droit international concernant les droits des Palestiniens et leurs territoires ».
« L’Afrique du sud et Israël ont des relations bilatérales entières, certes froides pour le moment, dûes à l’obstination persistante d’Israël quant à ses obligations résultant du processus de paix au Moyen-Orient ». « L’Afrique du sud est totalement opposée au blocus affectant la bande de Gaza, l’impossibilité pour l’aide humanitaire de parvenir dans cette région, et en général, la situation humanitaire désastreuse que cette occupation a causée. L’Afrique du sud encourage aussi une solution juste sur le retour des réfugiés palestiniens. »… « L’Afrique du sud a, à plusieurs reprises, appelé Israël à abandonner ses plans de colonisation. La solution de deux Etats est continuellement menacée par l’activité de colonisation d’Israël en Cisjordanie, ce qui rendra difficile la séparation des deux peuples sur deux Etats ».
Par ailleurs, le Centre de traumatisme des Survivants de Torture et de Violence (Trauma Center for Survivors of Violence and Torture) a annoncé avoir mis fin au contrat avec G4S, suite à la campagne lancée par le BDS (Boycott, Divestment and Sanctions), pour sa mauvaise gestion de la prison de Mangaung à Bloemfontein.
Dans un communiqué, les membres de ce Centre se sont dits aussi concernés par les « sérieuses accusations de complicité de cette société dans l’incarcération illégale de Palestiniens et de tortures en Israël et dans les territoires occupés ».
Traduction et synthèse : Xavière Jardez
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