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19 avril 2024

Qui disait que la France était le pays des « droits de l’homme »?


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Politiques répressives pour accélérer la course à l’abîme !…

Un dramatique triptyque

Le 31 juillet 1977, parmi 60.000 citoyens qui manifestent contre la construction du surgénérateur « Super Phénix « à Creys-Malville (Isère), Vital MICHALON est tué par l’explosion d’une grenade offensive tirée par les forces de police.

6 Décembre 1986, après une manifestation étudiante contre le projet de réforme universitaire du Ministre délégué Alain DEVAQUET, Malek OUSSEKINE un étudiant, étranger à la manifestation qui rentrait chez lui est victime d’une grossière bavure policière et meurt sous les coups des « voltigeurs » de la police. Suite à ce malheur Alain DEVAQUET démissionnera.

Le 26 Octobre 2014, Rémi FRAISSE, un jeune militant écologiste de 21 ans a perdu la vie au Testet pour avoir protégé la terre. De fortes ressemblances avec la mort de Vital MICHALON à Creys-Malville, mais aujourd’hui, le Ministre Bernard CAZENEUVE ne démissionnera pas. Pire encore, immédiatement après la tragédie, avant même le début de l’enquête, en sa qualité de Ministre de l’intérieur il fait une déclaration choquante en prenant immédiatement la défense inconditionnelle des gendarmes et CRS, sans même un mot de compassion pour la famille de Rémi FRAISSE qui perdent un fils, mort à 21 ans dans des circonstances criminellement imbéciles.

 

Un choix délibéré de politique répressive

La tragédie qui a frappé la famille de Malek OUSSEKINE en 1986, bien que résultant d’une politique répressive violente, est à l’évidence du à une bavure de policiers racistes et xénophobes, si on se réfère aux témoins de l’époque et non à un ordre précis de leur hiérarchie de « frapper » en faisant la chasse au faciès et tuer leur fils. D’ailleurs le service des « voltigeurs » de la police, dont ce sont des fonctionnaires qui furent responsables de cet assassinat, sera supprimé ultérieurement à cette tragédie.

On ne peut pas en dire autant pour la tragédie du Testet, avec la mort de Rémi FRAISSE, qui résulte d’un choix politique répressif délibéré, car Rien n’autorisait l’utilisation de grenades offensives sur un terrain sans infrastructures ni biens à protéger, où d’ailleurs, les forces de l’ordre se sont montrées particulièrement agressives dès le début des manifestations, alors que ce n’était pas justifié. Dans ces conditions, l’ordre donné aux forces de l’ordre d’utiliser des grenades offensives relève d’une volonté potentielle de tuer. Dès le 6 Septembre 2014 Manuel VALLS se félicitait auprès de Xavier BEULIN, président de la FNSEA de n’avoir pas cédé aux opposants au barrage de Sivens et indiquait sa détermination à poursuivre ce chantier et à ne pas le laisser « aux casseurs ». Le même Xavier BEULIN qui tient des propos insultants et démesurés lorsqu’il déclare : « Si l’Etat revient sur cette décision (la construction du barrage de Sivens), c’est l’équilibre démocratique qui est menacé par des « djihadistes verts ». Un parallèle scandaleux, qui intervient au moment où la défense du projet de construction du barrage de Sivens, est de plus en plus décriée et de plus en plus mollement défendue par le gouvernement, Ségolène ROYAL ne déclare-t-elle pas : « Il y a eu « une erreur d’appréciation » dans la décision de construire le barrage de Sivens (Tarn) et « un tel ouvrage ne serait plus possible aujourd’hui »… Mais qui souligne au moins la détermination des opposants écologistes, y compris vis-à-vis d’autres projets, tels que Notre- Dame- des- Landes, la Ferme des 1000 vaches, O.L. Land, Center parcs en Isère etc.

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Dans le contexte de la mort de Rémi FRAISSE et d’une mobilisation accrue sur le site, voila que la FNSEA est prête à se transformer en commandos para- militaires pour suppléer, voire se substituer aux forces de l’ordre. c’est ce qu’annonce son Président qui n’hésite pas à employer la menace si la construction du barrage ne devait pas être menée à son terme : « Certains paysans attendent cette retenue d’eau depuis 15 ans. Ils sont restés calmé jusqu’à maintenant… Je n’ai qu’à lever le petit doigt pour mobiliser 3000 à 4000 agriculteurs sur le site « Après les affrontements entre opposants et policiers, il faut désormais s’attendre à une confrontation violente initiée par la FNSEA entre les partisans, à l’évidence soutenue par VALLS, contre des opposants pacifistes. Il est urgent de recadrer sérieusement et envisager des sanctions contre la FNSEA qui n’a rien d’un club sympathique de bons paysans qui veulent nourrir la France et l’humanité.

