La Libye flirte avec l’OTAN
14 février 2014
La Voix de la Russie
La Libye flirte avec l’OTAN
Par La Voix de la Russie | Des unités de l’armée libyenne sont et seront formées d’après les standards de l’OTAN en Europe et aux Etats-Unis, a récemment confirmé le premier ministre libyen par intérim Ali Zidan.
«A l’heure actuelle 5 000 stagiaires sont formés à l’étranger, sans compter les militaires envoyés récemment en Italie, en Turquie et en Grande-Bretagne. Ces officiers et sous-officiers suivent des stages au Pakistan, dans les pays du Golfe, au Maroc, en Algérie, en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d’autres pays du monde ».
Ali Zidan a ajouté en outre que la Libye enverrait plus de 400 hommes en Italie. La Turquie accueillera environ 3 000 stagiaires, la Grande-Bretagne commencera par 400 pour porter ensuite leur nombre à 2 000. Mais le plus grand nombre de Libyens sera formé par les Américains, l’été prochain, dans un centre d’entraînement de Bulgarie : environ 8 000 militaires libyens y suivront un stage d’entraînement de 4 mois.
Pour une Libye en effervescence, une armée moderne bien formée est l’unique et le principal garant de la sécurité et de la stabilité. L’activiste politique libyenne Nadia Jaaoda a déclaré dans un entretien au portail Madharebia que « à défaut de créer une armée, il n’existe pas d’espoir d’édifier un Etat».
Cependant il n’est plus possible de former des forces armées aptes au combat sur le territoire de la Libye. Depuis le début de cette année les affrontements entre les forces du gouvernement intérimaire, les islamistes et les partisans de Kadhafi se sont intensifiés en Libye. Les possibilités du gouvernement central de contrôler la situation se sont amenuisées. Ainsi le colonel Hassan al-Akouri a déclaré que le sud de la Libye était contrôlé par des tribus pro-Kadhafi. « Elles peuvent créer une région autogérée ou leur propre Etat et nommer à sa tête le fils de Kadhafi, Saadi. Cet Etat nouveau vendra le pétrole via les ports de Tripolitaine, et si les autorités s’y opposent, il coupera l’approvisionnement de la capitale en eau pour les faire plier ». Le 14 janvier dernier, le chef de la tribu Toubou Issa Mansour a rappelé dans un entretien à Paris Match la présence d’un autre adversaire dans le sud de la Libye : « Nous combattons Al-Qaïda. Ils veulent nous évincer pour occuper nos terres et contrôler les frontières avec le Tchad et le Niger ».
Les forces qui soutiennent le gouvernement intérimaire de Tripoli devraient, semble-t-il, s’unir pour faire face à la menace commune. Mais rien de tel n’a lieu. Un ancien commandant de rebelles a relevé que des hommes forts du gouvernement et du parlement « tentaient de former des unités militaires nouvelles sous des noms nouveaux, comme la garde nationale, pour disposer d’une force armée de dissuasion ». Il va de soi que tous les groupes opposés s’évertuent à créer des obstacles à la création d’une armée unie et forte. Frederic Wehrey, spécialiste de la Libye au sein de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, partage cette opinion. Selon lui, toute tentative faite par un lobby pour former une nouvelle structure militaire est perçue par les autres groupes d’influence comme une victoire de l’adversaire.
Même les moindres tentatives d’inverser la situation ont échoué. La petite base de formation d’une compagnie d’opérations spéciales créée l’été dernier aux environs de Tripoli a été fermée lorsque les combattants ont pillé ses arsenaux.
Aussi l’armée du pays dont les citoyens se battent entre eux pour des idées tout à fait différentes est-elle formée en Europe. Il est notoire que parmi les stagiaires il y a beaucoup d’anciens militaires de l’armée de Kadhafi.
Le programme de l’OTAN est appelé à intégrer des anciens révolutionnaires dans les forces armées en état de reconstruction. Mais des milliers de Libyens combattent actuellement les forces gouvernementales en Syrie. Le fait que l’Europe forme éventuellement les renforts pour les forces anti-gouvernementales libyennes n’est pas nié même par les militaires américains. La question reste de savoir si un stagiaire libyen formé d’après les standards de l’OTAN voudra exporter ses idées révolutionnaires en Europe. T
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