CENTRAFRIQUE. France: dans les méandres d’une intervention qui ne dit pas son nom
29 novembre 2013
CENTRAFRIQUE. France: dans les méandres d’une intervention qui ne dit pas son nom
Publié le nov 28, 2013 @ 12:53
Allain Jules
Après le coup d’Etat mené de main de maître par Michel Djotodia, appuyé par des milices islamistes, personne, mais vraiment personne n’avait songé à s’interroger comment ce pays, la République centrafricaine (RCA) pouvait sombrer aussi facilement alors que des militaires français sont positionnés depuis un « siècle », en Centrafrique. Neutralité ? C’est moins sûr. Partout où l’impérialisme fourre son nez, il y a des richesses à prendre et par conséquent, ce n’est surtout pas pour les beaux yeux des Centrafricains que Papa « Centrafrique » Hollande est prompt à s’y rendre. Mais, malin, il fait semblant de s’appuyer sur l’ONU, l’autre machin impérialiste qui ne broie toujours que les petites nations, pour, dit-il, sauver le pays d’un désastre à venir. Néanmoins, la « guerre humanitaire » n’existe pas…
En réalité, alors que tout le monde a laissé faire la rébellion de la Séléka, on ne parle plus que du manque d’Etat de droit ou d’Etat tout court, de risque de génocide etc. Mais, sait-on réellement les « qui » ont financé cette rebellion ? Parce que, pour faire un coup d’Etat il faut des moyens logistiques conséquents même si c’est en Centrafrique. Et, comme un seul homme, tout le monde est pour une intervention militaire sous chapitre 7 des Nations unies. Bien sûr, on ne le dira jamais assez, cette résolution pourra être violée à guise par l’ex puissance coloniale sans que la CPI ne lève son petit doigt ou que les chefs d’Etat africain l’ouvrent. Une doxa occidentale qui se perpétue en Afrique avec bonheur. Et oui, les expériences passées et récentes sont là pour le prouver.
La République centrafricaine est décrite dans les derniers reportages des médias « mainstream » comme une quantité négligeable où, la pauvreté est endémique et un désastre humanitaire. Or, malgré son enclavement, ce pays est bel et bien riche. Souvenez-vous des diamants de Jean-Bedel Bokassa qui avaient fait tomber l’ex président français Valery Giscard d’Estaing. D’où venaient-ils ? Mystère et boule de gomme. Le pays regorge d’une multitude de gisements aussi bien d’or que de diamant mais, ce n’est pas tout. Les enjeux énergétiques étant à la base de tous les derniers conflits mondiaux viennent ensuite nous montrer que, en Centrafrique, enfin, de l’uranium et du petrole ont été découverts. Tiens donc.
Depuis plus de 40 ans, la France exploite pratiquement à titre gracieux, les gisements d’uranium du Niger, laissant des miettes à ce pays qui croule toujours sous la pauvreté. D’où, des négociations en cours pour la revalorisation des prochains contrats miniers entre les deux pays. Or, vous avez beau écouter ou lire tout sur la Centrafrique dans les médias « mainsrtream », aucun ne vous parlera du gisement d’uranium de Bakouma, dans l’extrême-est du pays ( Préfecture de Mbomou ) plus gros gisement africain, estimé à 700 000 tonnes et miroité par qui vous savez: Areva. Tiens, ça vous en bouche un coin ? A titre de comparaison, accrochez-vous, les réserves nigeriennes (Niger) sont estimées, en termes de réserves d’uranium métal, à près 270 000 tonnes. Près de trois fois le Niger. Cherchez l’erreur. En 2007, le gouvernement centrafricain de Bozizé avait qualifié l’opération de rachat de la mine de Bakouma par Areva au producteur canadien d’uranium UraMin « d’irrégulière au regard des dispositions légales centrafricaines et des clauses contractuelles ».
Les richesses du sous-sol africain sont finalement une malédiction. Plus on en a, plus le pays est déstabilisé. Il est vrai que la République centrafricaine a connu, après les indépendances, plusieurs coups de force mais, jamais le pays n’était aussi prêt d’un chaos général. Hélas, il a fallu pour ça, que sois découvert aussi, du…pétrole, à la frontière avec le Tchad. Les convoitises françaises semblent se heurter aux chinoises et, Bozizé aurait payé le prix de cette « forfaiture » selon Paris, en se jetant dans les mains de Pékin. Quant au nouvel homme fort de Bangui (capitale centrafricaine), il aurait indiqué qu’il allait revoir intégralement les contrats signés avec la Chine par son prédécesseur. Alors, la question est de savoir si la logique du chaos profitera à la France qui envoie 1000 hommes de troupe supplémentaires, alors que la Chine n’a sur place, que des techniciens ? Qui profitera de ces millions de barils pétrole ? Certainement pas les Centrafricains.