La mort de vital MICHALON lors de la manifestation du 31 juillet 1977 contre Super Phénix, victime lui aussi d’une grenade offensive était survenue dans un contexte d’affrontements mobilisant 60 000 manifestants sur un enjeu : la surrégénération qui s’avérera un pari stupide. Aujourd’hui Super Phénix de Creys-Malville est fermé, le Nucléaire fait toujours débat et le problème des terres arables, ainsi que la biodiversité sont des batailles fondamentales pour l’écologie.

Quelques rappels concernant le projet de barrage de SIVENS, véritable désastre écologique :

Le projet de barrage de SIVENS se situe dans le Nord-Ouest du Tarn (commune de Lisle sur Tarn, 10 km environ de Gaillac), sur la partie sauvage et préservée de la rivière Tescou. Ce barrage serait construit le long de la forêt de Sivens, en aval du lieu-dit de Barat, sur des Espaces Boisés Classés (EBC) et dans la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).

29 ha, soit 60% de l’emprise d’acquisition de la retenue (48 ha), sont boisés (friches, peupleraies, vergers de résineux, taillis…). Il ennoierait la zone humide du Testet, dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou, qualifiée par la DREAL comme faisant « partie des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité ».D’une capacité établie à 1,5 Millions de m3, ses mesures approximatives seraient : 1,5 Km de longueur, 230 m de large, 48 ha de surface d’emprise du projet, environ 4 m de profondeur à plein. La hauteur du mur au-dessus du terrain naturel serait de 12,8 m. Le Tescou, prend sa source à Castelnau de Montmiral, affluent de la rive droite du Tarn, long de 51 Km, il s’y jette au niveau de Montauban. Sur le bassin versant existent déjà, 185 retenues collinaires stockant 5,1 Millions de m3 et interceptant 1/3 des cours d’eau rejoignant le Tescou, sans compter les interruptions, les trous dans le Tescou pour pompage et les seuils qui stoppent l’eau (sur 1 km au pont de Mongaillard) : l’amont n’a aucun souci de l’aval.

Ce projet, datant d’environ 40 ans, est porté par le Conseil Général du Tarn, maître d’ouvrage, et par son maître d’ouvrage délégué, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG).Le soutien au débit d’étiage du Tescou est l’objectif prétendu d’intérêt général : 30 % du volume de la retenue pour le soutien au débitd’étiage (pour la dilution des pollutions). Le reste, 70 %, est destiné à l’irrigation de 309 ha. Le projet serait financé à 100 % par des fonds publics (8 400 000 euros HT pour l’investissement). Les financeurs prévus sont le maître d’ouvrage (le Conseil Général du Tarn pour 10%, le CG de Tarn-et-Garonne 10% également), l’Agence de l’Eau Adour- Garonne (50%) et l’Europe (30% via les fonds FEADER).

A noter le Rapport n° : 009953-01 d’expertise du projet de barrage de Sivens, dont un extrait ci-après met en évidence les réserves émises sur ce projet et qui a, sous la pression des opposants et du drame du Testet, conduit le Conseil Général du Tarn à suspendre les travaux : « Le choix d’un barrage en travers de la vallée a été privilégié sans réelle analyse des solutions alternatives possibles. Ceci est d’autant plus regrettable que le coût d’investissement rapporté au volume stocké est élevé.L’estimation des besoins a été établie sur des données anciennes et forfaitaires. Ces valeurs ont été inscrites dans le plan de gestion des étiages, établi en 2004, puis intégrées au protocole d’irrigation signé en 2011 entre les pouvoirs publics et la profession agricole. Ces valeurs ont constitué les bases de calcul du projet Repartant d’une analyse des volumes effectivement prélevés, la mission conclut à une surestimation des besoins de substitution de l’ordre de 35%. Elle propose de ramener le volume contractualisable de substitution de 726 000 à 448 000 m3. Le contenu de l’étude d’impact est considéré comme très moyen, au-delà de la stricte question des solutions alternatives. Par exemple, l’impact sur le régime hydraulique du cours d’eau en aval de la retenue est décrit assez sommairement » : ( http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/009953-01_rapport_cle22264d-1.pdf)

Mort pour alerter sur la course à l’abîme

Rémi FRAISSE est mort pour alerter la population sur la course à l’abîme, une course encouragée, aussi surprenant que cela puisse paraître, par la FNSEA et qui se traduit par l’artificialisation des terres arables avec l’effondrement de la biodiversité, problèmes fondamentaux de la crise écologique. Monsieur HOLLANDE, pas plus que Messieurs VALLS, CAZENEUVE et BEULIN de la FNSEA ne peuvent ignorer qu’entre 1960 et 2010 c’est plus de 7 millions d’hectares parmi les meilleures terres cultivables qui ont disparu sous le béton, l’asphalte des routes et des 5 000 km2 de parkings. En 1960 la France comptait un peu moins de 45 millions d’habitantscontre plus de 65 millions aujourd’hui qu’il faut nourrir (la population de la planète ayant plus que doublé). Au début des années 1960, 40% de la population Française est encore rurale, contre 13% en 2010 et l’on passe de plus de 2 millions d’exploitations Agricoles à 604 000. On voit se créer de plus en plus de grandes entreprises sociétales agricoles. Quand les plus petites exploitations agricoles disparaissent, celles qui subsistent augmentent en taille (de 45 ha à 55 ha en moyenne). La croissance démographique de la population Française, avec l’étalement urbain et péri urbain qui en découle, s’accompagne actuellement d’une perte des terres arables de 26 m2 par seconde, soit 224 hectares par jour et plus de 80 000 hectares par an…

La transition d’une société rurale à une société urbaine, avec des besoins énergétiques nouveaux et considérables, alors que le nombre d’exploitations agricoles diminue de façon drastique implique forcément de nouvelles formes d’agriculture intensive avec recours au OGM qui sont s’ailleurs réclamés par la FNSEA. C’est en suivant cette logique productiviste stupide que les partisans du projet de barrage à Sivens le justifient, bien qu’ils le trouvent surdimensionné par rapports à leurs prétendus besoins. Mais alors pourquoi un tel sur dimensionnement ? Et si EDF, non pour une production d’hydroélectricité, mais pour abonder le débit de la Garonne lors de l’étiage, en avait besoin pour permettre le refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech, n’est-ce pas là, au fond, la vraie raison de ce sur dimensionnement ?…

Il est impossible de poursuivre une telle politique de croissance destructrice des terres arables, suicidaire pour la survie alimentaire de notre pays. Aéroports, décharges, barrages, lignes à grande vitesse, fermes- usines, Notre Dames Des Landes, Sivens, O.L. Land, A45, Center parcs en Isère qui va détruire comme à Sivens des zones boisées et à Biotope unique, ou tant d’autres projets locaux aussi coûteux qu’inutiles, au bilan énergétique et de rejet de Gaz à effet de serre des plus désastreuxtémoignent de la cécité totale des socialistes au paradigme écologiste.

D’un monde à l’autre, La crise écologique s’installe définitivement

De 1900 à la fin des années 1950, les campagnes se dépeuplent très lentement et la mécanisation tarde à venir. Chevaux de traits, bœufs ou vaches restent la norme pour tracter les chars et les charrues pour travailler les champs. Même si les tracteurs commencent à faire leur apparition, une majorité de paysans vivent au rythme des saisons et d’un travail harassant. Ils ignorent, mais pour très peu de temps encore la société de consommation qui frappe de plus en plus fort à leurs portes et se fait de plus en plus alléchante avec la publicité et les crédits bancaires. C’est à partir du début des années 60, qu’apparaît progressivement l’agriculture moderne qui va sonner le glas de ce mode de vie dans les campagnes. L’accélération de la mécanisation va produire deux phénomènes : Un accroissement de la productivité, nécessitant des parcelles de plus en plus grandes, qui va entraîner la disparition des petits paysans les plus fragiles, leurs enfants ne voulant d’ailleurs pas vivre la vie difficile de leurs parents s’en vont à la ville… Vivre dans leur HLM, manger du poulet aux hormones… Comme le chante si bien Jean FERRAT avec « la montagne »… Les pouvoirs publics vont encourager et accompagner alors favorablement leur départ, où les usines les attendent, en construisant généralement à la périphérie des centre ville des concentration d’habitats sous forme successive de « tours » rectangulaires dénommée « ZUP » … Phénomène qui est accentué avec l’arrivée d’un million de rapatriés d’Algérie. En quelques décennies la France change de visage.

Aujourd’hui Fini les 30 glorieuses, fini le mythe de la croissance désormais impossible, fini l’économie traditionnelle, depuis la fin des années 70 c’est le monétarisme qui s’est imposé progressivement à l’ensemble des économies et se caractérise par l’abandon des politiques permettant aux états de mettre en place des règles fixes de contrôle et de régulation. Les Etats sont devenus volontairement impuissants, ils ont perdu leur droit d’émission de la monnaie au profit des banques centrales et privées. Les marchés financiers et les banques ont pris le gouvernail de l’économie. La bourse et les agences de notation privées dictent les politiques aux états qui ont capitulé. Ce n’est pas seulement le gouvernail de l’économie, mais le pouvoir politique et la direction des affaires internationales avec des guerres d’assujettissement à leur domination que les dirigeants des Banques ont pris, soit par la mise en place de « gouvernements techniques », soit des gouvernements dont les membres sont agréer par eux, car choisis via certains clubs très fermés. (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/qui-gouverne-reellement-135165).

A partir du début des années 1980, l’accélération de l’informatisation et la productique va également changer le rapport au travail.

Les caricatures du « dogme Socialiste ». Panégyrique pour l’un, violence d’Etat pour l’autre

Depuis des années, les gouvernements successifs ont décidé de criminaliser les mouvements de protestation qui osent dire qu’ils ne sont pas d’accord avec leurs choix libéraux et anti-écologiques. Se servant du défoulement de quelques pauvres crétins qui n’ont que faire du barrage de Sivens, ou de l’écologie et viennent simplement pour « se tabasser avec les flics », Les manifestants, selon VALLS, sont de plus en plus assimilés à des « dangereux casseurs, anarchistes », voulant détruire le socle démocratique. Seuls les agriculteurs de la FNSEA sont épargnés, alors qu’ils n’hésitent pas à se défouler de temps à autres par des dégradations des biens publics… Ces deux poids et deux mesures délégitiment, de fait, l’usage des forces de l’ordre, même lorsqu’elles sont indispensables. D’autant que le comportement du Premier Ministre transgresse, au moins dans l’esprit, l’article 1 de la constitution qui stipule, notamment : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens… »

Aujourd’hui, on peut dire que ce qui reste du dogme socialiste, c’est la caricature qu’en offre les VALLS, CAZENEUVE et autres hiérarques du PS, tel le Sénateur Maire de Lyon qui à l’instar du Président de la république et de toute la classe politique s’est particulièrement distingué par les panégyriques faits au PDG de TOTAL, après son décès dans un accident d’avion. Un exemple extrait de sa page Face Book : « Toujours en mouvement, militant inlassable du progrès, il développait une vision moderne de l’économie. Il croyait dans la puissance d’innovation de la France qu’il voulait libérer, et qu’il ne manquait jamais de promouvoir à l’étranger. »

Cette déclaration est pour le moins choquante, car oubliant au passage que si Mr De MARGERIE adorait le mouvement, c’est surtout celui des capitaux vers les paradis fiscaux. TOTAL qui ne paye pas d’impôts en France mais devrait recevoir un chèque de l’Etat de 80 millions d’euros au titre du « CICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi ». Un comble alors que le géant pétrolier, qui a dégagé un spectaculaire bénéfice net ajusté de 10,8 milliards d’euros au niveau mondial en 2013, n’a pas payé d’impôts sur les sociétés (IS) en France en 2012 et 2013, car ses activités dans l’Hexagone (raffinage, stations services…) y sont déficitaires … C’est proprement scandaleux ! Mais pas du tout nous explique -t- on parce que entre 2000 et 2011, L’entreprise a en effet versé 2,7 milliards d’euros d’IS entre 2000 et 2011, soit un montant de 225 millions par an, lorsqu’elle réalisait des bénéfices. Et de nous expliquer encore que TOTAL n’a pas perçu le Crédit d’impôt compétitivité emploi au titre de 2013, car il est déficitaire en France. Mais il a acquis une créance sur l’IS de 19 millions d’euros, à laquelle s’est ajoutée une autre créance, de 60 millions celle-ci, au titre du Crédit d’impôt recherche (CIR). Le pétrolier pourrait bien bel et bien toucher un chèque du fisc de près de 80 millions en 2017.

Pour TOTAL, un PDG encensé post-mortem, alors que quelques jours après c’est une politique répressive particulièrement violente contre des opposants à un projet destructeur d’un Biotope particulièrement riche et unique sur des Espaces Boisés Classés (EBC) dans une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou, qualifiée par la DREAL comme faisant « partie des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité. Une politique répressive qui fait une victime de 21 ans. Cette absence de conscience de la gravité de la crise écologique et de ses causes va laisser une trace indélébile à la Présidence de François HOLLANDE et la rendre inapte à faire face aux défis de notre temps, avec le risque amplifié de développement d’un climat de violences accrues.

 

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